La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
LE RESEAU D'AUTOSTOP REZO POUCE LANCE SON APPLICATION MOBILE
Lancé en 2010 dans le Tarn-et-Garonne, le réseau d'autostop Rezo Pouce a conquis depuis près d'un millier de communes françaises. Avec le lancement de son application mobile, la coopérative espère encore davantage développer l'autostop dans les zones rurales ou périurbaines, mal desservies en transports en commun.
"15 millions de personnes vivent en France en zone rurale et personne ne se préoccupe de leurs déplacements", s'exclame Alain Jean, fondateur de Rezo Pouce. Cet ancien conseiller municipal à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne a créé un réseau d'autostop pour faciliter les petits trajets à la campagne ou dans les zones périurbaines. Lancé en 2010, le réseau est aujourd'hui déployé sur 600 communes en France (un millier si l'on prend en compte celles qui sont en train d'installer le système).
Le principe est simple : après s'être inscrit gratuitement sur le réseau, l'autostoppeur se rend vers l'un des arrêts "sur le pouce", signalés par un panneau au bord de la route lui permettant d'être pris en voiture par un conducteur également membre du réseau. Malgré ce processus artisanal, le succès est au rendez-vous : "La moitié des autostoppeurs attendent moins de 5 minutes à l'arrêt avant d'être pris en charge et 90% moins de 10 minutes", relève Alain Jean. Le service est entièrement gratuit et est surtout utilisé sur de courts trajets de quelques kilomètres. Ce sont les collectivités qui financent le déploiement des arrêts sur le pouce sous forme d'un abonnement à Rezo Pouce (par exemple 3000 euros l'année pour une petite communes ).
Pour accélérer le développement du réseau, Rezo Pouce lance en ce mois de septembre une application mobile. Désormais, l'autostoppeur peut y visualiser tous les arrêts sur pouce situés à proximité et l'itinéraire pour rejoindre l'arrêt grâce à la géocalisation. Une fois arrivé à l'arrêt il indique sa destination. Un conducteur qui se connecte à l'application voit les autostoppeurs qui vont dans la même directeur et peut leur proposer de les prendre à un arrêt sur le pouce. L'autostoppeur a trois minutes pour accepter la proposition depuis l'application.
Comme sur Blablacar, automobiliste et autostoppeur ont chacun leur profil. "Vous pouvez mois sur mon profil mon numéro de téléphone, que j'ai déjà fait 60 déplacements via Rezo Pouce et que j'ai une note de 5 pouces", décrit Bénédicte Rozes, chargée de mission au sein de la coopérative. Carte des arrêts sur le pouce et profil d'un autostoppeur (Capture écran Rezo Pouce).
Grâce à ce nouvel outil numérique, Rezo Pouce espère attirer davantage de jeunes sur le réseau. "L'application peut répondre aux besoins des étudiants qui n'ont pas de moyen de locomotion", estime le créateur du réseau d'autostop. Mais la demande va bien au-delà. "Les personnes âgées sont aussi dans cette situation et plus généralement tous ceux qui n'ont pas de véhicule. Il faut savoir que 15 à 20% des foyers n'ont pas de véhicule et la moitié des foyers ont un seul véhicule", poursuit-il.
Association devenue en 2015 une coopérative (Scic), Rezo Pouce se porte bien. "Nous ne sommes pas un service commercial et en tant que coopérative, notre but n'est pas ne tripler notre chiffre d'affaires pour accroître les bénéfices. Mais il se trouve nous avons atteint l'année dernière notre objectif qui était de 300 000 euros de chiffre d'affaires", expose Alain Jean. Rezo pouce emploie 7 personnes. Elle a aussi permis de créer des emplois indirects dans les municipalités qui déploient les arrêts sur le pouce. La coopérative estime qu'une douzaine d'emplois d'agents de mobilité ont ainsi été créés, plusieurs dizaines d'autres ont été pérennisés. Le partenariat signé en janvier 2016 avec Transdev, multinationale des transports publics a permis aussi d'apporter 15 000 euros de capital et 200 000 euros d'investissements, notamment pour financer la création de l'application.