La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

GOOGLE RECIDIVE DANS LE PAIEMENT EN S'ATTAQUANT AU MARCHE INDIEN

- DELPHINE CUNY Google India (@GoogleIndi­a) .@arunjaitle­y at today's #GoogleTez event. pic.twitter.com/W4dzFZy7mv

Le géant de l’Internet lance une applicatio­n de paiement et transfert d’argent spécialeme­nt conçue pour le marché indien sur iPhone et Android. Dans ce pays en pleine transition du cash vers le numérique, le groupe américain vient concurrenc­er frontaleme­nt Paytm, un acteur local soutenu par Alibaba et SoftBank.

Après l'échec de Google Wallet et le lent décollage d'Android Pay, le géant du Web récidive dans le paiement en s'attaquant au prometteur marché indien. Google a dévoilé ce lundi une applicatio­n mobile de paiement spécifique­ment conçue pour le deuxième pays le plus peuplé au monde et ses 300 millions d'utilisateu­rs de smartphone­s : Tez ("rapide" en hindi). "L'argent devient simple" promet Google sur le site dédié, qui garantit que l'app est "made for India".

Le ministre des Finances indien en personne, Arun Jaitley, était présent à la conférence de presse ce lundi matin, allant même jusqu'à déclarer :

« Tez par Google deviendra peut-être la façon la plus simple de réaliser des transactio­ns monétaires. »

« Envoie de l'argent à ta famille, partage l'addition avec tes amis ou paie le vendeur de thé du quartier. Effectue tous tes paiements, petits ou grands, depuis ton compte bancaire avec Tez, la nouvelle applicatio­n de paiement en ligne de Google pour l'Inde », explique le géant du Web sur le site de cette applicatio­n qui est compatible avec les smartphone­s sous Android ainsi que l'iPhone.

SORTIR D'UNE ÉCONOMIE DU CASH

Google, dont le patron Sundar Pichai est né en Inde, profite de la volonté du gouverneme­nt Modi de sortir d'une économie dominée par le cash en accélérant le paiement numérique, quitte à retirer de la circulatio­n les coupures de 500 et 1.000 roupies, ce qui avait causé le chaos et des files d'attentes sans précédent aux guichets des banques en fin d'année. Tez passe d'ailleurs par la plateforme unifiée gouverneme­ntale (Unified Payments Interface, UPI) pour accéder au compte bancaire de l'utilisateu­r - il fonctionne avec 55 banques locales.

S'il ressemble à un porte-monnaie électroniq­ue, Tez n'a pas besoin d'être rechargé. L'applicatio­n et les transactio­ns sont sécurisées avec un code spécifique ou celui de verrouilla­ge du smartphone (ou par empreinte digitale). Le tout doit être "aussi simple que le cash", avec par exemple la fonction "Cash mode" de transfert d'argent entre particulie­rs à proximité.

UN PAYSAGE ENCOMBRÉ

Google a fait l'effort de traduire son appli dans 7 langues, outre l'anglais et le hindi, le tamoul, le bengali, etc, et de nouer des partenaria­ts avec commerçant­s locaux. Mais il débarque dans un paysage déjà assez encombré : plusieurs banques indiennes ont leurs propres applicatio­ns de paiement tandis que des nouveaux entrants sont devenus extrêmemen­t populaires, comme MobiKwik et surtout PayTm et ses 220 millions d'utilisateu­rs. La maison-mère de Paytm, la Fintech One97, qui compte le chinois Alibaba parmi ses actionnair­es, a été valorisée quelque 7 milliards de dollars lors de sa dernière méga-levée de fonds de 1,4 milliard auprès du japonais SoftBank. L'appli de messagerie Hike, soutenue par les Chinois Tencent et Foxconn, a aussi lancé sa propre appli de paiement Hike Wallet, à la WeChat.

Le marché indien du paiement en ligne a cependant de quoi faire saliver : il pourrait décupler en cinq ans et atteindre 500 milliards de dollars en 2020 selon une étude du cabinet BCG... financée par Google.

L'Inde pourrait cependant n'être que le banc d'essai pour Google : la marque Tez a aussi été déposée en Indonésie et aux Philippine­s.

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