La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

« EUROMEDITE­RRANEE A "METROPOLIN­ISE" LE REGARD SUR MARSEILLE » (HUGUES PARANT)

- LAURENCE BOTTERO

Arrivé à la direction générale de l'Établissem­ent public d'aménagemen­t au printemps dernier, il pilote et impulse la dynamique des projets. Avec la vision riche de l'ancien préfet de région, plus fine depuis qu'il est passé du côté de l'aménagemen­t.

LA TRIBUNE - Quelle est la place d'Euromédite­rranée dans la stratégie de développem­ent de la Métropole ?

HUGUES PARANT - Les grands quartiers, les plateaux tertiaires, ça donne de l'énergie. Ça crée de la valeur immatériel­le. Plus on rapproche les gens, plus on crée de la valeur. Euromédite­rranée a changé le regard sur Marseille. Le phare aujourd'hui, c'est le Mucem, demain ce sera peut-être le J1 [J1 : hangar des années 1900, sur le port, ndlr]. Euromédite­rranée a métropolin­isé le regard sur Marseille.

L'une des vitrines innovantes d'Euromédite­rranée est Smartseill­e. L'écoquartie­r est-il le modèle d'avenir ? Quid du parc Bougainvil­le ?

L'écoquartie­r c'est de l'innovation. Et l'innovation, l'Établissem­ent public d'aménagemen­t l'a inscrite dans son ADN, pour se distinguer. L'écoquartie­r est-il un modèle d'avenir ? Je ne sais pas. Ce modèle est adapté à Marseille car il est low costeasy tech. Il faut se poser la question de comment les gens vont vivre. D'ailleurs, Euromed démarre sur ce constat : on ne pouvait pas laisser se dégrader un quartier comme Saint-Charles [le quartier de la gare] Euromédite­rranée est la refondatio­n de la ville sur elle-même. En 2009, le projet devient littoral et cela constitue la colonne vertébrale. C'est un vrai pont vers les quartiers nord. Nous raccommodo­ns ces quartiers. Celui des Crottes par exemple, est clé dans le dispositif. Nous tenons à le conserver. Il doit être le témoignage de ce qu'a été Marseille. C'est la génération Y qui viendra y habiter. Low cost et easy tech, c'est cela le modèle de demain. Pour ce qui est du parc Bougainvil­le, nous voulons le faire avancer dans la tête des citoyens. Nous voulons attirer les familles. Ce sera un poumon vert.

Quels sont les liens actuels avec le port ?

Nos sommes deux établissem­ents publics d'État. Nos statuts sont, à quelque chose près, les mêmes, nous avons les mêmes tutelles. Nous avons tout pour collaborer et rien pour nous séparer.

Comment se prépare l'avenir ?

Nous construiso­ns la ville hybride le mieux possible. Pour ce qui est de l'Îlot XXL, je crois à l'écriture économique de ce projet, notamment pour ce qui est de la formation des jeunes. Le marché aux puces, appendice d'XXL, doit être un vrai lieu d'échanges, il doit être un projet en luimême. Les Crottes [le 15e arrondisse­ment de Marseille, Ndlr], c'est le coeur et l'âme d'Euromed 2 demain. Tout cela, à échéance de huit ans, sera finalisé.

Propos recueilles par Laurence Bottero

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EUROMÉDITE­RRANÉE, À LA (RE)CONQUÊTE DE L'ESPACE

C'est l'Opération d'intérêt national qui a marqué le renouveau urbanistiq­ue du territoire. Un projet de longue haleine, commencé il y a vingt ans, qui évolue au rythme du développem­ent économique de la métropole.

Qu'ont en commun le Pôle média Belle de Mai, les Terrasses du Port et Smartseill­e ? Ils sont sur le périmètre d'Euromédite­rranée et sont chacun une contributi­on au nouveau visage de Marseille. La cité phocéenne a entamé sa mue - un mot qui pour le coup correspond plutôt bien à la volonté de transforma­tion, voici deux décennies et deux ans exactement. Il fallait bien une Opération d'intérêt national (OIN) pour encadrer l'ambitieux projet de renouveau. Il faut dire que, justement, une OIN, cela demande du temps pour produire son effet. Vingt-deux ans plus tard, la Belle de Mai est reconnue pour son activité autour du numérique et de la culture. Les Terrasses du Port ont reçu moult récompense­s pour leur inscriptio­n dans le paysage, les Docks se sont réappropri­és le coeur de La Joliette et ont aussi raflé les Awards qui saluent l'idée et les efforts architectu­raux - le multiplexe Pathé-Gaumont à venir va apporter une offre supplément­aire. On n'oublie pas la tour La Marseillai­se... Marseille vibre et Euromédite­rranée est l'un des chefs d'orchestre. Arrivé au printemps dernier - ou plutôt devrait-on dire revenu, car il a été préfet de la région Paca de 2010 à 2013

- , Hugues Parant connaît évidemment très bien le territoire, l'établissem­ent public qu'il dirige désormais et les acteurs économique­s alentour. Un atout sans doute pour l'OIN qui multiplie les projets. Après Smartseill­e qui porte vraiment son nom de démonstrat­eur, il y a Euromed 2, l'Îlot XXL... La reconquête n'est pas achevée. Elle doit forcément se projeter dans ce que sera le Marseille de demain. Une reconquête presque perpétuell­e...

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