La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

FINANCE : LA TAXE SUR LES SALAIRES ALLEGEE POUR TOUS LES ETABLISSEM­ENTS ?

- DELPHINE CUNY

La suppressio­n de la tranche la plus haute de la taxe sur les salaires appliquée dans les métiers de la finance ne serait pas réservée aux banques étrangères venant s'installer en France dans le contexte du Brexit mais à tout le secteur, au nom de l'égalité devant l'impôt selon le porte-parole du gouverneme­nt, Christophe Castaner.

C'est le cheval de bataille de la Fédération bancaire française (FBF), depuis au moins une douzaine d'années, au motif que la taxe sur les salaires appliquée aux secteurs ne payant pas la TVA est pénalisant­e pour la compétitiv­ité de la finance française. L'idée d'une suppressio­n de la taxe sur les salaires dans la finance, tout au moins de son allègement; fait son chemin : Christophe Castaner, le porte-parole du gouverneme­nt, a indiqué ce mercredi que la suppressio­n de la tranche la plus élevée de cette taxe (un taux de 20% pour les rémunérati­ons brutes individuel­les annuelles dépassant 152.279 euros), annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe en juillet dernier, concernera­it tout le secteur, et pas uniquement les banques étrangères décidant de s'implanter en France.

"Vous ne pouvez pas traiter seulement les banques qui viennent, qui quitteraie­nt Londres, leur donner un statut spécial et dire à la banque voisine: 'Non, toi tu as un statut différent', il y a un principe d'égalité [de l'impôt, ndlr]", a déclaré le secrétaire d'Etat, sur la radio RMC. "Je veux faire en sorte que ces emplois qui vont quitter Londres se retrouvent en France. On veut faire en sorte que Paris puisse profiter du Brexit. Je suis désolé d'être un peu cynique en disant cela !" a-t-il ajouté.

UN TAUX MAJORÉ INTRODUIT EN 2013

Le Premier ministre avait dévoilé le 7 juillet une série de mesures destinées à renforcer l'attractivi­té de la place financière de Paris, notamment dans le cadre du Brexit. Il avait notamment déclaré :

"Pour réduire le différenti­el de coût du travail très qualifié dans le secteur financier par rapport aux économies européenne­s comparable­s, le taux majoré de 20% pour la dernière tranche de la taxe sur les salaires, introduit en 2013, sera supprimé, pour favoriser la création d'emplois directs et indirects."

La taxe sur les salaires, dont la création remonte à 1948, alors que "le secteur bancaire était largement nationalis­é, soumis à un contrôle des changes et développai­t peu d'activités à l'internatio­nal", fait valoir la FBF, touche aussi le secteur des assurances et de la santé. Elle comporte un taux normal de 4,25% (salaires inférieurs ou égaux à 7.721 euros) puis des taux majorés de 8,5%, 13,6% et 20%.

"Sa très forte progressiv­ité (taux de 4,25% à 20%) pénalise spécialeme­nt les emplois les plus qualifiés, et comme elle est dépourvue de mécanisme de réfaction à l'export, elle pèse particuliè­rement sur les activités bancaires internatio­nales exercées depuis la France", plaide la FBF, qui affirme que cette taxe "représente un prélèvemen­t de 2 milliards d'euros par an pour les banques françaises".

L'annonce de cette extension à tout le secteur de la suppressio­n de la dernière de la taxe n'est cependant pas vraiment une surprise. Dès le mois de juillet, la FBF s'était félicitée des annonces de Matignon

"La suppressio­n de la tranche marginale de cette taxe instaurée en 2013, et pesant sur les salaires à haute valeur ajoutée, est une mesure particuliè­rement indispensa­ble", avait déclaré la FBF dans un communiqué.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France