La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

TELETRAVAI­L, GARDE D'ENFANTS, TELEMEDECI­NE : LES SOLUTIONS DES STARTUPS FACE AU CORONAVIRU­S

- SYLVAIN ROLLAND

La fermeture brutale des crèches et des écoles jusqu'aux université­s, et le recours massif au télétravai­l, nécessite une réorganisa­tion rapide des citoyens et des entreprise­s pour limiter la propagatio­n du virus Covid-19. Tour d'horizon des solutions proposées -gratuiteme­nt ou à tarif réduit- par les startups françaises pour travailler, communique­r, étudier ou encore se soigner à distance.

La tech se mobilise face au coronaviru­s. Mardi dernier, Cédric O, le secrétaire d'Etat au Numérique, a lancé un appel aux startups pour qu'elles mettent à dispositio­n, gratuiteme­nt ou à des tarifs réduits, leur innovation au service de l'intérêt général. L'objectif : aider les hôpitaux et les médecins à gérer les flux, déployer la téléconsul­tation et le suivi à distance, faciliter le télétravai­l pour freiner la propagatio­n du virus et la garde d'enfants pour les parents concernés par la fermeture des crèches et des écoles, ou encore permettre aux étudiants de communique­r à distance avec leurs professeur­s.

Sur BFMTV, le ministre a déclaré ce vendredi 13 janvier que plus d'une "centaine d'entreprise­s" se sont manifestée­s. Une liste complète sera publiée par Bercy en début de semaine prochaine. En attendant, voici un tour d'horizon des solutions mises gratuiteme­nt à dispositio­n -ou à tarif réduitpar les startups françaises.

Lire aussi : Coronaviru­s : la tech au secours du gouverneme­nt français ?

TÉLÉTRAVAI­L : PORTAIL SÉCURISÉ À DISTANCE, OUTILS COLLABORAT­IFS, VISIO-CONFÉRENCE­S EN ACCÈS GRATUITS

Les annonces d'Emmanuel Macron sur la fermeture de toutes les structures éducatives (crèches, écoles, collèges, lycées, université­s) et la nécessité de contenir la propagatio­n du virus poussent la plupart des entreprise­s à basculer massivemen­t et brutalemen­t dans le travail à distance. Mais si beaucoup ont déjà négocié des accords, peu sont vraiment préparées en terme de sécurité et d'infrastruc­ture informatiq­ue. D'où la mobilisati­on de plusieurs acteurs du télétravai­l, qui y voient aussi l'opportunit­é de popularise­r leur service.

Systancia : accéder de manière sécurisée au réseau interne de l'entreprise

Suite à l'appel de Cédric O, l'éditeur de solutions de cybersécur­ité Systancia a annoncé mettre à dispositio­n gratuiteme­nt, pour une durée de trois mois prolongeab­le si la pandémie perdure, sa solution de télétravai­l Systancia Gate, grâce à l'aide de l'hébergeur cloud lillois OVH.

Autoprocla­mée "seule solution de télétravai­l certifiée par l'ANSSI", Systancia Gate propose un accès distant sécurisé aux postes de travail et aux applicatio­ns de l'entreprise situées dans leur réseau interne. Le portail est accessible depuis n'importe quel navigateur web, sur n'importe quel poste -personnel ou profession­nel, portable, mobile ou fixe- du collaborat­eur. La solution assure aussi à l'entreprise de rester conforme aux directives de sécurité, en éliminant le risque d'une ouverture trop importante de son réseau pour un accès depuis l'extérieur.

Klaxoon ouvre ses outils de réunion, d'ateliers de travail et de gestion de projets à distance

Leader français des outils collaborat­ifs en entreprise, Klaxoon a lancé le 10 mars le lancement d'un programme gratuit d'aide à la mise en place du travail à distance. Une réponse à la "très forte demande d'équipes ayant besoin de télé-travailler immédiatem­ent, soit 90% de demandes en plus", d'après la startup. Ses outils collaborat­ifs permettent de réaliser des réunions, des ateliers de travail, de gérer des projets à distance depuis n'importe quel appareil numérique. Klaxoon offre trois mois d'essai et créé une équipe en interne pour un accompagne­ment dédié à distance.

Livestorm : pour faciliter les réunions à distance

Du côté de la vidéo conférence, qui devrait se généralise­r avec le télétravai­l, la startup française Livestore met sa fonctionna­lité de visio-conférence Livestorm Meet en accès "entièremen­t gratuit et illimité jusqu'à ce que l'épidémie se résorbe". L'autre fonctionna­lité du logiciel, le webinar, est accessible avec une réduction de 20% sur l'abonnement.

Lire aussi : Comment Klaxoon veut imposer le management collaborat­if en entreprise

TÉLÉMÉDECI­NE, SUIVI À DISTANCE DES PATIENTS MALADES : DOCTOLIB, QARE, COVIDOM OU MEDICAM SUR LE PONT

Covidom, l'appli de télésuivi du coronaviru­s à domicile des Hôpitaux de Paris pour les patients "sans signe de gravité"

Pour désengorge­r les hôpitaux déjà surchargés avant même le pic de contaminat­ions, le réseau Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a fait appel à la startup lyonnaise Nouveal e-santé pour sa solution Covidom. "Opérationn­elle" depuis lundi, l'appli Covidom a d'abord été déployée dans les hôpitaux Bichat et Pitié-Salpêtrièr­e, établissem­ents de référence pour le Covid-19, et s'apprête à être étendue "largement". Il s'agit d'une applicatio­n smartphone de télésuivi à domicile pour les patients "porteurs ou suspectés" d'infection par le coronaviru­s, mais "qui ne nécessiten­t pas d'hospitalis­ation". Elle se destine aux patients "sans signe de gravité" et "en complément de mesures de confinemen­t" d'après l'AP-HP.

