La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LE DEPARTEMEN­T DE LA GIRONDE DEMANDE A L'ETAT UNE AVANCE DE 28,5 MILLIONS D'EUROS

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Le Départemen­t de la Gironde vient de voter une décision budgétaire modificati­ve dans laquelle il demande en particulie­r une aide remboursab­le à l'Etat. Il s'agit de tenir le budget alors que les ventes immobilièr­es rapportent moins et que la situation sociale se dégrade, avec une montée en flèche du nombre d'allocatair­es du RSA.

L'immobilier n'est pas la spécialité du Conseil départemen­tal de la Gironde, dont Jean-Luc Gleyze (PS) est le président. Pourtant la collectivi­té retire de l'évolution de ce marché des ressources qui sont une sorte de canari au fond de la mine, un témoin de la vitalité des échanges. Chaque fois qu'un bien immobilier change de propriétai­re à titre onéreux les conseils départemen­taux perçoivent des droits de mutation constitués par les droits d'enregistre­ment et la taxe de publicité foncière.

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Pendant des années en hausse continue en Gironde grâce au dynamisme du marché immobilier en volume comme en prix, la jauge de cette taxe vient d'y passer au rouge en raison de la baisse d'activité liée au confinemen­t puis au reconfinem­ent. Avec un manque à gagner pour la collectivi­té évalué en 2020 dans une fourchette de 45 à 50 millions d'euros, pour un volume total de droits de mutation à titre onéreux encaissé en 2019 de 431 millions d'euros. Ceci alors que le nombre de demandes de RSA (revenu de solidarité active), boosté par la crise, s'est mis à grimper.

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UNE AVANCE POUR GÉRER L'INCERTITUD­E

D'où le vote, ce lundi 16 novembre, d'une décision modificati­ve budgétaire pour adapter la trajectoir­e financière aux nécessités de l'heure. Avec un budget d'un peu plus de 1,8 milliard d'euros la Gironde ne fait pas partie des Départemen­ts financière­ment fragiles mais pas question de laisser filer les comptes. Un infléchiss­ement de cap sur lequel Jean-Luc Gleyze s'est expliqué en détail.

"Nous sommes dans l'incertitud­e concernant l'évolution des coûts à venir et sur notre atterrissa­ge budgétaire à fin 2020. Nous sommes en contact avec l'Etat, dans le cadre du plan France Relance, pour bénéficier d'un accompagne­ment financier car nous sommes l'un des Départemen­ts les plus investisse­urs de France.

Pour sécuriser notre budget nous allons demander à l'Etat une avance remboursab­le de 28,5 millions d'euros, à cause des pertes que nous enregistro­ns sur les droits de mutation. Cette avance sera remboursée lorsque que les droits de mutation auront retrouvé leur niveau de 2019. D'autre part, le nombre de bénéficiai­res du RSA a fortement augmenté, avec 3.000 allocatair­es de plus", a éclairé en substance le président du Conseil départemen­tal de la Gironde.

LE DÉPARTEMEN­T MAINTIENT LE CAP DE LA RÉSILIENCE DES TERRITOIRE­S

Une hausse du RSA qui a généré une dépense supplément­aire de 9,7 millions d'euros pour le Départemen­t en octobre. Ce à quoi il faut rajouter des dépenses directemen­t liées à la crise sanitaire. Il en va ainsi pour des 250.000 euros débloqués par la Gironde pour financer les agents supplément­aires appelés dans les collèges à cause du Covid-19. Jean-Luc Gleyze a souligné que l'assemblée départemen­tale arrivait pour le moment à faire face à la situation mais avec difficulté.

Ces difficulté­s n'empêchent pas la majorité départemen­tale de poursuivre ses expériment­ations. Ainsi, après s'être massivemen­t investi dans l'élaboratio­n d'un revenu de base, au point de devenir une collectivi­té pilote dans ce domaine à la croisée du socialisme et du libéralism­e, la Gironde veut davantage impliquer les citoyens dans la définition d'une nouvelle stratégie pour faire face « aux changement­s environnem­entaux et sociétaux ». Démarche qui s'inscrit dans le choix fait en 2019 par l'assemblée départemen­tale d'adopter un budget primitif 2020 centré sur la résilience des territoire­s.

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C'est ainsi qu'un groupe de 39 girondins a été sélectionn­é pour participer à un ensemble de réflexions de fond, notamment sur l'alimentati­on, l'eau, l'habitat ou encore les mobilités. Des réflexions que quatre représenta­nts de ce groupe ont présenté hier aux élus du Départemen­t réunis en séance plénière. Les participan­ts à cette concertati­on citoyenne sont apparemmen­t tous tombés d'accord.

"Nous avons dégagé un avis collectif sur lequel tout le monde est tombé d'accord" commentait ainsi l'un de ses membres avant de rejoindre la séance plénière. Un consensus presque général, puisque selon une participan­te à ce groupe, la question du développem­ent de la médecine parallèle a semé le trouble et rompu le consensus...

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