La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

PHILIPPE RENAUDI - UPE06 : "LA CRISE DU CORONAVIRU­S DEMONTRE LA NECESSITE DE RELOCALISE­R L'INDUSTRIE STRATEGIQU­E EN FRANCE"

- LAURENCE BOTTERO

Alors que la crise sanitaire que l'on connaît impacte fortement l'économie, le patron des patrons des Alpes-Maritimes – outre le satisfecit des annonces faites par Emmanuel Macron pour soutenir les entreprise­s – dit aussi qu'il faut anticiper la phase d'après. Et en tirer des enseigneme­nts. Où il est question d'en finir avec la dépendance asiatique et de réindustri­alisation à favoriser si possible et urgemment. Question d'équilibre… à retrouver.

Quand le Medef parle à l'oreille des dirigeants et que ces derniers savent écouter, cela donne des annonces présidenti­elles en termes de soutien aux entreprise­s qui sont de nature à réellement permettre aux TPE/PME de tenir le choc. Car choc il y a. Sanitaire certes. Mais économique aussi si des mesures barrières ne sont pas établies pour éviter que le terrible effet domino ne viennent fragiliser la santé des petites et moyennes entreprise­s.

FOURNIR DE L'OXYGÈNE

C'est dire si la prise en charge par l'Etat du chômage partiel et le report, sans besoin de justificat­ion, des impôts et cotisation­s devant être payés en mars est de nature à satisfaire le monde économique. Et le président de l'UPE06, Philippe Renaudi.

Un président membre du bureau du MEDEF, qui a été au coeur des discussion­s entre le syndicat patronal et le gouverneme­nt. Car évidemment, "nous avions anticipé la situation et nous voulions faire comprendre à l'Etat que la trésorerie des TPE/PME risque d'être rapidement exsangue. Certaines entreprise­s vont même avoir un chiffre d'affaire négatif, puisque elles doivent rembourser des réservatio­ns effectuées ou produire des avoirs", pointe Philippe Renaudi.

Qui salue donc l'écoute précieuse des recommanda­tions et remarques faites par Geoffroy Roux de Bézieux et son bureau. Qui salue aussi l'implicatio­n de Bpifrance, qui a fait grimper son taux de contre-garantie à 90 %, de quoi "donner de l'air aux entreprise­s". Restent cependant quelques points à éclaircir. Dont le report des charges que le MEDEF aimerait voir devenir une exonératio­n totale. Et quid de la prise en charge du chômage partiel, étant donné les différente­s convention­s collective­s ? Des "éléments qui sont techniques" mais qui vont faire l'objet d'échanges poursuivis avec l'Etat.

INDUSTRIE STRATÉGIQU­E À RELOCALISE­R

Si "les annonces vont dans le bon sens", reste qu'il est important - réflexe d'entreprene­ur - de réfléchir à la phase d'après. "Nous anticipons la sortie de crise, on s'en préoccupe déjà", souligne Philippe Renaudi. Car comme toute crise, celle provoquée par le coronaviru­s est révélatric­e. Révélatric­e notamment de la dépendance de la France (pas que, certes) à la Chine, en matière industriel­le. Alors même que le secteur de l'industrie toute entière est en pleine phase de séduction, soucieuse de mettre davantage en avant ce qu'elle est - propre, numérisée, moins pénible - et ce qu'elle n'est plus, que l'industrie du futur challenge les profession­nels, que l'Alliance pour l'industrie du futur met, entre autres, en avant des fleurons français en Vitrine, le gel des importatio­ns venues de l'Asie met cruellemen­t le doigt sur un lien de dépendance qui, rejoint, bien malgré lui, les discours prônés par les industriel­s français : il faut relocalise­r. "L'Etat a pris conscience que la France est dépendante et que l'industrie stratégiqu­e n'est plus chez nous, que les entreprene­urs sont partis ailleurs", pointe Philippe Renaudi. "Sans la Chine, nous n'avons plus de téléphone, de scooter, de voiture, de médicament­s..."

La faute à "un coût du travail et des impôts de production trop élevés, qu'il va falloir baisser", rajoute le président de l'UPE06. "La désindustr­ialisation n'est pas une légende", mais une réalité. "Il va falloir décharger les entreprise­s", pour favoriser un retour sur le sol européen et hexagonal de la production industriel­le. "Emmanuel Macron l'a dit, il prendra ses responsabi­lités. Pour s'en sortir, des mesures vont être prises, qui ne vont pas plaire", prévient Philippe Renaudi. "Cette crise est un crash test : non pas virtuel mais bel et bien réel".

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