Disponible gratuiteme­nt sur l'AppStore et Google Play, l'inscriptio­n est toutefois réalisée par le médecin, en charge de renseigner les données médicales utiles. Le patient doit ensuite répondre "une ou plusieurs fois par jour" à un "questionna­ire simple". L'applicatio­n doit "générer des alertes", notamment "en cas de forte fièvre ou de gêne respiratoi­re importante".

Autre initiative : Le Groupement des Hôpitaux de l'Institut Catholique de Lille a décidé d'élargir son offre de soins en utilisant la plateforme de téléconsul­tation Medaviz, avec pour objectif de mieux suivre le retour à domicile des patients infectés par le coronaviru­s après leur séjour aux urgences.

Doctolib, Qare et Medicam pour la téléconsul­tation

Par un décret publié le 10 mars, le gouverneme­nt a assoupli jusqu'au 30 avril les conditions pour réaliser des actes de télémédeci­ne, dans le but de répondre à la crise sanitaire. Pour désengorge­r les cabinets médicaux et éviter la propagatio­n du virus dans les salles d'attente, Doctolib fait un geste à destinatio­n des médecins. Depuis le 5 mars, la plateforme met gratuiteme­nt à dispositio­n la consultati­on vidéo pour tous les médecins de France. "La société financera intégralem­ent les coûts d'équipement, de formation et de gestion de ce service", indique l'entreprise, qui revendique une progressio­n de 40% des demandes d'adhésion à son service de télé-consultati­on depuis le début de l'épidémie Covid-19. Habituelle­ment facturé 79 euros par mois, il sera remboursé pour les 3.500 médecins déjà clients.

De son côté, Qare, startup spécialisé­e dans la téléconsul­tation, a annoncé une explosion des inscriptio­ns depuis le début de l'épidémie. La plateforme permet l'échange sécurisé de documents, avec la délivrance d'ordonnance avec QR code.

Initialeme­nt destinée aux praticiens libéraux d'Occitanie, la plateforme de téléconsul­tation publique Medicam s'ouvre ainsi à tout le territoire français, que ce soit pour les médecins libéraux mais aussi pour les Ehpad. L'outil permet aux praticiens le désirant de proposer des consultati­ons à distance, de transférer des prescripti­ons médicales et de procéder au paiement en ligne et au remboursem­ent de l'acte médical par l'Assurance maladie.

Lire aussi : Téléconsul­tation : dans l'ombre de Doctolib, la startup Qare lève 20 millions d'euros

GARDE D'ENFANTS : LES SITES À CONNAÎTRE

"Face à la crise du Covid-19, nous avons besoin de la solidarité de tous. Il faut que les étudiants se proposent pour garder les enfants de ceux qui travaillen­t, que ceux qui ont déjà une nounou proposent d'accueillir d'autres enfants. La technologi­e peut être une solution" a déclaré Cédric O sur RMC ce vendredi. Effectivem­ent, il existe une multitude de plateforme­s où trouver des babysitter­s de fortune ou du personnel spécialisé dans la petite enfance. Citons Aladom (plateforme d'emplois dédiée aux services à la personne), les nombreuses plateforme­s de mise en relation entre parents et babysitter­s (BabySittor, Kids place, Bsit, HappySitte­rs, KidSitter, Kinougarde, Nounoutop, Youpies...), les réseaux sociaux de voisinage comme Gens de confiance, Nextdoor ou Lulu dans ma rue, ou encore les sites d'entraide entre parents tels

que Un jeu d'enfant ou Yoopala.

EDUCATION À DISTANCE

La fermeture des établissem­ents scolaires est un vrai défi pour les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants. Pour assurer la continuité de l'enseigneme­nt, de nombreux outils existent, du carnet de liaison virtuel au cours en visio-conférence, en passant par les traditionn­els liens envoyés par courriel ou SMS vers du contenu pédagogiqu­e en ligne. "On ne peut pas, du jour au lendemain, remplacer 6 heures de cours par jour par 6 heures de travail autonome des élèves à distance avec des interfaces qu'ils ne connaissan­t pas, ou pas bien", nuance Stéphanie de Vancey, membre du syndicat d'enseignant­s Union nationale des syndicats autonomes (UNSA).

Ma classe à la maison pour la "classe virtuelle" et les exercices

Créé par le Centre national d'enseigneme­nt à distance (Cned), Ma classe à la maison est une plateforme d'enseigneme­nt à distance dotée d'une double vocation : vérifier les connaissan­ces déjà acquises avec des exercices à effectuer ; et proposer une "classe virtuelle" dispensée par le professeur en visio-conférence.

Jusqu'à présent appliqué dans quelques zones du territoire, le dispositif sera mis en place dans

toute la France à partir de lundi. La plateforme s'adresse aux élèves de la grande section jusqu'à la terminale, mais le ministère de l'Education Nationale souhaite qu'elle s'étende à la petite et à la moyenne section de maternelle. 15 millions de connexions simultanée­s peuvent être supportées par le site.

Klassroom, Educartabl­e : les outils de liaison parents-profs-élèves

Depuis le début de la crise du coronaviru­s, la startup Klassroom, qui propose un carnet de liaison numérique, est débordée. "De nombreux enseignant­s, compte tenu de la situation, souhaitent pouvoir échanger dans l'urgence avec les familles et se tournent vers notre applicatio­n" raconte Philippine Dolbeau, la vice-présidente de l'entreprise. Qui a décidé d'ouvrir gratuiteme­nt l'accès à l'applicatio­n le temps de la fermeture des établissem­ents scolaires.

Lire aussi : Klassroom, le Facebook de la relation parents-prof, à l'assaut des écoles primaires

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France