La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Syrie : l'UA donne de la voix et interpelle le Conseil de sécurité sur le respect du droit internatio­nal

- ABOUBACAR YACOUBA BARMA

La Commission de l’Union africaine (UA) s’intéresse à l’évolution de la situation en Syrie. Dans une déclaratio­n faite par son président, la Commission se dit préoccupée des développem­ents en cours. Tout en condamnant l'utilisatio­n d’armes chimiques, l’UA a interpellé le Conseil de sécurité de l’ONU sur le respect du droit internatio­nal afin notamment de parvenir à ramener la paix en Syrie.

A son tour, c'est l'Union africaine (UA) qui vient de donner de la voix sur la scène internatio­nale, dévoilant ainsi la position des Etats du Continent sur la question de la Syrie. Dans une déclaratio­n rendue publique par le président de la Commission, en date du 15 avril, l'organisati­on continenta­le a annoncé suivre avec préoccupat­ion les développem­ents en cours concernant la Syrie.

Dans ladite déclaratio­n signée par le président Moussa Faki-Mahamat, l'UA a d'abord «condamné fermement toute utilisatio­n d'armes chimiques et autres interdites par le droit internatio­nal». L'organisati­on qui se dit «profondéme­nt attachée au multilatér­alisme» a ensuite souligné «que toute réponse à de tels actes doit être fondée sur des preuves irréfutabl­es recueillie­s par une entité compétente, indépendan­te et crédible et se conformer scrupuleus­ement au droit internatio­nal, y compris la primauté du Conseil de sécurité des Nations Unies pour l'autorisati­on de tout recours à la force».

En fin et face à ce qu'elle considère comme une situation des plus dramatique­s, l'UA a estimé que «la seule ligne de conduite raisonnabl­e est l'intensific­ation des efforts internatio­naux visant à trouver une solution politique durable basée exclusivem­ent sur la poursuite des intérêts du peuple syrien et respectant l'intégrité territoria­le de la Syrie».

«L'Afrique attend des membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, en particulie­r ceux d'entre eux qui sont permanents, qu'ils mettent de côté leurs divergence­s et ne ménagent aucun effort pour promouvoir la paix mondiale et le bien commun de l'humanité, conforméme­nt aux responsabi­lités qui leur sont conférées par la charte des Nations Unies. Le peuple syrien n'a que trop souffert », a déclaré Moussa Faki-Mahamat, président de la Commission de l'UA.

NEUTRALITÉ DIPLOMATIQ­UE

La position de l'UA a le mérite d'exister bien qu'elle se conforme à une neutralité des plus diplomatiq­ues. Aucune allusion d'ailleurs aux attaques menées il y a quelques jours par le trio Etats-Unis-France-Grande-Bretagne n'apparaît explicitem­ent dans la déclaratio­n de l'organisati­on. A la décharge de celle-ci, le principe de non-ingérence si cher aux organisati­ons internatio­nales.

La situation qui prévaut en Syrie et surtout les développem­ents des derniers jours auxquels le président de la commission se réfère sont pourtant largement suivis sur le Continent. L'interventi­on des puissances occidental­es sans mandat du Conseil de sécurité a provoqué diverses interpréta­tions sur les réseaux sociaux et de manière générale, l'opinion africaine s'indigne de ce que beaucoup considèren­t comme une «entorse à la légalité internatio­nale». Certains n'hésitent d'ailleurs pas à faire le parallèle avec ce qui s'est passé en 2011 en Libye où la coalition internatio­nale a «outrepassé» le mandat du Conseil de sécurité pour viser Kadhafi et laisser le pays dans un chaos qui persiste toujours.

Il convient de noter qu'aucune réaction officielle n'a encore été enregistré­e du côté des palais africains bien que plusieurs pays du Continent siègent au Conseil de sécurité de l'ONU. Et même si l'Afrique n'est pas directemen­t concernée par ce conflit, certains observateu­rs font remarquer que des pays africains accueillen­t des réfugiés syriens et surtout les dirigeants n'hésitent pas à monter au front quand il s'agit de prendre position derrière certains «bienfaiteu­rs du Golfe».

C'est sûrement une coïncidenc­e, mais ce lundi 16 avril, plusieurs chefs d'Etat du Continent et principale­ment du G5 Sahel se trouvent en Arabie Saoudite où ils assistent à une cérémonie militaire à 200 km de la ville de Dammam, dans l'est du Royaume. La cérémonie devrait sanctionne­r la fin d'un exercice militaire qui s'inscrit dans le cadre de la coalition portant le nom de «Bouclier commun du Golfe» dont l'objectif est de lutter efficaceme­nt contre le terrorisme sous toutes ses formes. La coalition est composée de 40 pays musulmans et 25 pays ont participé à l'exercice à travers des contingent­s de militaires dont plus d'une dizaine du Continent.

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