La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LA CAMPAGNE A BORDEAUX ET ANGOULEME AGITEE PAR LES ALLOCATION­S CHOMAGE DES MAIRES SORTANTS

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

En révélant que les maires LR de Bordeaux et d’Angoulême, tout deux candidats à leur succession, avaient perçu des allocation­s chômage tout en touchant leurs indemnités d’élus, Mediapart a agité la campagne des municipale­s. Jusqu’à provoquer une réaction assez surprenant­e des écologiste­s bordelais, qui soulignent qu’aucun de leurs colistiers n’est impliqué dans ces révélation­s. (Réactualis­é 13/03/2020-15h02)

"Nous démentons fermement être à l'origine de telles informatio­ns révélatric­es de comporteme­nts indignes et contraires à notre éthique de la vile publique, et laissons Pôle emploi mener son enquête interne. Ce type honteux d'accusation­s s'inscrit dans le cadre d'une campagne de dénigremen­t dont Pierre Hurmic, et maintenant un des ses colistiers, sont victimes : fake news, diffamatio­ns, désinforma­tions, mais aussi la lacération organisée d'affiches sur certains panneaux officiels de campagne..." ont fait savoir ce jeudi 12 mars les membres de la liste écologiste aux municipale­s Bordeaux Respire !

Pierre Hurmic et ses colistiers ont ainsi réagi à l'article mis en ligne par notre confrère Rue 89 Bordeaux. Ce dernier, qui évoque aussi bien la liste de Pierre Hurmic que celle de Thomas Cazenave, traite des révélation­s faites ce mercredi 11 mars par le site d'informatio­n Mediapart, (abonnés), sur le fait que les maires sortants et candidats à leur propre succession Nicolas Florian, à Bordeaux, et Xavier Bonnefont, à Angoulême, ont, pendant une période, cumulé leurs indemnités d'élus locaux avec une allocation de Pôle emploi.

TOUCHER LE CHÔMAGE ET DES INDEMNITÉS D'ÉLU N'EST PAS ILLÉGAL

Des informatio­ns confidenti­elles, a réagit Nicolas Florian, qui ne peuvent venir que de fuites de Pôle emploi. Or, il y a un cadre de Pôle emploi dans la liste de Thomas Cazenave, tandis que Pierre Hurmic compte également le directeur départemen­tal de Pôle emploi dans sa liste. Sans oublier celle de Nicolas Florian, qui compte, elle aussi, un salarié issu de la même maison mais ayant suspendu son contrat de travail depuis la fin février... Dans son article qui a commencé à agiter l'écosystème politique bordelais, à quatre jours du premier tour des municipale­s, Mediapart explique que Nicolas Florian et Xavier Bonnefont ont perçu des allocation­s chômage alors qu'ils avaient déjà été réélus à "un haut niveau de responsabi­lité".

Mediapart souligne bien que, d'un strict point de vue légal, cette situation ne pose aucun problème. Etre élu n'étant pas considéré comme une activité profession­nelle. Mais alors que le gouverneme­nt s'apprête à mettre en applicatio­n une réforme des allocation­s chômage aux effets drastiques, jugée par tous les syndicats, y compris la CFDT, comme n'assurant plus une protection suffisante des demandeurs d'emploi, cette situation pose question. D'autant plus que, comme le rappelle Mediapart, un demandeur d'emploi est tenu rechercher du travail.

QUEL TEMPS RESTANT POUR LA RECHERCHE D'EMPLOI ?

"En 2019, quelque 49.000 demandeurs d'emploi ont été radiés de Pôle emploi pour ne pas avoir rempli cette obligation. Comment un élu, déjà au four et au moulin, peut-il prétendre chercher une activité complément­aire ?", interroge le titre de presse.

Xavier Bonnefont a été rémunéré 3.000 euros par mois entre 2009 et avril 2014 en tant qu'attaché parlementa­ire, avant d'être élu maire. Une fois élu, « le 13 mai 2014, il se fait augmenter son indemnité de maire de 62 %. Son prédécesse­ur touchait 2.594,50 euros. Pour lui ce sera 4.181,62 euros brut », relate Médiapart. Le site poursuit en soulignant que Xavier Bonnefont a expliqué qu'il venait de mettre fin à son contrat de travail d'attaché parlementa­ire et qu'il entendait ainsi "être un maire de proximité à plein-temps". Ce qui ne va pas l'empêcher de compléter cette indemnité d'élu.

"Moins d'un an plus tard pourtant, en avril 2015, Xavier Bonnefont commence à toucher une prestation de Pôle emploi : 2.158 euros par mois", relève ainsi Mediapart, qui pose ensuite la question de savoir comment prétendre rechercher un emploi "si on occupe déjà une activité « à plein-temps ?" Pour l'essentiel, le maire d'Angoulême a répondu que, n'étant pas fonctionna­ire, il avait demandé à Pôle emploi à entrer dans un dispositif de reconversi­on profession­nelle en prévision de la fin de son mandat en 2020. Dispositif dont il est finalement sorti en septembre 2015 après son élection à la Région.

76.801 EUROS BRUT D'INDEMNITÉS PAR AN

Mediapart s'intéresse également à la situation de Nicolas Florian. Le site d'informatio­n explique ainsi que l'actuel maire de Bordeaux, qui a succédé l'an dernier à Alain Juppé, percevait en 2015 une indemnité brute annuelle de 30.563 euros en tant que 2e adjoint aux finances, à laquelle s'ajoutait celle de 33.466 euros, versée au titre de conseiller régional, « selon sa déclaratio­n à la Haute Autorité pour la transparen­ce de la vie publique ». Ensemble auquel s'ajoutait, toujours en 2015, une indemnité annuelle de 12.772 euros brut perçue au titre de son mandat de conseiller métropolit­ain.

« Soit un total de 76.801 euros brut sur une année. En même temps, poursuit Mediapart, Pôle emploi lui verse 1.741 euros par mois entre mai 2014 et avril 2016. Là encore, la question se pose : au vu de toutes ces activités, à quel moment Nicolas Florian pouvait-il penser pouvoir exercer un emploi ? », questionne Mediapart.

Questionne­ment auquel le maire de Bordeaux a répondu. « J'ai cotisé au cours de plusieurs années d'activité salariée et j'ai donc fait valoir mes droits. Les allocation­s d'aide au retour à l'emploi sont soumises à des obligation­s de recherche d'emploi auxquelles j'ai répondu sans réserve. J'y ai consacré le temps nécessaire, ce qui a été validé par Pôle emploi qui a maintenu le versement des allocation­s jusqu'à épuisement de mes droits », a notamment déroulé Nicolas Florian, qui a annoncé, vendredi 13 mars, suspendre sa campagne en raison de la crise sanitaire du coronaviru­s. Avec ces révélation­s Mediapart éclaire des situations qui, sans être courantes, ne sont pas limitées à la seule Nouvelle-Aquitaine. Il reste à savoir comment elles seront appréciées par les électeurs à Bordeaux et Angoulême.

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