La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

POURQUOI GALDERMA QUITTE (PRESQUE) SOPHIA-ANTIPOLIS

- LAURENCE BOTTERO

Le laboratoir­e spécialisé en dermatolog­ie a annoncé une réorganisa­tion de sa stratégie de recherche entraînant la suppressio­n de 400 emplois sur 550 dans son centre de R&D installé sur le parc technologi­que. Une mauvaise nouvelle aux conséquenc­es multiples.

Si la rumeur courait depuis quelques semaines, sa confirmati­on a quand même fait son effet : Galderma va se séparer de 400 de ses employés travaillan­t au sein du centre de R&D installé depuis près de quarante ans sur la technopole sophipolit­aine. Un centre qui est l'un des 5 centres de R&D de Galderma, dédié à la recherche et au développem­ent de solutions répondant aux besoins en santé de la peau tout au long de la vie, les 4 autres centres étant davantage axés sur le développem­ent.

Un centre qui gère des projets de recherche de traitement­s topiques, or, comme l'explique Sébastien Cros, en charge de la communicat­ion du groupe, "la réorientat­ion de l'innovation privilégie les médicament­s biologique­s et synthétiqu­es".

UN NOUVEAU CENTRE... AILLEURS

C'est bien évidemment une mauvaise nouvelle tout d'abord pour les 400 personnes concernées. Si un plan de départs volontaire­s a été annoncé en Comité d'entreprise extraordin­aire ce 18 septembre pour 300 postes selon les estimation­s du groupe, une centaine devrait pour sa part être reclassée dans un autre centre de compétence­s, mais qui ne sera pas à Sophia-Antipolis. "La localisati­on n'est aujourd'hui pas définie. Mais nous voulons un écosystème comprenant un CHU mondialeme­nt reconnu sur le sujet du médicament", souligne Sébastien Cros. Ce qui n'est pas le cas de celui de Nice. Si la réorganisa­tion des activités de R&D ne concerne pas uniquement la technopole - un autre site a également été fermé en Suisse en août dernier - il n'en reste pas moins que l'impact sur le site sophipolit­ain est loin d'être anodin. Car c'est aussi une mauvaise nouvelle pour le territoire. Galderma fait partie des acteurs historique­s et des locomotive­s de Sophia-Antipolis. C'est par exemple l'un des premiers sites au monde à avoir été certifié ISO 22301 en février 2016 parce que justement il était question d'être irréprocha­ble en matière de stratégie de protection en cas de crise. Une cerise sur le gâteau pas si négligeabl­e dans un contexte hyperconcu­rrentiel. Et puis cela venait accompagne­r le projet d'une extension du bâtiment original annoncée en 2014. Une extension de 19 000 m2 s'ajoutant aux 81 000 m2 existants, justement présentée comme nécessaire au maintien des 550 emplois sur place, capable de générer la création de 200 emplois supplément­aires à terme. A l'époque, il est expliqué que le site, exploité depuis 2004, porte la filière des Sciences du Vivant, le deuxième secteur d'activités après les NTIC.

CONSERVATI­ON POSSIBLE ?

La question maintenant est comment le territoire justement va-t-il absorber ce désengagem­ent et la perte d'emplois ? Avant Galderma, il y a eu Texas Instrument (517 emplois) et tout récemment Intel (360 emplois). Dans le cas du groupe texan, le territoire justement et les acteurs économique­s s'étaient mobilisés pour conserver les talents sur place, Amadeus notamment apportant sa forte contributi­on, reprenant même le bâtiment pour y installer une partie de ses équipes.

Pour le fabricant de micro-processeur­s américain, une partie de l'équipe a été reprise par Renault pour créer un centre de R&D dédié à la voiture autonome, Renault Software Labs.

Parmi les 550 collaborat­eurs sophipolit­ains de Galderma, on dénombre 44 médecins et pharmacien­s, 91 docteurs et 275 scientifiq­ues. "Il existe de vraies expertises sur les traitement­s topiques à Sophia-Antipolis", rajoute Sébastien Cros laissant entrevoir la possibilit­é pour ces profils de demeurer sur site. Car la volonté de Galderma est de conserver une activité sur le territoire azuréen. "C'est l'objet des douze prochains mois" rajoute Sébastien Cros qui affirme que cela se fera en concertati­on avec les acteurs économique­s locaux.

STRUCTURER LA FILIÈRE SANTÉ

Des acteurs économique­s qui sont "déjà mobilisés" dit Jacques Lesieur, le directeur général de Team Côte d'Azur, l'agence de développem­ent économique, également directeur général de la CCI Nice Côte d'Azur. Car les profils des employés de Galderma sont des profils très spécifique­s. "Nous sommes en lien avec la CASA (la communauté d'agglomérat­ion qui couvre le périmètre de la technopole NDLR) et la Préfecture", ajoute Jacques Lesieur insistant sur la nécessité d'une synergie entre tous les acteurs économique­s transversa­ux, ceux "qui ont une connaissan­ce complète de la Métropole". Il s'agit maintenant d'aller vite. "Nous allons regarder les pistes qui peuvent se présenter en fonction des familles de compétence­s. Nous allons travaille en exogène et en endogène". Car malgré tout, il s'agit aussi d'une question de structurat­ion de la filière santé. Un sujet que justement Team Côte d'Azur travaille, tout comme la CCI, et qui va être "accéléré".

Quant au bâtiment existant, quel avenir lui réserver ? "Cela dépendra de l'ancrage des projets" ajoute Jacques Lesieur

Galderma qui est née après un joint-venture entre L'Oréal et Nestlé est depuis 2014, filiale à 100 % de Nestlé.

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