LA BCE PEUT REELLEMENT SOUTENIR L'INVESTISSEMENT EN EUROPE
Le vaste programme de rachats d'obligations par la BCE (Quantitative easing) concerne surtout des obligations émises par les Etats. Pourquoi ne pas le diversifier, en allant jusqu'à acheter des titres émis par des entreprises? Le soutien à l'investissement, qui manque tant pour alimenter la demande en Europe, serait alors réel. Par Urszula Szczerbowicz et Natacha Valla, économistes au CEPII La Banque centrale européenne (BCE) achètera un montant mensuel de 60 milliards d'euros de titres de créance publics (Public Sector Purchase Programme ? PSPP) et privés (Asset Backed Securities et Covered Bond Purchase Programmes) entre mars 2015 et septembre 2016, pour une valeur totale d'environ mille milliards d'euros. C'est de loin le plus grand programme d'assouplissement quantitatif (Quantitative Easing ? QE) mené dans la zone euro. Bien que le calendrier et la taille des achats soient connus, l'Eurosystème dispose d'une marge de manoeuvre dans le choix des actifs achetés. Le QE se focalise aujourd'hui sur les achats des obligations souveraines, principalement allemandes et françaises, dont les taux sont déjà exceptionnellement bas. Leur impact sur l'inflation et le crédit risque d'être limité. Et si l'Eurosystème changeait sa stratégie de QE et achetait des actifs qui soutiennent directement le financement de l'économie réelle ? Le QE de la BCE pourrait en effet faciliter le financement direct des activités du secteur privé porteuses de croissance. Le programme pourrait également soutenir des projets d'investissement européens ou initiatives conjointes, telles que ? mais pas seulement ? le Plan Juncker.