La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Jeannine Roghe : "La Banque de France est une banque moderne et digitale"

- LAURENCE BOTTERO

Parce qu'elle est bien plus que l'image empesée qu'elle donne et parce que son rôle auprès des entreprise­s, de toutes tailles, est méconnu, l'institutio­n bancaire doit davantage afficher ce qu'elle est vraiment, estime la directrice régionale Provence Alpes Côte d'Azur.

Il y a des perception­s qui sonnent parfois comme des certitudes. Sur ce sujet la Banque de France est un bon exemple. Perçue comme rigide, voire passéiste, l'établissem­ent est pourtant tout à fait autre chose, et c'est Jeannine Roghe qui l'affirme. La directrice régionale de la Banque de France, arrivée à ce poste en janvier 2018, compte apporter sa pierre à l'édifice d'une meilleure compréhens­ion de ce qu'est l'institutio­n et surtout de son rôle actif dans l'économie territoria­le. Parce que les images d'Epinal, c'est fini.

ENERGIE ÉCONOMIQUE

Et ce, d'autant plus que la conjonctur­e est dans une phase positive. "Provence Alpes Côte d'Azur est une région dynamique, pas tant industriel­le puisque 50 % des entreprise­s évoluent dans le secteur des services, mais avec un fort tissu de TPE-PME, certaines tournées vers les nouvelles technologi­es. C'est une région qui va croître plus vite que les autres", promet Jeannine Roghe qui rappelle que PACA se place au 2ème rang des régions en terme de croissance. On rappellera que l'industrie s'est structurée en 2017, poursuivan­t les investisse­ments et voyant les emplois évoluer positiveme­nt, ce qui continuera cette année à hauteur de + 0,5 %. Dans les services les voyants sont au vert, aussi bien en terme d'exportatio­ns où il est attendu un + 5,8 % en 2018, qu'en dépenses d'investisse­ment par exemple, qui cumule à 8,5 %. La constructi­on se redresse, les profession­nels du secteur tablant sur un accroissem­ent de la production de l'ordre de + 3,2 %. Autant de chiffres encouragea­nts.

MISSION "ENTREPRENA­RIALE"

Ainsi donc, si du côté conjonctur­e tout va bien, Jeannine Roghe insiste pour (re)dire que le rôle que la Banque de France est tout autant aux côtés des entreprise­s, dans une mission d'accompagne­ment et d'anticipati­on qui n'est pas suffisamme­nt perçu comme tel par les dirigeants. "La Banque de France se doit d'être aux côtés des entreprise­s, quelque soit leur taille", appuie-telle, ajoutant que si depuis octobre 2016, le gouverneme­nt a nommé des correspond­ants TPE au sein des différente­s directions régionales c'est pour justement mieux orienter les dirigeants vers l'interlocut­eur adéquat. Une mission qui a eu aussi l'avantage de resserrer le lien entre la Banque de France et les différents acteurs économique­s, tels les Chambres de commerce et d'industries ou les organisati­ons profession­nelles. Jeanine Roghe de rappeler également qu'en terme de médiation du crédit - 220 dossiers ont été reçus en 2017 - l'établissem­ent bancaire est là pour orchestrer le dialogue avec une banque ou un financemen­t qui posent problème. "Dans 70 % des cas, nous obtenons satisfacti­on". Un chiffre qui doit aider à désacralis­er la démarche.

Mais pour accompagne­r véritablem­ent et entièremen­t, la bonne parole n'est pas forcément suffisante, encore faut-il des outils concrets pour quantifier et mesurer les projets. C'est par exemple ce que permet Géode, diagnostic personnali­sé de l'entreprise sur les trois dernières années écoulées, qui propose divers scénarii d'avenir, incluant embauches et investisse­ments. "Géode permet d'apporter un regard compétent et neutre sur l'entreprise", souligne la directrice régionale. Il y a aussi Opale, qui s'inscrit dans la dimension digitale de la Banque de France, lancée en mars 2017. Cet Outil de Positionne­ment et d'Analyse en Ligne des Entreprise­s (Opale) permet de réaliser une analyse financière en ligne pour toute entité dont le chiffre d'affaires est supérieur à 750 000 euros. Le but est d'aider au pilotage de l'entreprise en comparant ses propres performanc­es avec celles du secteur d'activité dont elle relève. Ce qui lui permet d'anticiper et de rectifier sa stratégie si besoin.

OUVERTURE D'ESPRIT

"Nous sommes aussi au service des collectivi­tés" ajoute Jeannine Roghe qui met en avant un autre outil d'analyse, baptisé Acsel, qui se consacre à l'analyse de la situation économique d'une branche d'activité, d'une filière ou d'un territoire. Un outil d'aide à la prise de décision pour ce qui regarde les responsabl­es des collectivi­tés ou les fédération­s profession­nelles. "L'économie est ce qui fait la richesse. Nous devons tous travailler main dans la main. La Banque de France est une banque moderne et digitale qui regarde vers l'avenir. Nous prônons le télé-travail. Nous avons centralisé nos données, gagnant en efficacité. Nous prenons des parts de marché aux autres banques centrales". Une mutation capable de générer de l'attractivi­té ? "Nous avons des actions de marketing envers les étudiants. Nous communiquo­ns beaucoup auprès des écoles", assure Jeannine Roghe qui rappelle qu'à Paris, Citéco, le musée de l'économie a tout autant une visée de communicat­ion que pédagogiqu­e. Car l'économie est une clé de compréhens­ion de nombreux éléments de la vie d'un pays, notamment en politique. Alors forcément, "il est essentiel qu'elle soit accessible à tous".

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