La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LA NEOBANQUE N26 NE CONTROLERA­IT PAS ASSEZ L'IDENTITE DES CLIENTS

- DELPHINE CUNY

Le gendarme financier allemand, la Bafin, estime que la procédure d'authentifi­cation par simple photo d'une pièce d'identité n'est pas conforme aux exigences anti-blanchimen­t.

[Article mis à jour à 17h55 avec réaction de N26]

"Un compte courant en 8 minutes" promet N26 sur son site, "garanti sans paperasse". C'est l'une des clés du succès de cette banque mobile allemande, qui revendique plus de 1,5 million de clients en Europe, dont 200.000 en France. Mais sa méthode d'authentifi­cation ne plaît guère à l'Autorité fédérale de supervisio­n financière allemande, la BaFin. La néobanque berlinoise, qui dispose d'une licence bancaire auprès de la Bundesbank et est reconnue comme institutio­n financière par la BCE, risque de devoir revoir le processus d'"enrôlement" des clients : elle propose d'ouvrir un compte en envoyant simplement une photo de sa pièce d'identité depuis un smartphone ou un ordinateur. Or, des tests effectués par le magazine économique "Wirtschaft­swoche" ont montré qu'il est possible d'ouvrir un compte sur N26 avec des faux papiers d'identité.

Cette procédure de contrôle d'identifica­tion n'est "pas conforme aux exigences de la loi sur le blanchimen­t d'argent", considère la Bafin, citée par l'hebdomadai­re allemand. "Ce n'est pas une méthode sécurisée de déterminat­ion de l'identité."

Le régulateur aurait pris les "mesures de surveillan­ce nécessaire­s".

CONTRÔLE PHYSIQUE OU CHAT VIDÉO

En Allemagne, les cartes d'identité doivent être vérifiées avant l'ouverture d'un compte, soit dans une agence, soit dans un bureau de poste via le service Postident de la Deutsche Post, soit via un entretien vidéo. N26 suivrait bien cette procédure (avec vidéo chat) en Allemagne, mais pas dans d'autres pays européens, notamment au Royaume-Uni et au Portugal. Or, le régulateur portugais ne pourrait intervenir contre cet acteur supervisé en Allemagne.

"La sécurité est la priorité de N26" assure la néobanque dans un message. "D'après nos analyses, la méthode de vérificati­on d'identité par photo n'entraîne pas d'augmentati­on du risque de fraude en comparaiso­n avec les autres méthodes de vérificati­on d'identité par appel vidéo ou Post-Ident" affirme-t-elle.

La startup berlinoise insiste sur le fait que, "une fois que l'identité du client a été vérifiée, nous procédons à la surveillan­ce continue des transactio­ns effectuées." En revanche, elle conteste les griefs de l'hebdomadai­re allemand.

"Contrairem­ent aux déclaratio­ns de Wirtschaft­swoche, le recours à la méthode de vérificati­on d'identité par photo, comme le fait N26, est bien légalement autorisé. N26 travaille avec un prestatair­e de services de paiement réglementé, SafeNed, à cet égard."

En France, la Société Générale a lancé en début d'année la possibilit­é de s'authentifi­er par un simple selfie, en s'appuyant sur la technologi­e de reconnaiss­ance faciale et le contrôle par algorithme des pièces d'identité (avec la société française Idemia). Les banques en ligne françaises demandent un premier versement pour valider la demande d'ouverture de compte après télécharge­ment des pièces d'identité scannées.

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