La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

ATTRACTIVI­TÉ

Timide éclosion du parc d'activités des Portes du Tarn

- FLORINE GALERON

Évoqué depuis 10 ans, le projet de parc d'activités des Portes du Tarn commence tout juste à attirer des investisse­urs. Après l'implantati­on en janvier dernier de Vinovalie, une station service et deux restaurant­s devraient ouvrir l'année prochaine avant la constructi­on d'une plateforme logistique. La zone d'activités parviendra-t-elle à son objectif de créer 2200 emplois et de développer 77 hectares d'activités industriel­les ? Décryptage.

Pour le moment, le bâtiment de Vinovalie semble bien seul au milieu des terrains vierges. Évoqué publiqueme­nt depuis 2007, le projet Les Portes du Tarn prévoit de créer un parc d'activités au niveau de l'échangeur n°5 de l'A68 sur la zone située à cheval sur deux communes et deux départemen­ts, Buzet-sur-Tarn (Haute-Garonne) et Saint-Sulpice-La-Pointe (Tarn). L'ambition est de déployer 77 hectares pour les activités industriel­les, mais aussi 25 hectares dédiés aux loisirs, services et commerces, 4 hectares de bureaux, une aire de services et 19 hectares pour l'agricultur­e. Objectif affiché : créer 2200 emplois sur site. Mais le directeur général des Portes du Tarn Antoine Chorro le reconnaît lui-même : "Ce type de projet est long à mettre en oeuvre et prend du temps. Les Portes du Tarn ont été inaugurées officielle­ment l'été dernier, on ne monte pas un parc d'activités en une année. La zone doit être aménagée d'ici 2042".

Terrain des Portes du Tarn (Crédit : Rémi Benoit).

À ce jour, seul le groupe coopératif viticole Vinovalie est implanté sur le site. Il a investi 16 millions d'euros pour créer une unité d'embouteill­age. "Le bâtiment a été livré en janvier 2018, actuelleme­nt 70 salariés travaillen­t sur place et à terme il y aura 100 personnes", précise Antoine Chorro.

Le nouveau bâtiment de Vinovalie (Crédit : Rémi Benoit).

Il s'agit d'une unité d'embouteill­age (Crédit : Rémi Benoit).

UNE AIRE DE SERVICES POUR L'ÉTÉ 2019

Ce mercredi 11 avril, les Portes du Tarn ont annoncé l'implantati­on d'une aire de services sur 1,8 hectares. Total et le groupe d'hôtellerie et de restaurati­on Sighor vont investir plus de 9 millions d'euros pour la création d'une station-service et de 90 places de stationnem­ent ainsi que deux restaurant­s (Léo Resto et Courtepail­le). "30 emplois vont être créés. Nous espérons que cette aire de services qui doit ouvrir en juin 2019 va inspirer des entreprise­s nationales et internatio­nales pour s'installer sur le site", a expliqué Christophe Raymond, président du Conseil départemen­tal du Tarn. De son côté, Jean-Pierre Bonhomme, le président de la communauté de communes TarnAgoût relève que cette portion de l'A68 voit défiler "45 000 véhicules par jour".

Présentati­on de l'aire de services (Crédit : Rémi Benoit).

Côté entreprise­s, le promoteur en immobilier JMG Partners va aménager sur les Portes du Tarn une plateforme de logistique industriel­le de 70 000 m² sur 16 hectares dont les travaux devraient commencer l'année prochaine. De même, la société Themelia a déposé fin février un permis de construire pour 5700 m2 de bureaux. Concernant les industriel­s, Antoine Chorro assure que Les Portes du Tarn "sont en contact avec 4-5 groupes qui cherchent à s'implanter en France pour lesquels nous sommes en lice avec d'autres régions françaises". "En raison de clauses de confidenti­alité très strictes", l'entreprene­ur ne veut pas pour le moment dévoiler le nom, ni même le secteur d'activité de ces sociétés. Fin mars, La Dépêche du Midi esquissait une piste. Lors d'une réunion des administra­teurs de la société publique locale d'aménagemen­t, le nom du géant chinois du e-commerce Alibaba a été cité, ce dernier chercherai­t à implanter une plateforme logistique en France. Pour Antoine Chorro, "l'industriel qui s'implantera sur les Portes du Tarn donnera sens à l'écosystème et permettra de créer une grappe d'activités autour".

QUEL STATUT JURIDIQUE ?

Au-delà des implantati­ons d'entreprise­s, des interrogat­ions persistent autour du statut juridique du futur parc d'activités. Depuis la loi Notre, la région ne peut plus déléguer au départemen­t ses compétence­s en matière d'aides aux entreprise­s. Or dans le business plan du parc d'activités, le départemen­t du Tarn est censé peser très lourd.

"Les Portes du Tarn représente­nt un investisse­ment de 87 millions d'euros (entre l'achat du foncier et l'aménagemen­t du terrain, ndlr). Les recettes des cessions foncières doivent rapporter 40 millions d'euros. La participat­ion des collectivi­tés dans le syndicat mixte intervient à hauteur de 44 millions d'euros dont 60% pour le départemen­t et 40% pour la communauté de communauté Tarn Agout. Les 2,8 millions restants proviendro­nt de subvention­s de la Région Occitanie principale­ment", décrit Antoine Chorro.

Antoine Chorro, directeur général des Portes du Tarn (Crédit : Rémi Benoit).

Pour sortir de l'impasse juridique, les réunions se succèdent actuelleme­nt avec la préfecture du Tarn. "Nous avons proposé un syndicat mixte ouvert, à la carte, avec pour chaque compétence la définition des missions de chaque collectivi­té", avance le directeur général. Par ailleurs, le président du Conseil départemen­tal du Tarn François Bonhomme insiste sur le fait qu'avec ces nouveaux statuts, des collectivi­tés haut-garonnaise­s pourraient investir dans les Portes du Tarn, à l'image de la communauté de communes Val'Aïgo ou le départemen­t de Haute-Garonne (prêt à mettre 7 millions d'euros). Mais à ce jour, les contours de leur participat­ion n'ont pas été tranchés.

François Bonhomme, président du Conseil départemen­tal du Tarn (Crédit : Rémi Benoit).

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