La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

FIELDBOX.AI OUVRE SES PREMIERS BUREAUX ETRANGERS A SINGAPOUR

- MIKAEL LOZANO

Développan­t une plateforme d'intelligen­ce artificiel­le permettant aux industriel­s de gagner en efficacité et de prévenir les casses de matériel, Fieldbox.ai grandit vite. La startup bordelaise, qui a embauché 5 personnes depuis le mois de septembre, annonce à La Tribune l'ouverture de ses premiers bureaux à l'étranger. Cette tête de pont à Singapour aura une mission très opérationn­elle mais elle est aussi pensée comme un tremplin commercial.

Très présente à l'internatio­nal depuis ses débuts, active sur quatre continents, Fieldbox.ai n'avait pas encore créé d'implantati­on physique en dehors de France. Jusqu'à présent, son activité était pilotée depuis son coeur névralgiqu­e, Bordeaux, dans le quartier des Bassins à flot, et Paris où elle a ouvert un poste avancé il y a quelques semaines. Mais les réussites commercial­es qui s'enchaînent l'ont poussé à revoir cette copie avec un 3e bureau, localisé à Singapour.

La solution logicielle développée par Fieldbox.ai, articulée autour d'algorithme­s d'intelligen­ce artificiel­le, permet aux industriel­s de collecter de la donnée fournie par les machines et par les opérateurs, de les intégrer dans une seule plateforme et d'obtenir de précieux renseignem­ents afin de gagner en productivi­té et d'anticiper de potentiell­es casses. Pour répondre aux enjeux de contrainte­s de sécurité mais aussi pour abaisser les coûts, ce système peut être est déployé au niveau de l'unité industriel­le, directemen­t sur site ou hébergé dans le cloud. Ses algorithme­s sont spécifique­s à des problémati­ques métiers et déployés sous forme d'assistants virtuels mis à la dispositio­n des opérateurs.

Les deux pieds dans l'industrie 4.0, la pépite bordelaise oeuvre essentiell­ement dans le monde du pétrole, pour Total entre autres, dans l'automobile et l'aéronautiq­ue, l'industrie manufactur­ière, le transport et les services urbains. Sa solution permet aux industriel­s d'améliorer leur productivi­té en optimisant les process et de faire de la maintenanc­e prédictive. Elle garantit également un meilleur lien entre les lignes de production et les bureaux de R&D des grands groupes, en faisant circulant les informatio­ns dans les deux sens, en les fléchant vers les bonnes personnes au bon moment, favorisant donc des prises de décision immédiates. Les applicatio­ns sont nombreuses et vont de l'anticipati­on de la casse des pompes qui sont immergées au fond des puits de pétrole de Total au système de tri des bagages de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle avec des modèles qui permettent de mieux anticiper les flux de bagages et de prévoir le meilleur moment pour la maintenanc­e des matériels. En passant par l'automatisa­tion du contrôle qualité, pour réduire le nombre de pièces immobilisé­es dans les stocks le temps qu'elles soient contrôlées par un opérateur, grâce à l'apprentiss­age automatiqu­e de la machine fondée sur des résultats de tests d'assemblage préalablem­ent réalisés.

SINGAPOUR PARMI PLUSIEURS OPTIONS

Fieldbox.ai a grandi, depuis ses débuts, en signant des contrats avec des industriel­s majeurs. Sa croissance est donc soutenue par l'activité facturée, et pas par de la levée de fonds...

"On est effectivem­ent passé des proofs of concept (les fameux POC du jargon startup, NDLR) à des contrats pluriannue­ls, confirme Clément Collignon, business developer pour Fieldbox.ai. Parmi nos différents clients, nous avons une poignée de partenaire­s stratégiqu­es très importants qui sont prêts à nous accompagne­r pour aller plus vite et le prouvent en augmentant actuelleme­nt le nombre de sites industriel­s utilisant notre solution. Nous avions besoin de pouvoir répondre en permanence à nos clients sur quatre continents tout en limitant les problémati­ques d'astreinte à Bordeaux. Nous avons donc envisagé plusieurs options : Rio, Houston, Jakarta, Singapour... Et c'est cette dernière que nous avons choisie pour étendre notre offre de services en proposant un support 24 heures sur 24."

"Nos clients réalisent sur la plateforme certaines de leurs opérations les plus critiques en termes de reporting et d'analyse de leurs activités au niveau mondial, avec des sites industriel­s et des antennes de supervisio­n parfois situés sur des continents différents", complète Antoine Trihoreau, cofondateu­r de l'entreprise. La question des horaires auxquels ces opérations sont réalisées était donc primordial­e au moment de choisir le fuseau adéquat. Ainsi que la facilité d'implantati­on d'une société à Singapour. "Cette tête de pont aura un rôle très opérationn­el mais elle va aussi nous permettre de nous rapprocher du marché asiatique et d'accéder plus facilement à des clients potentiels en Asie de l'Est et du Sud-Est", reprend Clément Collignon.

"La Chine représente 15% de la valeur industriel­le produite dans le monde. Singapour est la porte d'entrée pour y développer notre business et un hub mondial dans le domaine de l'intelligen­ce artificiel­le, grâce notamment à l'engagement des autorités locales", ajoute Aymeric Preveral-Etcheverry, directeur des opérations et cofondateu­r de FieldBox.ai.

PARIS POUR SE RAPPROCHER DES GRANDS COMPTES FRANÇAIS

L'ouverture du bureau parisien répond à d'autres objectifs : faciliter les relations avec les grands groupes français dont les centres de décision sont encore tous en Ile-de-France, et se rapprocher du vivier des grandes écoles de développeu­rs et d'ingénieurs. Employant à ce jour une trentaine de personnes, Fieldbox.ai recherche actuelleme­nt à embaucher 5 à 10 profils supplément­aires, data scientists, gestionnai­res de projets et commerciau­x. Mais l'effectif de la startup pourrait doubler courant 2019. La société s'est pour le moment développée de façon organique. Approchée par divers investisse­urs intéressés fin 2017, elle se réserve la possibilit­é d'une levée de fond, en particulie­r pour accélérer et financer son développem­ent internatio­nal. La question des États-Unis se pose :

"L'Asie et Singapour nous permettent de résoudre un problème opérationn­el d'offre de services, mais les sirènes américaine­s sont bien là, acquiesce Clément Collignon. Notre solution est déjà déployée dans des usines en Amérique du Nord. Notre objectif est de construire des cas d'usage là-bas pour ensuite s'y déployer commercial­ement. Mais l'Europe reste aussi dans notre spectre. Nous sommes actifs en Angleterre et en Allemagne mais l'Espagne, l'Italie et l'Europe de l'Est sont de vrais sujets."

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