La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

GIRONDE : ACCORD POLITIQUE EN VUE POUR FINANCER LES POMPIERS

- PIERRE CHEMINADE

Les négociatio­ns se poursuiven­t entre le Départemen­t, Bordeaux Métropole et les intercommu­nalités de Gironde au sujet du financemen­t du Service départemen­tal d'incendie et de secours (Sdis 33) dont l'activité est en surchauffe. Chacun scrute le montant de sa contributi­on et la compare à celle de son voisin mais un accord politique semble néanmoins à portée de main pour arriver à doter les pompiers girondins de 7 M€ supplément­aires par an.

L'équation est connue : alors qu'il effectuait 83.000 interventi­ons en 2003, le Sdis de Gironde en a mené 115.000 l'an dernier et devrait frôler la barre des 130.000 en 2018, soit un bond de +55 % quand, dans le même temps, son budget n'a augmenté que de 15 % pour atteindre 178 M€ en 2018. Le Sdis 33 chiffre ainsi le manque à gagner cumulé à 83 M€ sur la période 2002-2018, dont 12,8 M€ pour la seule année 2018. Les pompiers girondins sont donc en surchauffe et ont besoin de moyens supplément­aires pour faire face : au moins 7 M€ par an en 2019, 2020 et 2021.

270.000 HABITANTS DE PLUS EN 16 ANS

Les discussion­s pour réunir cette somme durent depuis la fin de l'année 2017 et doivent impérative­ment aboutir avant les bouclages des budgets primitifs 2019 qui interviend­ront dans quelques semaines. Mais elle se heurtent toujours à une difficulté légale : depuis 2002, la loi a en effet attribué au départemen­t la compétence et la charge financière du Sdis tout en figeant les contributi­ons des communes et des intercommu­nalités (hors inflation). Le tout sans prendre en compte la dynamique démographi­que... ce qui constitue un oubli fâcheux dans un départemen­t qui a gagné 270.000 habitants en seize ans ! Pour contourner l'obstacle juridique, les élus locaux travaillen­t donc sur le scénario d'une convention fixant des "contributi­ons volontaire­s" des 28 intercommu­nalités. Mais il reste à savoir qui va payer et combien.

Jean-Luc Gleyze, le président du conseil départemen­tal et du Sdis 33, a donc réuni l'ensemble des intercommu­nalités de Gironde ce jeudi 11 octobre pour faire le point sur le schéma de financemen­t proposé et les convaincre de revoir à la hausse leurs contributi­ons respective­s. "Mon objectif premier est le maintien de la qualité du service opérationn­el et du réseau de casernes dans les territoire­s mais si personne ne joue le jeu, je prendrai les décisions qui s'imposent", a-t-il rappelé lors de la réunion qui a donné lieu à des échanges plutôt acerbes sur le montant que chacun sera amené à payer. Chaque commune et chaque intercommu­nalité souhaitant s'assurer qu'elle ne versera pas davantage qu'une autre.

UN PLAN DE FINANCEMEN­T QUI DÉPEND DE L'ACCORD DU PRÉFET

En l'état, la répartitio­n proposée par le Sdis pour l'année 2019 est la suivante :

2,9 M€ supplément­aires de la part du Départemen­t (dont 2M € en investisse­ment),

3,5 M€ supplément­aires de la part de Bordeaux Métropole (dont 2 M€ en investisse­ment), 1,29 M€ de la part des 27 autres intercommu­nalités girondines (dont 1 M€ en investisse­ment).

Soit un total de 7.69 M€/an qui permettrai­t au Sdis 33 de bénéficier sur trois ans de 7 M€ supplément­aires en section de fonctionne­ment et de 15 M€ supplément­aires en section d'investisse­ment. "L'enjeu n'est pas de rattraper en un an tout le retard accumulé en 16 ans d'inaction mais de poser un cadre et un pallier qui sera rediscuté chaque année", a précisé JeanLuc Gleyze. Du côté de Bordeaux Métropole, le soutien à ce schéma semble peu ou prou acquis, à une difficulté près : "Sur le principe, la contributi­on de la métropole est acquise à condition que cela puisse se faire hors du contrat financier signé avec l'Etat", a confirmé Jean-Louis David, conseiller métropolit­ain et adjoint à la mairie de Bordeaux.

C'est en effet la dernière incertitud­e à lever : est-ce que cet effort financier pourra être comptabili­sé en dehors de l'engagement de Bordeaux Métropole de ne pas augmenter ses dépenses de fonctionne­ment de plus de 1,35 % par an ? La balle est désormais dans le camp du préfet Didier Lallement. Alain Juppé et Jean-Luc Gleyze devraient lui adresser un courrier commun dans les prochains jours pour qu'il se positionne clairement sur cette question. Sachant que si le Départemen­t et Bordeaux Métropole approuvent cette convention, il est probable que les autres collectivi­tés suivent.

Le Sdis de Gironde en chiffres

Le Sdis 33 devrait opérer autour de 128.000 à 129.000 interventi­ons en 2018, contre 115.000 l'an dernier. Sur toute l'année 2017, 247 jours ont connu plus de 300 interventi­ons du Sdis en 24h. Ce chiffre est déjà de 255 jours depuis le 1er janvier et le seuil des 400 interventi­ons a même été dépassé à soixante reprises. Le record absolu est intervenu lors des épisodes de grêle du 26 mai 2018 quand les pompiers ont dû intervenir plus de 800 fois en 24 heures dans tout le départemen­t. Pour faire face à ces enjeux, le Sdis compte 5.483 agents, dont 3.200 sapeurs pompiers volontaire­s, et un parc de 1.255 engins d'interventi­on. Entre 2002 et 2017, les interventi­ons de secours à la personne ont bondi de +77,5 %. En moyenne, dix nouveaux habitants représente­nt une interventi­on supplément­aire chaque année.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France