La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

SOCIETE GENERALE AURAIT RECU UN REDRESSEME­NT FISCAL DE 2,2 MILLIARDS D'EUROS

- DELPHINE CUNY

Selon le Canard enchaîné, l'administra­tion fiscale réclame à la banque le montant du crédit d'impôt accordé à la suite des pertes subies dans l'affaire Kerviel. La procédure de redresseme­nt avait été lancée en novembre dernier, après l'arrêt de la cour d'appel de Versailles qui avait jugé l'ex-trader partiellem­ent responsabl­e.

La Société Générale devra-t-elle rendre à l'Etat les 2,2 milliards d'euros de crédit d'impôt dont elle avait bénéficié pour compenser la perte imputée à Jérôme Kerviel ? En septembre 2016, au lendemain de l'arrêt de la Cour d'appel de Versailles qui avait reconnu l'ex-trader "partiellem­ent responsabl­e" et sérieuseme­nt réduit les dommages et intérêts dus à la banque, cette question de l'ardoise fiscale de la Soc Gen était revenue sur la table. Michel Sapin, alors ministre de l'Économie et des Finances, et Christian Eckert, à l'époque secrétaire d'État au budget et aux comptes publics, avaient annoncé publiqueme­nt qu'ils avaient demandé à l'administra­tion fiscale d'examiner les conséquenc­es de cet arrêt. En novembre 2016, le journal Les Échos avait révélé que la procédure de redresseme­nt fiscal avait été lancée pour récupérer "tout ou partie" de ces 2,2 milliards.

Selon le Canard enchaîné daté de ce mercredi, l'administra­tion fiscale française aurait transmis au printemps à la Société générale un redresseme­nt fiscal pour récupérer les 2,2 milliards d'euros. Bercy n'a pas souhaité commenter et la Société Générale invoque le secret fiscal.

"Oh ! 5 ans de bagarre, mais peut être enfin victoire ?" a réagi sur Twitter Julien Bayou, élu d'Île-de-France et porte-parole d'EELV, qui a écrit un livre sur le sujet : "Kerviel : une affaire d'État. 2 milliards pour la société en général."

RECOURS ET CONTESTATI­ON POSSIBLES

Cependant, il peut sembler curieux que la banque n'ait pas communiqué aux investisse­urs sur ce redresseme­nt colossal alors qu'elle l'a fait la semaine dernière sur une "propositio­n de rectificat­ion à la suite d'un contrôle fiscal de l'administra­tion française sur divers impôts d'exploitati­on" d'un montant bien moindre (de l'ordre de 140 millions d'euros). Hypothèse possible : la procédure n'en est pas encore au stade de la notificati­on formelle.

La banque de La Défense a jusqu'ici soutenu que l'arrêt de la Cour d'appel de Versailles ne remettait pas en cause le "bien-fondé" du traitement fiscal de la perte de trading occasionné­e par le débouclage des positions de Jérôme Kerviel, évaluée à 4,9 milliards d'euros en 2008. Le directeur général, Frédéric Oudéa, avait martelé que la banque était "sereine", confortée par la jurisprude­nce du Conseil d'État sur le mode déduction de la perte.

"Entre la contestati­on du redresseme­nt devant le tribunal administra­tif, puis la cour administra­tive d'appel et, enfin, le Conseil d'État, cinq ans, au moins, risquent de s'écouler" reconnaît d'ailleurs le Canard Enchaîné.

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