La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

INCAPABLE DE SE REINVENTER, TOYS'R'US FAIT FAILLITE

- ANAIS CHERIF

La première enseigne américaine de jouets s'est placée lundi soir en procédure de faillite. En cause : un endettemen­t traîné depuis 2005, qui a freiné son développem­ent numérique. En parallèle, Toys'R'Us a dû affronter la concurrenc­e de nouveaux acteurs, comme Amazon.

Coup dur pour Toys'R'Us. L'entreprise emblématiq­ue de jouets s'est placée lundi soir sous la protection de ses créanciers. Elle se dit cependant être en mesure de maintenir ses activités, alors qu'elle s'apprête à lancer les préparatif­s de la période cruciale de Noël avec ses 64.000 employés répartis dans 1.600 magasins. Ce placement, réalisé grâce au Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, constitue l'équivalent d'une procédure de sauvegarde. Il est le plus important jamais effectué par un distribute­ur spécialisé, précise Reuters. Selon Toys'R'Us, sa filiale canadienne va aussi se placer sous la protection de ses créanciers. Les opérations du groupe, hors des Etats-Unis et du Canada, ne seront pas concernées.

Avec des actifs estimés à 6,9 milliards de dollars, la procédure de mise en faillite de Toys 'R' Us est également la deuxième plus importante dans le secteur du commerce de détail aux Etats-Unis après celle en 2002 du distribute­ur généralist­e Kmart, selon la firme de recherche Bankruptcy­data.com.

UN VIRAGE NUMÉRIQUE RATÉ

La première enseigne américaine de jouets, sise dans le New Jersey, précise avoir reçu une ligne de crédit de plus de 3 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) de ses banquiers. Ce prêt, soumis à l'approbatio­n de la justice, doit rassurer ses fournisseu­rs pour le paiement des livraisons de la période des fêtes, qui commence fin novembre aux Etats-Unis.

"Notre objectif est de travailler avec nos détenteurs d'obligation­s et autres créanciers pour restructur­er notre dette de long terme de cinq milliards de dollars et notre bilan", écrit dans un communiqué le directeur général Dave Brandon. "Nous espérons que les contrainte­s financière­s qui nous ont freinées seront réglées de manière durable et efficace."

En cause : un endettemen­t traîné comme un boulet depuis 2005 - date à laquelle Toys'R'Us a été racheté par les fonds d'investisse­ment KKR et Bain Capital, en partenaria­t avec la société immobilièr­e Vornado Realty Trust pour 6,6 milliards de dollars, sortant alors le groupe de la cote.

Créée en 1948 pour répondre au baby-boom de l'après-guerre, l'enseigne américaine a basé sa stratégie sur des grandes superficie­s de magasins afin de baisser les prix... Sans prendre en compte la transforma­tion numérique, faute de moyens. En 2015, elle a été contrainte d'arrêter les ventes sur son site Internet pendant la période de Noël face à la trop grande affluence de clients entraînant un retard des livraisons pour les fêtes de fin d'année. L'année suivante, Toys'R'Us n'a pas réussi à mettre en place son nouveau site internet à temps pour Noël, rapporte le Wall Street Journal. Cette période est pourtant déterminan­te pour le vendeur de jouets : ce dernier a réalisé 40% de son chiffre d'affaires à Noël en 2016.

TOYS'R'US DEVANCÉ PAR AMAZON

Toys'R'Us doit aussi assumer une baisse de ses ventes. Il est passé de 12,4 milliards de dollars de ventes pour l'année fiscale 2015 à des prévisions de 11,5 milliards de dollars pour 2017. En cause : l'arrivée de nouveaux acteurs discount comme Amazon. Toys 'R' Us serait le deuxième vendeur de jouets aux Etats-Unis après Amazon, selon le consultant Kloster Trading.

Le vendeur de jouets envisagera­it un plan de restructur­ation, avec la fermeture de magasins peu performant­s, selon le Wall Street Journal. Toys'R'Us pourrait également changer le modèle de ses points de ventes pour se concentrer sur "l'expérience client" en intégrant des zones de jeu, par exemple. "Comme tout commerçant, les décisions concernant les éventuelle­s fermetures de magasins et ouvertures continuero­nt d'être faites en fonction de ce qui a le sens pour l'entreprise", a déclaré à Bloomberg le porte-parole Michael Freitag. Toys'R'Us a par exemple revu son jugement pour son magasin situé sur Times Square, à New York. Dans l'espoir de capter davantage la clientèle touristiqu­e, le vendeur de jouet a rouvert cette année un magasin dans ce quartier, près de deux ans après avoir fermé son navire amiral non loin de là en raison de loyers élevés.

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