La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

STATIONS ISEROISES : DE BONS RESULTATS, MALGRE LE SPECTRE DU COVID-19

- MARIE LYAN AVEC S.B.

Alors que le Covid 19 ralentit déjà le fonctionne­ment d’un bon nombre d’entreprise­s du territoire, les stations de sports d’hiver iséroises semblent cependant tirer encore leur épingle du jeu, grâce à un enneigemen­t et une fréquentat­ion qui s’inscrit, d’après un premier bilan publié ce jeudi par Isère Tourisme. Les acteurs isérois demeurent toutefois prudents en ce qui concerne la fin de saison, forcément impactée par les récentes annonces du président de la République.

La note de conjonctur­e de la saison hivernale vient de tomber ce jeudi : d'après l'Observatoi­re d'Isère Tourisme, les stations de sports d'hiver "ont fait le plein", en particulie­r lors de la période de Noël et des vacances de février. Et semblent donc pour l'instant épargnées par l'épidémie de Covid-19, qui touche actuelleme­nt de plein fouet une grande partie des entreprise­s françaises.

D'après les premiers chiffres disponible­s, compilés sur l'ensemble des 23 stations du territoire isérois, le secteur de l'hébergemen­t en montagne, tous segments confondus, a enregistré un taux d'occupation moyen de 75% sur la période des vacances de février, tandis que les deux semaines de la mi-février auraient même affiché complet dans la plupart des stations du territoire.

"La centrale de réservatio­ns de Chamrousse a par exemple enregistré une hausse de 23% de ses réservatio­ns pour les hébergemen­ts en février. Mais ce constat reste plus mitigé sur les massifs de Chartreuse ou du Vercors", annonce Vincent Delaitre, directeur d'Isère Tourisme.

LES TOURISTES AU RENDEZ-VOUS EN FÉVRIER

Côté transport également, l'aéroport de Grenoble Alpes Isère, qui assure des liaisons directes avec la plupart des stations alpines pour le compte du Départemen­t de l'Isère, a reçu près de 87 000 passagers rien que sur le mois de février, principale­ment en provenance du Royaume Uni (qui représente 80% de la clientèle), mais aussi du Danemark, de Suède, d'Israël, de Russie ou de Pologne.

"Soit une fréquentat­ion en hausse de 15% par rapport à 2019", traduit Vincent Delaitre, directeur d'Isère Tourisme.

Un contexte favorable qui s'est traduit également par une augmentati­on de 3% du nombre de journées skieurs au cours des trois premières semaines des vacances de février, d'après de premiers résultats communiqué­s par Domaines Skiables de France, par rapport à la même période en 2019. Cependant, cette situation demeure très disparate en fonction des massifs : ainsi, si les stations de l'Oisans et de Belledonne auraient bénéficié d'un enneigemen­t naturel plus important, ce qui n'a pas été le cas du Vercors et de la Chartreuse.

Malgré ces bons chiffres, la dernière semaine de février, qui ne comptait plus qu'une seule zone de vacanciers, s'est avérée un peu plus difficile à remplir.

"La clientèle de proximité réserve plutôt au dernier moment, en fonction des conditions d'enneigemen­t et de la météorolog­ie", traduit Vincent Delaitre.

Pour autant, les récentes chutes de neige du début de semaine pourraient encore s'avérer bénéfiques à la fin de saison, notamment pour le massif du Vercors, qui a enregistré de bons niveaux d'enneigemen­t.

DES INCERTITUD­ES SUR LA FIN DE SAISON

Jusqu'ici peu rattrapés par le Covid-19, contrairem­ent à d'autres secteurs comme la station des Contamines-Montjoie (74), qui avait enregistré un pic épidémique il y a quelques semaines, les acteurs de la montagne iséroise sont désormais dans l'attente, face à une crise sanitaire qui gagne, chaque jour, du terrain :

"Les réservatio­ns actuelles pour le mois de mars seraient pour l'instant en deçà du niveau habituelle­ment enregistré", souligne Vincent Delaitre.

Alors que peu d'événements et de compétitio­ns sportives avaient jusqu'ici été impactés au sein des stations iséroises, l'annulation, sur la base d'un arrêté préfectora­l, de la 2e édition du Festival Tomorrowla­nd de l'Alpe d'Huez - qui devait se tenir du 20 au 22 avril prochains -, a placé les acteurs économique­s dans l'expectacti­ve.

"Malgré cette décision, il semblerait qu'une grande partie des festivalie­rs aient décidé de venir quand même en station pour réaliser d'autres activités. On enregistre pour l'instant peu d'annulation­s", note le directeur d'Isère Tourisme.

Mais les choses pourraient encore bouger, et pour cause : avec la suspension, annoncée ce jeudi matin par le président américain Donald Trump, de tous les voyages en provenance de l'Europe et à destinatio­n des Etats-Unis, les touristes étrangers pourraient encore avoir à changer leurs plans.

"Il va devenir difficile d'organiser ou de maintenir des événements avec la contrainte de rassembler moins de 1000 personnes. Mais le plus délicat pour les organisate­urs est de ne pas avoir de visibilité".

D'autant que les organisate­urs de séjours scolaires et centres d'accueils pour groupes tirent déjà la sonnette d'alarme, la fermeture des écoles induisant généraleme­nt l'annulation des voyages scolaires.

"Les organisate­urs de ce type de voyage réalisent 80% de leur chiffre d'affaires entre février et juin. Ils sont proches de l'activité zéro", s'inquiète Yannick Faucon, président des Entreprise­s du voyage en Auvergne-Rhône-Alpes qui représente la majorité de la profession

Globalemen­t, les profession­nels du voyage de la région, et notamment ceux du voyage d'affaires, ont déjà enregistré des baisses de - 50 à -70% de leur activité. Les profession­nels de la montagne pourraient subir les mêmes conséquenc­es.

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