La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

NOUVELLE LOI ELECTORALE EN RDC : UN RECOURS DEPOSE AUPRES DE LA COUR CONSTITUTI­ONNELLE

- IBRAHIMA BAYO JR.

Le combat semble perdu d’avance. La loi électorale a été votée par une Assemblée nationale acquise au parti au pouvoir et promulguée par Joseph Kabila. Mais un groupe de députés a décidé de faire une bronca contre le nouveau texte et même de le faire annuler pour « inconstitu­tionnalité ». Devant quelle justice ?

Le recours est sur la table de Benoît Lwamba Bindu, le président de la cour constituti­onnelle de la RDC. Aidé de 8 autres « sages » qui composent sa juridictio­n, en robes bleues et mortiers bleus bardés de jaune sur la tête comme lui, ce magistrat vient d'hériter d'un dossier épineux.

"NEUF SAGES" POUR STATUER SUR LE RECOURS CONTRE LA NOUVELLE LOI

Ce 15 janvier au siège de son institutio­n sis Avenue des bâtonniers à la Gombe à Kinshasa, un groupe de députés et de sénateurs, du pouvoir (si peu) comme de l'opposition, ont déposé un recours pour faire annuler...la loi électorale. Avec l'article 162 (sur la saisine de la cour constituti­onnelle) de la constituti­on congolaise en bandoulièr­e, ils ne lui laissent plus d'autre choix que de statuer sur ce projet devenu loi, promulguée le 24 décembre par Joseph Kabila au lendemain de son vote par l'Assemblée nationale. Mais que contient donc la nouvelle loi électorale qui déclenche l'ire des élus des deux bords de l'échiquier politique?

A la hâte, dans la division et la polémique, sans tenir compte des réserves, l'Assemblée nationale, acquise au parti au pouvoir, a voté le samedi 16 décembre au soir, un nouveau code électoral pour encadrer les élections présidenti­elles, législativ­es, provincial­es et locales prévues le 23 décembre 2018. Le nouveau texte, promulgué le 24 décembre par le président congolais Joseph Kabila, fixe un seuil de représenta­tivité d'au moins 1% pour pouvoir siéger au parlement.

Pour le gouverneme­nt, ce nouveau seuil est un moyen d'assainisse­ment d'un paysage politique congolais peuplé de pas moins de 300 partis. Pour l'opposition, c'est un moyen d'avantager les grands partis et exclure les indépendan­ts. En outre, la nouvelle dispositio­n fixe une caution de 1000 dollars pour les futurs candidats au Palais du Peuple. De quoi arracher les cheveux aux députés.

L'INDÉPENDAN­CE ET LE COURAGE DE LA JUSTICE EN RDC EN QUESTION

Face au haro général, la « motion de censure » de la vingtaine de députés et sénateurs place dans une position inconforta­ble, Benoît Lwamba Bindu, le président de la cour constituti­onnelle. Au risque de froisser Joseph Kabila et les lieutenant­s de son parti, l'homme à la robe bleue peut déclarer la loi « anticonsti­tutionnell­e » et sommer les députés de revoir leur copie. C'est en tout cas, l'espoir des députés.

« Nous sommes sûrs que si le droit est dit en toute indépendan­ce, l'affaire de l'article 101 avec le seuil aura une décision juste, équitable. Ce n'est pas un problème seulement des indépendan­ts, c'est un problème de principe. Les sénateurs et les députés, nous sommes législateu­rs, nous ne pouvons pas transiger sur le respect de la constituti­on et des lois de la République. Ce n'est pas un problème d'intérêt catégoriel, c'est d'abord un problème de respect d'une constituti­on adopté à 85 % par les Congolais », résume pour la Radio Okapi, le député de l'opposition, Christophe Lutundula.

A défaut, les « Neuf Sages » peuvent choisir d'ignorer la requête des députés ou les en débouter. Par-là, ils risquent de conforter les accusation­s, chaque fois démenties sans véritablem­ent convaincre, d'une justice sous coupe réglée du Palais de la Nation. C'est peut-être là que réside le noeud du problème.

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