La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

ET SI MACRON ET PHILIPPE INVENTAIEN­T UNE 3E SOLUTION ALTERNATIV­E A NOTREDAME-DES-LANDES

- JEAN-CHRISTOPHE GALLIEN

C'est l'affaire sensible de ce début d'année 2018. Le rapport de la commission de médiation désignée par Edouard Philippe a, mi-décembre, encore flouté le contexte du dossier en concluant que tant la constructi­on de Notre-Dame-des-Landes que l'agrandisse­ment de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique demeuraien­t 2 options "raisonnabl­ement envisageab­les". Par Jean-Christophe Gallien, professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, président de jc g a.

Aucune orientatio­n de choix donc et même la remise en selle de la seconde solution. Emmanuel Macron a alors tout de même promis une décision sur Notre-Dame-des-Landes au plus tard en janvier 2018. Nous y sommes !

Après 50 ans de conflit et surtout de non choix et alors que le money time de la décision presse, Édouard Philippe a raison de l'avouer, quelle que soit ce choix concernant l'aéroport, maintien du projet ou abandon, celui-ci sera "difficile et critiqué". Ce week-end, Benjamin Griveaux, porte-parole du Gouverneme­nt a remis une couche d'alerte tout en défendant l'action d'Emmanuel Macron sur ce très vieux piège politique. Rappelant que "le macronisme, c'est d'abord prendre des décisions", il regrette que "personne depuis 40 ans" n'ait "assumé de prendre des décisions", et que le dossier se soit "embourbé".

Incantateu­r, il prophétise :

"Il n'y a que des solutions difficiles. Mais le rôle du macronisme c'est aussi d'avoir des solutions alternativ­es".

Et bien nous en avons peut-être identifié une qui pourrait nourrir la disruption Macron et ouvrir une fenêtre inattendue de créativité politique, économique et écologique qui propose une alternativ­e apaisante et engageante pour toutes les parties prenantes. Celle que le Président tentait de décrire sur ce dossier dans une interview au Monde, assurant que "les intérêts climatique­s" seraient pris en compte, au même titre que "les aspects démocratiq­ues et économique­s".

Plus engagé encore : "quelle que soit notre décision, la cohérence avec tous nos choix environnem­entaux au niveau national, européen et mondial, sera un des éléments de notre choix".

Emmanuel Macron et ses hommes ont raison de pointer l'insupporta­ble indignité qui révèle surtout une incapacité de toutes les parties prenantes de cette crise, en particulie­r l'État central, à enfanter des solutions alternativ­es. Pendant toutes ces années, il n'y aura eu que deux options : soit on construit cet aéroport, soit on agrandit celui de Nantes-Atlantique.

ET SI ÇA N'ÉTAIT PAS LE CAS...

Et si l'innovation cohérente qu'appelle de ses voeux Emmanuel Macron était une troisième propositio­n. Si la solution à la crise de Notre-Dame-des-Landes se trouvait quelque part un peu plus à ... l'est, dans la Sarthe, à quelques kilomètres au nord du Mans ?

C'est en tout cas ce que propose l'entreprene­ur alençonnai­s Yves Cortés, spécialist­e reconnu dans le secteur du développem­ent économique et territoria­l. Passionné par ce dossier de Notre-Damedes-Landes, qu'il l'a travaillé en profondeur : il a été administra­teur du syndicat mixte aéroportua­ire (SMA) du Grand ouest en tant que représenta­nt du conseil départemen­tal de la Mayenne, où il était président de la commission des affaires économique­s.

Selon lui, « l'aéroport doit se faire, mais pas là-bas ».

L'enjeu n'est pas régional, mais bien national. La réflexion doit intégrer les questionne­ments et approches holistique­s de la mobilité entre nécessité d'un troisième aéroport parisien, couverture aéroportua­ire internatio­nale du territoire national et intégratio­n des mobilités ferroviair­e, routières entre lesdits aéroports internatio­naux parisiens bien sûr, mais aussi lyonnais, bordelais... Il s'agit de co-construire une solution multimodal­e nationale intelligen­te, durable, efficace et économique au coeur des changement­s européens et internatio­naux.

« Quand un dossier est ankylosé comme ça, il n'y a que des perdants. »

LA SOLUTION ALTERNATIV­E SARTHOISE

Alors, au lieu de construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes et un troisième aéroport parisien, Yves Cortés suggère de n'en faire qu'un, au nord de la préfecture sarthoise.

Imaginons ce hub au plus près des intersecti­ons ferroviair­es et autoroutiè­res, il est vrai, uniques de la capitale sarthoise à 54 minutes de Paris, à 50 minutes de la gare de Massy, qui ouvre sur toute l'Europe... pour construire l'aéroport prévu à Notre-Dame-des-Landes au nord du Mans, coeur d'une double étoile ferroviair­e et autoroutiè­re.

Cette zone associe une plateforme autoroutiè­re à 6 branches entre Paris et l'Ile de France, Bordeaux et la Grande Aquitaine, Nantes et les Pays de la Loire, Rennes et la Bretagne, mais aussi Caen, Rouen et la Normandie et même Clermont-Ferrand et le Massif Central, et une plateforme ferroviair­e elle aussi à 6 branches dont 4 LGV : Paris, Nantes, Rennes, via Massy Roissy, Lyon et donc Saint Exupéry, la Méditerran­ée et l'Europe à grande vitesse et via 2 liaisons TER, Tours et donc Bordeaux, Caen et la Normandie.

En ce qui concerne l'ile-de-France, Orly et surtout Roissy Charles de Gaulle sont déjà à saturation. La nécessité d'un troisième aéroport parisien a dépassé le stade d'évocation. Plusieurs sites sont à l'étude. Aucun ne s'impose véritablem­ent.

On imagine les réactions de beaucoup : « Au fou ! ».

Pourtant au coeur de cette crise sans solution positive, cette approche propose une sortie originale et multi-vertueuse que le président Macron, Édouard Philippe, Gérard Collomb et Nicolas Hulot et leurs équipes devraient étudier de près et pourquoi pas intégrer.

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