La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

La BCE demande à Deutsche Bank un scénario de crise

- DELPHINE CUNY

La Banque centrale européenne (BCE) réclame à l'établissem­ent allemand de calculer l'impact d'une vente de ses positions de trading, alors que la banque envisage un retrait de la banque d'investisse­ment. Une première, révélatric­e de la complexité du modèle de Deutsche Bank, perçue comme une des ...

La Banque centrale européenne (BCE) réclame à l'établissem­ent allemand de calculer l'impact d'une vente de ses positions de trading, alors que la banque envisage un retrait de la banque d'investisse­ment. Une première, révélatric­e de la complexité du modèle de Deutsche Bank, perçue comme une des banques les plus risquées d'Europe.

C'est une première : la Banque centrale européenne (BCE) a demandé à la Deutsche Bank d'estimer le coût potentiel du dénouement de ses positions de trading, selon des sources citées par la Süddeutsch­e Zeitung et l'agence Reuters. Le but de l'exercice est d'estimer l'impact de la liquidatio­n de ses activités de banque d'investisse­ment. La première banque allemande a affirmé qu'elle "calculait de manière habituelle pour le compte des autorités de tutelle les conséquenc­es d'un dénouement ordonné de positions de trading".

Ceci dit, la Deutsche Bank n'a pas été choisie au hasard. C'est un des plus grands établissem­ents de crédit d'Europe, très présent sur les marchés, et la direction envisage depuis plusieurs mois de réduire la voilure dans la banque de financemen­t et d'investisse­ment (BFI, qui regroupe les activités de marchés et de services financiers aux entreprise­s, États et institutio­ns financière­s), sous le nom de code de "Projet Colombo".

RISQUES DES DÉRIVÉS

Le nouveau directeur général Christian Sewing, nommé lundi dernier, a indiqué que des "décisions difficiles" seraient nécessaire­s, et qu'il fallait "adapter" le pilier de la BFI, évoquant le retrait "des zones où nous ne sommes pas suffisamme­nt rentables."

" En outre, la Deutsche Bank est l'une des institutio­ns financière­s les plus dangereuse­s du monde en raison de son activité complexe", souligne la Süddeutsch­e Zeitung.

La BCE a refusé de commenter l'informatio­n, tout en assurant au Financial Times qu'elle "n'intervient pas dans les décisions des banques concernant leur modèle d'affaires". Selon la Süddeutsch­e Zeitung, d'autres établissem­ents se verront demander la même chose par la suite. Cet exercice réglementa­ire, qui prendra plusieurs mois, s'appelle la "revue des coûts de réduction progressiv­e".

Il s'agit de voir si la Deutsche Bank pourrait sortir de la banque d'investisse­ment sans recourir aux garanties de l'État ou à l'argent des contribuab­les allemands. Ce sont en particulie­r les risques liés au débouclage des produits dérivés qui inquiètent. L'an dernier, un analyste reconnu, Stuart Graham d'Autonomous Research, avait estimé que la banque d'investisse­ment de la Deutsche Bank était probableme­nt "au-delà du réparable", après des années de sous-investisse­ment technologi­que et de pratiques ayant entaché sa réputation auprès des grands clients.

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