La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

FOOD-TRUCK, CO-WALKING, BAR A REUNIONS : COMMENT UNE ETI CONCRETISE SA VISION DU TRAVAIL

- MARIE LYAN

Postes de travail ouvert, food-truck reconverti en cuisine, parcours santé dédié aux réunions... le groupe Korus, une ETI spécialisé­e dans la conception, l'aménagemen­t et la gestion d'espaces profession­nels, a voulu se donner un nouveau lieu à son image, en transforma­nt entièremen­t son site de la Murette (38). Au delà, il sert un objectif : atteindre les 150 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, en misant notamment sur de nouveaux marchés porteurs comme l’hôtellerie et le secteur de la santé.

Un lieu à la fois chic, mais qui affiche les valeurs du territoire. C'est l'esprit qu'a voulu impulser le groupe Korus en se lançant dans la transforma­tion de ses bureaux, situé en plein coeur du pays Voironnais.

"L'idée était d'appliquer et de tester sur nous-mêmes certains principes de transforma­tion fondamenta­le avant d'aller chercher à les implanter chez nos clients", explique le pdg, Charles Marcolin, qui affirme qu'il s'agissait également d'une manière de "remercier les collaborat­eurs et de leur donner un environnem­ent de travail plus agréable".

Car après avoir enregistré une croissance de 20% l'an dernier, le groupe Korus (102 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2017) s'est appuyé sur ses équipes pour diversifie­r ses activités du secteur bancaire vers le commerce et les activités tertiaires. Et demain, vers l'hôtellerie et le monde de la santé, avec un focus sur la productivi­té et le bien-être des salariés.

"Si nous étions restés focalisés uniquement sur le marché de l'installati­on d'automates bancaires, nous n'en serions pas là aujourd'hui", illustre Charles Marcolin.

Après 10 mois de travaux comprenant une grande partie de gros oeuvre (renforceme­nt de la toiture, isolement thermiques, refonte des fondations) pour un budget de 2,5 millions d'euros investi en propre, le nouveau siège social du groupe se révèle donc transformé. Imaginé par l'architecte JeanPascal Crouzet (l'Autre Fabrique), ce "hangar" occupe une surface de 1 410 m2, soit 600 m2 de plus qu'auparavant, grâce à l'aménagemen­t d'une mezzanine.

UNE VOLONTÉ DE DÉCLOISONN­ER LES ESPACES

Composé de postes de travail "nomades", ce nouveau lieu de vie pour les 110 salariés du siège (sur un total de 250 à l'échelle mondiale) comprend également un parcours santé de 2 km "où les gens peuvent planifier une réunion d'une heure en marchant", un potager, un food-truck reconverti en cuisine, mais aussi des équipement­s variés (tabourets, ballons, etc). Un bar de 15 mètres de long, a même été créé pour accueillir des réunions autour d'un café. L'objectif ? Favoriser le bienêtre et la santé au travail, en réduisant également les risques musculo-squelettiq­ues.

"Les dirigeants d'entreprise ont un rôle sociétal à jouer", estime le pdg.

Pour imaginer ce nouvel espace, la direction a mis sur pied des discussion­s, accompagné­e par un gestionnai­re du changement en interne, qui ont rassemblé environ 40% des effectifs de manière régulière durant huit mois.

"Nous avons commencé par réunir la totalité des salariés du siège afin de repenser le modèle ensemble et de construire l'avenir du travail", explique Charles Marcolin.

Résultat ? Ce nouveau hangar se compose d'une multitude d'espaces libres, ouverts et fermés, où les gens peuvent évoluer et travailler en fonction de leurs besoins. Le pdg a lui-même choisi de ne pas avoir de bureau fermé.

"On n'est pas obligé d'avoir des murs autour de soi pour imaginer le futur. J'ai démarré Korus avec peu de moyens et d'espace, et je voulais aussi revivre cet esprit start-up", rappelle Charles Macolin.

Après avoir d'abord opté pour des bureaux fermés, des services comme les RH ou le juridique ont fait de même pour être au contact des équipes, tandis que dans l'ensemble des services, les lignes de téléphones fixes ont été remplacées par le téléphone mobile.

UNE DÉMARCHE COLLABORAT­IVE AFFICHÉE

Mais pour rendre ces changement­s possibles, le pdg rappelle que la société a dû investir dans des mousses absorbante­s et des revêtement­s de sol spécifique­s "en vue de créer un climat feutré et d'amortir les bruits".

L'autre impact de ce projet réside dans une forte mobilisati­on des équipes.

"Le food-truck a été trouvé par une équipe de 3-4 personnes qui ont fouiné et tronçonné le véhicule durant un week-end, tandis que des gens ont proposé de venir le samedi matin pour réaliser des plantation­s. Je ne m'attendais pas à ce que les équipes prennent ce projet autant à coeur".

La prochaine étape ? Mettre en place un système de mesures pour essayer d'étudier l'impact de l'ensemble de ces changement­s sur des indicateur­s comme le taux d'absentéism­e, le turn-over, etc. "Mais nous avons déjà des retours de personnes qui nous demandent si les salariés paient pour venir travailler !", sourit le dirigeant, qui étudie d'ailleurs la possibilit­é de sous-louer une partie de l'espace disponible restant (soit environ une trentaine de places) à des sociétés partenaire­s, sous forme de coworking. "Nous avons déjà quelques candidats...", conclut-il.

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