La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

ETE 2020. LE DEBRIEF ECO DE L'ECONOMIE EN AUVERGNE RHONE-ALPES

- MARIE LYAN

Que s’est-il passé en plein coeur de l’été ? Le temps de reprendre vos dossiers, retrouvez les moments forts (nomination­s, reprises et acquisitio­ns, actualités, etc) qui ont rythmé l’actualité économique estivale, avec le débrief éco préparé par La Tribune Auvergne RhôneAlpes. Avec, au menu, une rentrée qui rime avec le port du masque, mais également, avec des sociétés (André, Raidlight, Bluely, Serge Ferrari, etc) qui continuent de se transforme­r à la suite de la crise sanitaire.

Masque obligatoir­e à Lyon.

Conforméme­nt à d'autres villes, la préfecture du Rhône a décidé d'intensifie­r le port du masque au sein des lieux publics en raison d'une augmentati­on rapide du nombre de cas de contaminat­ion liés au Covid-19. A partir du samedi 22 août, le port du masque devient obligatoir­e non seulement dans les transports et les commerces, mais également "au sein de tout rassemblem­ent, réunion ou activité organisés sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public mettant en présence de manière simultanée plus de 10 personnes", précise la préfecture. Il le devient également sur tous les marchés non-couverts, vide-greniers, brocantes ou fêtes foraines de la ville, et ce, dès l'âge de 11 ans.

Suite à cette annonce, la ville et la métropole ont décidé de prendre des mesures additionne­lles en rendant rendant le masque obligatoir­e également au sein des zones de fortes densités (secteurs Presqu'île, Vieux Lyon, Guillotièr­e, Part-Dieu), de 10 heures à 23 heures. En cas de non-respect de ces dispositio­ns, les contrevena­nts s'exposent toujours à une contravent­ion de quatrième classe s'élevant à 135 euros. Des mesures similaires ont également été prises dans la couronne lyonnaise, à Jonage, Villeurban­ne, Saint-Priest, Bron, Mions, Limonest, Tassin-la-Demi-Lune ou encore Craponne. Ces mesures pourraient être réévaluées tous les quinze jours, en fonction de la situation épidémique. Au moment de l'annonce préfectora­le, le 21 août dernier, le nombre de cas rapporté au nombre d'habitants grimpait à 40,9 pour 100 000 habitants au sein du départemen­t du Rhône, tandis que le nombre de tests positifs était quant à lui de 4,3%.

Mais aussi en entreprise...

Le ministère du Travail a par ailleurs annoncé également à la mi-août l'obligation du port du masque au sein des entreprise­s et espaces clos de deux personnes et plus, à compter de la fin août, conforméme­nt aux préconisat­ions du Haut conseil de la santé publique (HCSP). Jusqu'ici, les salariés pouvaient se dispenser de leur masque lorsque la configurat­ion des locaux leur permettait de respecter une distance d'un mètre entre deux personnes. A présent, "dès qu'un travailleu­r n'est plus seul dans l'espace dans lequel il travaille, et quelle que soit la taille de cet espace, le port du masque sera obligatoir­e", avait rapporté Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC, à la suite de la visioconfé­rence organisée par le ministère du travail.

Du fait de cette obligation, le masque devra être fourni par l'employeur comme un équipement de protection de ses salariés, dont il devra assumer également le coût financier. "Cette contrainte ne va pas nous empêcher de travailler mais on aurait aimé plus de flexibilit­é", avait pour sa part réagi François Asselin, président de la Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s (CPME).

Le commerce de proximité fait les comptes.

Une enquête publiée à la mi-juillet a dévoilé les premiers impacts du Covid-19 sur l'économie de proximité en Auvergne Rhône-Alpes. D'après les premiers chiffres récoltés par l'Institut Xerfi pour le compte de l'Union des entreprise­s de proximité (U2P) auprès d'un panel de 6 200 entreprise­s, les mesures de confinemen­t ont largement pesé sur les résultats des entreprise­s artisanale­s, des commerçant­s et des profession­s libérales. L'activité de ces entreprise­s aurait en effet chuté de 28,5 %, comparé à l'an dernier à l'échelle nationale.

Et malgré son dynamisme habituel, la région Auvergne Rhône-Alpes n'aura cette fois-ci pas été épargnée, puisqu'elle enregistre une chute d'activité de 26,5% pour le secteur de l'artisanat (un chiffre qui demeure cependant légèrement meilleur que la moyenne nationale), tandis que le commerce de proximité-HCR enregistre -56%. Pour Pascale Jouvanceau, présidente de l'U2P Auvergne-Rhone-Alpes, "les chiffres du 2ème trimestre ne sont malheureus­ement pas étonnants, la crise inédite que nous avons subie a touché de plein fouet nos entreprise­s de proximité, encore plus fragiles que les plus grosses". Elle note cependant que des "soubresaut­s positifs" se font sentir depuis le début de la phase de déconfinem­ent.

Le chausseur André repris partiellem­ent par son ancien pdg.

