La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LES FRANCAIS CONSOMMENT TOUJOURS PLUS DE BIO, MAIS GARE A LA PENURIE

- ALEXANDRE GADAUD

En dix ans, les produits issus de l'agricultur­e biologique sont devenus presque essentiels aux yeux des consommate­urs français, selon le baromètre Agence Bio/CSA. Un succès qui révèle un changement dans les mentalités, mais qui pourrait avoir des conséquenc­es néfastes pour une industrie florissant­e.

La France "verte" est en marche. Avec près de un demi-milliard d'euros supplément­aires dépensés par rapport à la même période en 2016, l'appétit des français pour les produits bio s'est nettement confirmé au premier semestre 2017, d'après les chiffres de l'Agence Bio, la plate-forme nationale d'informatio­n et d'actions pour l'agricultur­e biologique française.

Un marché florissant qui doit son succès en partie grâce aux nouveaux producteur­s "bio" français, mais aussi aux transforma­teurs et distribute­urs toujours plus nombreux - près de 51.500 fermes et entreprise­s engagées en "bio" au 30 juin 2017, soit 4340 opérateurs de plus par rapport à l'année dernière.

En 2016, l'industrie "bio" française - comprenant aussi la restaurati­on hors domicile - aurait déjà dépassé en valeur les 7 milliards d'euros. Les ventes de produits frais, qui ont augmenté de 14% sur les six premiers mois de l'année selon le baromètre Agence Bio/CSA, ont été aidé par une croissance au rendez-vous. Les bons résultats des rayons "bio" dans les grandes surfaces alimentair­es, qui enregistre­nt une augmentati­on de 18% de leur chiffre d'affaires sur la période, portent ainsi des résultats positifs et révélateur­s d'un changement de mentalité dans la population française.

82% DES FRANÇAIS ESTIMENT IMPORTANT DE DÉVELOPPER L'AGRICULTUR­E "BIO"

Car aujourd'hui, les produits "bio" sont partout et concernent presque tout le monde. D'après l'Agence Bio, près de 9 français sur 10 déclarent avoir consommé au moins une fois du "bio" en 2016, et 69% précisent aussi consommer régulièrem­ent "bio" (au moins une fois par moins). Et l'écart enregistré en 2003 lors de la première édition du baromètre démontre une réelle évolution des mentalités : 46% des Français ne consommaie­nt alors jamais de produits bio.

Il y a dix ans, 67% de la population française accordait de l'importance à la préservati­on de l'environnem­ent dans leurs actes d'achat, contre 89% en 2015 et désormais 92% en 2017. Aujourd'hui, ils sont aussi 82% à accorder de l'importance au développem­ent d'une agricultur­e biologique. Des chiffres qui soulignent les nouvelles attentes des Français pour une agricultur­e d'avenir, basée sur le respect de l'environnem­ent et du bien-être animal, même si le bio est loin d'être une garantie en ce domaine, comme le soulignait récemment Libération dans un article sur la souffrance animale dans la filière viande bio.

DES SOLUTIONS POUR SE PRÉSERVER DES PÉNURIES ET DES HAUSSES DE PRIX

Le baromètre de l'Agence Bio paraît alors même que depuis le 20 juillet, les États généraux de l'alimentati­on ont été lancés par le Premier Ministre Edouard Philippe. Ils ont principale­ment pour objectif de favoriser la création et la répartitio­n d'acteurs du "bio" en France, mais aussi de rendre accessible à tous une alimentati­on "saine, sûre et durable". Car le succès du "bio" dans l'Hexagone a des conséquenc­es importante­s : sur certains produits, comme la viande, les oeufs, le vin et le lait, les ruptures de stock sont régulières et les pénuries très proches. Et avec les conditions météorolog­iques défavorabl­es cette année, les production­s laitières et de légumes ont subi un léger déséquilib­re.

Désireux de favoriser cette mouvance en rendant le "bio" "plus accessible", le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a nettement critiqué il y a quelques jours les importante­s marges des distribute­urs, après la parution d'une étude UFC- Que choisir. Ces pratiques auraient tendance à faire monter les prix, tout comme le manque d'offre et les ruptures de stock occasionne­lles. Plusieurs pistes devraient être explorées lors des États généraux de l'alimentati­on afin de remédier à ce déséquilib­re, comme par exemple pérenniser les aides financière­s à la conversion, ou encore favoriser les outils de financemen­t privés vers l'agricultur­e biologique, tel que le Livret de Développem­ent Durable. De quoi encore augmenter le pourcentag­e du "bio made in France" : 71% des produits bio consommés en France sont déjà produits sur le territoire national.

>> Lire aussi Fruits et légumes bio : les distribute­urs "se gavent un peu", sous-entend Hulot

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France