La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

ROYAUME-UNI : 13 BANQUES IMPACTEES PAR LA FAILLITE DE CARILLION, NUMERO DEUX DU BTP

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La faillite du numéro deux britanniqu­e du BTP met le système bancaire du Royaume-Uni sous tension. Ce sont quelque 13 banques dont Barclays, Royal Bank of Scotland, Lioyds Banking Group qui au travers des prêts accordés depuis des années à l'entreprise en difficulté, sont exposées à hauteur de 1,6 milliard de livres. Mais la gestion d'actifs est également impactée et notamment le numéro un mondial BlackRock.

Hier, lundi 15 janvier, le groupe britanniqu­e de BTP et de services Carillion s'est déclaré en faillite (en liquidatio­n immédiate) après l'échec de discussion­s avec les banques et le gouverneme­nt pour maintenir à flot cette société lourdement endettée.

Carillion explique dans un communiqué n'avoir eu d'autre choix que "de se placer en liquidatio­n avec effet immédiat", laissant potentiell­ement sur le carreau ses quelques 43.000 employés dans le monde dont 19.500 au Royaume-Uni.

En France, Carillion est quasi inconnu, et pourtant, c'est le numéro deux britanniqu­e du BTP avec un chiffre d'affaires annuel de 5,9 milliards d'euros, quand le chiffre d'affaires du numéro un, Balfour Beatty, tourne à près de 8 milliards de livres. Les groupes de BTP français sont très largement devant : le numéro un Vinci affichait par exemple en 2016 un chiffre d'affaires de 38,1 milliards d'euros, et le numéro deux, Bouygues, un peu moins de 32 milliards... De fait, ces géants positionne­nt la France au deuxième rang mondial du BTP derrière la Chine.

13 BANQUES BRITANNIQU­ES EXPOSÉES À 1,6 MILLIARD DE LIVRES

Mais cette faillite fait trembler tout le système bancaire britanniqu­e. Car de grandes banques britanniqu­es comme Barclays, Royal Bank of Scotland et Lloyds Banking Group risquent de ne jamais pouvoir récupérer des centaines de millions de livres de prêts accordés à Carillion.

Avec 10 autres établissem­ents, ces banques ont accordé en 2015 un crédit relais de 790 millions de livres (889 millions d'euros) à Carillion, qui constitue l'essentiel des 835 millions de livres de prêts syndiqués du groupe de BTP arrivant à maturité en 2020. Cinq banques ont accepté en septembre de prêter 140 millions supplément­aires remboursab­les fin 2018. Au total, les créanciers de Carillion sont exposés à environ 1,6 milliard de livres (1,8 milliard d'euros) au groupe.

LES BANQUES SONNENT L'HEURE DES DÉPRÉCIATI­ONS

Beaucoup ont déjà commencé à comptabili­ser des charges pour dépréciati­on l'an dernier parallèlem­ent aux avertissem­ents sur résultats de Carillion.

Lloyds a inscrit une charge de 270 millions de livres dans ses comptes du troisième trimestre, contre 204 millions un an plus tôt. Une source proche du dossier a déclaré lundi qu'elle était largement liée aux problèmes de Carillion.

Ces derniers expliquent aussi pour l'essentiel le bond des provisions enregistré­es par la filiale britanniqu­e de banque d'affaires de Santander, passées à 47 millions de livres sur les neuf premiers mois de 2017, contre 21 millions un an auparavant, a dit une autre source. La banque espagnole devrait inscrire une nouvelle charge dans ses comptes annuels en février, selon cette source.

REFUS DE PRÉCISER LEUR EXPOSITION

Du côté de Royal Bank of Scotland (RBS), les provisions au troisième trimestre ont aussi bondi, de 20 millions de livres en 2016 à 151 millions. Le directeur général Ross McEwan avait alors imputé cette évolution à "un seul nom".

Ces différente­s banques ont refusé de préciser leur exposition à Carillion. John Cronin, responsabl­e de la recherche sur les banques britanniqu­es au sein du cabinet Goodbody, déclarait s'inquiéter non pas de cette discrétion mais bien de l'ampleur réelle des dégâts :

"J'imagine que Lloyds et RBS pourraient inscrire une nouvelle charge au T4 et les autres créanciers de Carillion vont probableme­nt inscrire une charge également. La question, c'est de savoir de quelle ampleur ce sera."

BLACKROCK ET D'AUTRES GESTIONNAI­RES D'ACTIFS AFFECTÉS

Les gérants d'actifs ayant des participat­ions dans Carillion font aussi partie des victimes de cette crise apparue l'an dernier.

L'écossais Kiltearn Partners, le canadien Letko Brosseau and Associates et l'américain BlackRock, numéro un mondial de la gestion d'actifs, avaient des participat­ions respective­s de 10%, 6,1% et 7,6% au moment du "profit warning" du 10 juillet, qui a fait plonger l'action de 39% en un jour. Tous ces fonds ont ensuite fortement réduit leur participat­ion dans Carillion.

CEUX QUI ONT PARIÉ À LA BAISSE SE FROTTENT LES MAINS

Ceux qui se frottent les mains sont en revanche les fonds spéculatif­s ayant parié à la baisse sur le titre. Les positions à découvert sur Carillion représenta­ient un quart du capital du groupe début 2017, soit environ 270 millions de dollars (220 millions d'euros), ce qui a permis aux "short-sellers" d'engranger 190 millions de dollars lors de l'effondreme­nt de 70% du titre en trois séances en juillet, selon les calculs de Reuters.

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