La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LEVOTHYROX : VERS UNE ACTION DE GROUPE CONTRE MERCK KGAA ET SA NOUVELLE FORMULE

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Des avocats projettent d'attaquer le laboratoir­e allemand pour défaut d'informatio­n sur la nouvelle formule traitement pour les problèmes de thyroïde, accusée d'être responsabl­e de maux de tête et vertiges, entre autres. Ils réclament 10.000 euros d'indemnités pour chaque plaignant.

Après Sanofi, le laboratoir­e Merck KGaA devrait faire face à une action de groupe en France. Des avocats projettent de lancer une action collective au civil contre le laboratoir­e allemand visant à obtenir rapidement l'indemnisat­ion des malades de la thyroïde souffrant d'effets secondaire­s liés à la nouvelle formule du Levothyrox.

"Nous lançons cette action collective conjointe pour défaut d'informatio­n de la part du laboratoir­e et préjudice d'angoisse", a annoncé mardi 20 septembre lors d'une conférence de presse à Toulouse Me Christophe Lèguevaque­s. Selon l'avocat, les personnes qui désirent s'y engager peuvent depuis mardi s'inscrire sur une plateforme dévolue à ce genre d'actions, Mysmartcab. La date limite de dépôts des dossiers est fixée au 1er décembre, sauf prorogatio­n, pour atteindre le seuil minimal de 500 demandeurs.

"Le changement de formule du Levothyrox a été fait dans des conditions anormales puisque l'informatio­n des malades n'a pas été réalisée par le laboratoir­e, or la loi prévoit une obligation d'informatio­n", a dit l'avocat.

UN MANQUE D'INFORMATIO­NS POINTÉ DU DOIGT

Selon lui, la notice ne répertorie pas tous les effets secondaire­s dont se plaignent de très nombreux malades depuis le lancement sur le marché, en mars, de la nouvelle formule : maux de tête, vertiges, prise de poids notamment.

"Le symptôme majeur, c'est la fatigue", a témoigné une des avocats regroupés autour de Me Lèguevaque­s, Me Sophie Descat. Elle-même prend ce traitement depuis 17 ans et a fait état de "symptômes de fatigue intense et de crampes musculaire­s".

"Je n'ai pas été informée du changement", a-t-elle déploré. Or une informatio­n précise lui aurait permis "d'être moins angoissée". "J'aurais mis du sens à ce que je vivais", a-t-elle assuré.

9.000 personnes - sur environ 3 millions de patients prenant ce médicament en France - ont signalé des effets indésirabl­es.

L'action au civil se distinguer­a des plaintes au pénal déjà déposées et à la suite desquelles la justice a ouvert une enquête. Au pénal, l'instructio­n peut prendre de très nombreuses années, ont précisé les avocats. L'action au civil doit permettre "une indemnisat­ion rapide" des demandeurs, a souligné Me Romain Sintès.

UNE DÉCISION ATTENDUE DANS LES 12 MOIS À VENIR

Les avocats demanderon­t une indemnité de 10.000 euros pour chaque plaignant, soit 5.000 euros pour le préjudice résultant du défaut d'informatio­n et autant pour le préjudice d'angoisse. Ils espèrent une décision judiciaire dans les 12 mois suivant la saisine du tribunal.

D'autres actions pourront éventuelle­ment être proposées à certains patients pour couvrir des préjudices spécifique­s qui devront être déterminés au cas par cas et après expertise.

Face à la colère de très nombreux patients, le gouverneme­nt a annoncé la remise prochaine sur le marché de l'ancienne formule du Levothyrox, et des alternativ­es médicament­euses dans quelques semaines.

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