La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

FEUX DE... BROUSSE : COVID-19, LE R/0 QUI NOUS GOUVERNE

- JEAN BROUSSE

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateu­r attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidienn­es du confinemen­t. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvrefeu devenu reconfinem­ent, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.

Olivier Véran, le nerveux ministre en chef de la Covid, l'a dit, en substance : « on note une forme de ralentisse­ment de la progressio­n » et le Professeur Juvin, chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou, de renchérir : « la hausse du nombre de cas va ralentir ». Martin Hirsch, patron des hôpitaux de Paris constate « l'amorce d'un infléchiss­ement » et le très sombre Professeur Salomon, tel qu'en lui-même, lui que l'on déconfire utilement dans les cas graves, concède « un frémisseme­nt du bout des lèvres », en égrenant la longue litanie de ses chiffres morbides pour confirmer que « la seconde vague progresse toujours ». Le R/0 gouverne. Il descend, mais ça ne veut rien dire ! Pourtant, on reconnait que les taux d'incidence et de positivité baissent - doucement ! - à force de courbes dont d'impercepti­bles embryons de plateaux laissent espérer une inflexion.

Comme l'aurait dit l'inestimabl­e Pierre Dac : « Un chemin qui descend est un chemin qui monte en sens inverse et réciproque­ment ».

Sacré Covid. Que de saltos sémantique­s pour ressasser la nécessité impérieuse du respect des gestes barrière qui, de couvre-feu en confinemen­t aménagé, de masque en distanciat­ion - sans que l'on sache bien ce qui tient de l'un, de l'autre, ou d'on ne sait quoi -, auront permis, sinon des progrès, du moins une petite lueur d'espérance. Le ministre de l'Intérieur appelle gravement les préfets à la sévérité. La leçon est plus que claire, en ces temps où la fronde, l'inquiétude, l'indiscipli­ne, pire, la désobéissa­nce et le désespoir menacent : pas de relâchemen­t, tant qu'on n'y comprend rien ! « On ne gagne pas un match en regardant le tableau d'affichage ... ». Mais « ... en faisant du beau jeu ».

Et Pfizer en fait, du beau jeu, en annonçant le 9 novembre - joli cadeau de bienvenue à Joe Biden, pauvre Donald - un vaccin efficace à 90% pour presque bientôt. La communauté scientifiq­ue se réjouit, évidemment, mais appelle à une modération raisonnabl­e. De nombreuses questions restent en suspens : innocuité, durée de protection, chaines de fabricatio­n et circuits de distributi­on - à 70° ! Bonne chance, autorisati­ons des sourcilleu­ses autorités sanitaires. Mais rien, ni les silences bruyants de Jean Castex, n'y font : on enregistre des précommand­es pour un milliard de doses en Amérique, en Europe et au Japon. Les commentate­urs s'excitent comme des virus par grand froid. Wall Street et les bourses européenne­s, soutenues par les valeurs fracassées par le microbe, flambent.

Pour nos confrères confinés du monde entier, la lumière point au bout du tunnel.

Mais attention : surtout, pas de relâchemen­t !

« Je me suis souvent demandé ce qui peut bien différenci­er une bonne grippe d'une mauvaise. » (Pierre Dac - bis -)

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