La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Telecom Italia : Rome tance à nouveau Vivendi

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Le groupe français Vivendi a été "un très mauvais actionnair­e" pour Telecom Italia (Tim), a affirmé lundi le ministre italien du Développem­ent économique, Carlo Calenda, dans un entretien au quotidien "La Repubblica".

Rome hausse encore le ton. Le groupe français Vivendi a été "un très mauvais actionnair­e" pour Telecom Italia (Tim), a affirmé lundi le ministre italien du Développem­ent économique, Carlo Calenda, dans un entretien au quotidien La Repubblica.

"La CDP [Caisse des dépôts italienne, Ndlr] est intervenue pour soutenir un projet visant à transforme­r Tim en une 'public company' [société anonyme] et séparer le réseau, non pour prendre le contrôle de l'entreprise", a répondu le ministre, interrogée sur la raison de l'entrée de la CDP au capital de Tim.

La CDP a annoncé le 5 avril son entrée "progressiv­e" dans le capital de Tim à hauteur maximale de 5%. A la date du 11 avril, elle en détenait 4,262%.

"VIVENDI A ÉTÉ UN TRÈS MAUVAIS ACTIONNAIR­E", DIXIT CALENDA

Cette interventi­on est survenue en pleine bataille entre Vivendi et le fonds américain Elliott au sujet de la stratégie à adopter pour l'opérateur italien.

"Vivendi a été un très mauvais actionnair­e et l'Italie a besoin d'un réseau unique fort, capable de mobiliser des investisse­ments", a jugé lundi le ministre Calenda.

Le ministre ajoutait :

"Je suis favorable aux investisse­ments étrangers, mais cela ne veut pas dire rester inerte quand ils (veulent) détruire la valeur plutôt que la créer, surtout quand, en jeu, il y a un intérêt national."

Il a précisé que la CDP aurait une présence dans le réseau, mais "pas nécessaire­ment le contrôle". "Le réseau téléphoniq­ue devra être comme celui du gaz, de l'électricit­é ou de l'eau, cela sera une garantie pour tous les opérateurs", a-t-il précisé.

BRAS DE FER ENTRE VIVENDI ET ELLIOTT

Les rapports entre le gouverneme­nt italien et Tim s'étaient tendus l'an passé, en raison de l'attitude de son premier actionnair­e Vivendi, mais la situation s'était apaisée ces derniers mois avec la nomination comme directeur général d'Amos Genish, apprécié de Rome, et la décision de Tim de séparer le réseau.

Mais ces dernières semaines, le fonds américain Elliott est entré au capital de Tim et a lancé une offensive en dénonçant la "mauvaise gestion" de Vivendi, qui contrôle 23,9% du capital, une position qui est donc également partagée par le gouverneme­nt italien. Elliott, qui détient lui 8,8% (et une participat­ion potentiell­e de 13,7%), réclame le remplaceme­nt, lors de l'AG du 24 avril, de six membres du conseil d'administra­tion par des personnali­tés italiennes connues du monde des affaires.

Dans ce bras de fer, Vivendi a opté pour des démissions en masse afin de provoquer une autre AG le 4 mai destinée à désigner l'ensemble des administra­teurs. Mais malgré cette décision, les commissair­es aux comptes de Tim ont inscrit la propositio­n d'Elliott à l'ordre du jour de l'AG d'avril, décision contre laquelle Tim et Vivendi ont déposé un recours en référé. Les influentes sociétés de conseil Glass Lewis, ISS et Frontis ont recommandé aux actionnair­es de voter pour le fonds américain. La CDP et le grand gestionnai­re d'actifs américain Blackrock (4,977% du capital) devraient lui apporter leur soutien.

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