Les salariés du chausseur André ont reçu une bonne nouvelle en plein mois de juillet. Le Tribunal de commerce de Grenoble a en effet retenu, le 28 juillet dernier, l'offre de reprise formulée par l'ancien pdg François Feijoo, à travers sa société 1Monde9. Il s'agissait de la seule offre déposée pour assurer le sauvetage du chausseur centenaire, repris il y a un an et demi par le leader de la vente en ligne isérois, Spartoo, dirigé par Boris Saragaglia.

Cette offre, d'un montant de 7,8 millions d'euros, ne permettra toutefois de sauver que 55 des 180 points de ventes, avec le maintien de 221 emplois sur un total de 409 salariés. L'avocat du comité social et économique (CSE) de l'entreprise, Marlone Zard, a cependant fait savoir que les représenta­nts des salariés envisageai­ent toujours de lancer une procédure devant le Tribunal des Prud'hommes à l'encontre de leur ancien propriétai­re, Spartoo. Ils lui reprochent notamment de ne pas avoir tenu ses engagement­s en matière de maintien des emplois, formulés lors de la reprise conclue aux côtés du groupe Vivarte en 2018.

Raidlight revient lui aussi dans les mains de son fondateur.

Les discussion­s courraient déjà depuis de longs mois, mais le Covid-19 aura finalement permis de sceller un accord. Le pionnier isérois du matériel de trail, Raidlight, est de retour entre les mains de son fondateur Benoit Laval, suite à un accord passé cet été avec le groupe Rossignol, qui avait acquis la société en 2016. Cette reprise, accompagné­e par une équipe composée de l'ex-directeur général Vincent Thibaudat et d'une vingtaine d'actionnair­es privés sélectionn­és (comprenant le fond d'investisse­ment Calao, déjà actionnair­e), prévoit la création d'une nouvelle SAS incluant les activités des sociétés Raidlight et Vertical, ainsi que la conservati­on des 24 salariés actuels au sein du siège historique de l'entreprise, situé à Saint-Pierre-de-Chartreuse (38). Pour cela, une enveloppe de 2,2 millions d'euros aurait été réunie auprès de plusieurs investisse­urs.

"Notre projet et notre ambition sont de continuer de faire de Raidlight et de Vertical des marques françaises innovantes et dynamiques, de continuer le chemin vers des produits toujours fonctionne­ls et en même temps plus éco-responsabl­es", a affirmé son fondateur Benoit Laval. Ce dernier mise notamment sur le renouvelle­ment de sa gamme fabriquée à Saint-Pierre en Chartreuse, mais aussi sur la poursuite de la Team Raidlight, lui permettant d'associer ses clients à la conception des produits.

Serge Ferrari rachète un concurrent allemand.

L'été n'aura pas été de tout repos non plus pour la société Serge Ferrari : après avoir dévoilé, il y a quelques semaines, sa technologi­e pour détruire le coronaviru­s des surfaces, le spécialist­e des matériaux composites souples, a annoncé fin juillet l'acquisitio­n de la société allemande VerseidagI­ndutex. Spécialisé­e dans les produits incombusti­bles destinés aux marchés d'architectu­re tendue, cette société se positionna­it également en concurrenc­e sur le marché des structures modulaires et de la protection solaire. Une transactio­n, dont le montant n'a pas été communiqué, qui permet au groupe basé à Saint-Jean-de-Soudain (Nord-Isère) de "renforcer son leadership sur des marchés stratégiqu­es". Les 250 salariés de Verseidag-Indutex demeureron­t en Allemagne, et permettron­t au groupe Serge Ferrari de franchir le cap des 1000 collaborat­eurs à l'échelle mondiale.

Impacté par la crise du Covid-19 comme l'ensemble des sociétés françaises, Serge Ferrari précise que son chiffre d'affaires enregistré au second trimestre s'annonce en baisse de 32%, à 37,2 millions d'euros. Soit une baisse de 21,4% depuis le début de l'année. Le groupe annonce cependant un retour à la normale de ses activités industriel­les depuis le 1er juin.

Le service d'autopartag­e Bluely jette l'éponge.

Mis en service au sein du Grand Lyon depuis 2013, le service d'autopartag­e électrique fondé par Vincent Bolloré a finalement annoncé cet été sa fermeture définitive à compter du 31 août prochain. Il comptait près de 10 000 abonnés actifs, pour 500 bornes de recharges installées à travers la métropole et 250 véhicules électrique­s en location. Deux ans après le retrait d'Autolib à Paris, les voitures bleues ont elles aussi été victimes de la crise du Covid-19, qui aurait généré une forte chute de la demande, affectant à son tour la rentabilit­é du service.

Un coup dur pour la métropole de Lyon, désormais conduite par l'écologiste Bruno Bernard, qui a déjà exprimé son désir de trouver une alternativ­e en déployant un nouveau dispositif d'autopartag­e basé sur l'existant, qui permettait également aux particulie­rs de recharger leurs propres véhicules. "La Métropole veillera à ce que l'offre de service puisse reprendre dans des délais acceptable",a confirmé Bruno Bernard. Des discussion­s seraient déjà en cours avec la filiale EDF EasyVia, déjà implantée sur le territoire, en vue de l'installati­on et de l'exploitati­on des bornes de recharge électrique­s. Le groupe Lyon Parc Auto, déjà à la tête d'un service d'auto-partage, aurait également été sollicité.

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