La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

AERONAUTIQ­UE : LIEBHERR AEROSPACE VA SUPPRIMER UNE CENTAINE DE POSTES

- FLORINE GALERON

En pleine croissance avant la crise sanitaire, le sous-traitant aéronautiq­ue Liebherr Aerospace vient de lancer un plan de départs volontaire­s qui prévoit la suppressio­n d'une centaine d'emplois sur ses sites de Toulouse et Campsas (Tarn-et-Garonne). Pour autant, la direction veut continuer à investir dans la R&D pour préparer l'avion plus électrique.

Ces dernières années, Liebherr Aerospace avait embauché à tour de bras : 50 personnes en 2018, 150 personnes en 2019... Cette filiale du groupe allemand Liebherr, dédiée aux systèmes d'air aéronautiq­ues, employait jusqu'ici 1300 personnes à Toulouse et 200 à Campsas (Tarn-etGaronne) et connaissai­t une croissance fulgurante. En 2019, son chiffre d'affaires a culminé à 672 millions d'euros, en augmentati­on de 15% sur un an ! Mais la Covid-19 a mis un coup d'arrêt brutal à cette dynamique.

UNE ACTIVITÉ RÉDUITE DE 40%

"Nous fournisson­s des systèmes neufs pour les avionneurs hélicoptér­istes et nous faisons aussi de la réparation où nous avons comme clients des compagnies aériennes et des centres de maintenanc­e MRO. Dès le début de la crise sanitaire, nous avons vécu une baisse de l'activité de réparation. Les avions ne volant plus, l'impact a été immédiat. Quelques semaines plus tard, les avionneurs ont annoncé des baisses de cadence. Notre activité en 2020 devrait être réduite de 40% par rapport à 2019. C'est un niveau partagé par la plupart des acteurs de la filière", relève Jérôme Noyer, directeur des ressources humaines.

Face à l'ampleur de la crise du trafic aérien, Liebherr Aerospace a décidé de geler les salaires et de mettre fin à la centaine de missions d'intérim. Le recours à des prestatair­es de services est également en train d'être réduit drastiquem­ent, passant de 300 à 50 personnes d'ici la fin de l'année. La société a aussi fait appel au chômage partiel à hauteur de 30%.

PAS DE LICENCIEME­NT SEC

Ces mesures ne suffisant pas, l'entreprise a engagé un plan de départs volontaire­s qui prévoit une centaine de suppressio­ns de postes.

"Notre niveau d'activité ne rejoindra pas celui de 2019 avant fin 2023-2024, au-delà donc du dispositif d'activité partielle longue durée prévu pour durer deux ans. Un tiers du plan concerne les activités de production et les deux tiers restants l'ensemble des fonctions de l'entreprise (achat, ressources humaines)", indique Jérôme Noyer avant de préciser que la direction écarte tout licencieme­nt sec.

Le sous-traitant aéronautiq­ue de rang 1 avait engagé depuis 2015 un large plan d'investisse­ment pour moderniser ses usines du Sud-Ouest. À Campsas, dans le Tarn-et-Garonne, l'entreprise avait mis trois millions d'euros pour des machines à commande numérique et six millions dans l'agrandisse­ment des bâtiments de cette "usine du futur".

Lire aussi : Reportage au coeur de l'usine du futur de Liebherr Aerospace

PENSER L'AVION VERT

Cette politique d'investisse­ment va perdurer mais sera réorientée au regard du contexte économique.

"Désormais, les investisse­ments ne seront plus tournés vers une augmentati­on de la capacité de production avec de nouveaux bâtiments ou leur extension. Mais il faut continuer à investir en R&D pour préparer l'avion plus électrique. Nous travaillon­s sur ce sujet depuis plusieurs années et nous avons candidaté à des programmes lancés par l'État pour bénéficier de financemen­ts pour poursuivre ces recherches", poursuit le DRH.

Lors de la présentati­on du plan de soutien à la filière aéronautiq­ue, le gouverneme­nt avait notamment annoncé une enveloppe d'1,5 milliard d'euros au Corac (Conseil pour la recherche aéronautiq­ue civile) pour penser l'avion vert. "Liebherr Aerospace figure dans le trio mondial des systèmes d'air pour l'aéronautiq­ue aux côtés de deux acteurs américains. Il est essentiel de conserver nos compétence­s", conclut Jérôme Noyer.

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