CRISTALINE: UN NOUVEAU BOUCHON MOINS PERNICIEUX POUR LES ANIMAUX?
La marque d'eau de source lance dans 27 départements un bouchon solidaire de la bouteille. L'entreprise souhaite ainsi réduire le nombre de bouchons dispersés dans la nature et avalés par la faune, mais aussi réduire le poids de ses emballages. Un objet du quotidien est sur le point de changer de visage. La marque d'eau de source Cristaline, leader du marché d'eaux plates en grosses et moyennes surfaces, vient de lancer une nouvelle bouteille de 50 cl. Toute l'innovation réside en réalité dans le bouchon: jusqu'à présent dévissable, il devient solidaire de la bouteille. Plus court et moins large que l'ancien, il est aussi deux fois moins lourd. Initialement testée dans deux usines pilotes, Chambon-la-Forêt (Loiret) et Genrouet (LoireAtlantique), la nouvelle bouteille est pour le moment distribuée dans 27 départements à proximité de ces deux sites. Si l'expérience devait s'avérer positive, en termes de respect de la cadence de production (56.000 bouteilles par heure à Chambon-la-Forêt) comme d'accueil de la part des consommateurs (grâce à une campagne d'affichage prévue en août), "le nouveau bouchon pourrait être déployé sur les bouteilles de 50 cl au niveau national dès 2017", affirme le responsable industriel du groupe Ludovic Viel. Les 15 lignes de production de petits formats de l'Hexagone devraient alors être équipées et adaptées comme l'ont été celles des deux sites pilotes. Cristaline n'exclut d'ailleurs pas, à plus long terme, une extension du nouveau bouchon à d'autres types de bouteilles.
UNE INNOVATION CENSÉE FACILITER LE TRI
À l'origine du changement, selon le groupe, la soudaine prise de conscience par le patron Pierre Papillaud des dégâts causés par les bouchons de bouteilles dispersés dans la nature, souvent avalés par la faune sauvage. En 2015, l'ONG de protection des milieux aquatiques Surfrider en a comptabilisé 14.744, collectés dans l'environnement marin et fluvial européens, s'ajoutant à 10.385 bouteilles de 50 cl et à 10.988 autres flacons. Désormais, promet Cristaline sur son site, "la bouteille emporte avec elle le bouchon au recyclage". "Des bouchons 'solidaires' comme ceux proposés par Cristaline pourront effectivement être plus facilement triés", reconnaît Antidia Citores, responsable du lobbying et du contentieux chez Surfrider, qui ajoute ne pouvoir "qu'encourager le secteur des boissons à innover afin de trouver des solutions moins polluantes". Une telle innovation "pourra en effet contribuer à une amélioration de la collecte, démarche incontournable afin d'augmenter le taux de recyclage en France et atteindre l'objectif de 75% fixé lors du Grenelle de l'environnement", estime également Philippe Maillard, directeur général recyclage et valorisation France chez Suez. "À cette fin d'ailleurs, le plastique -dont moins de 27% est recyclé à ce jour, contre 67% pour l'ensemble des déchetsconstitue un levier fondamental", ajoute-t-il. La nouveauté ne devrait d'ailleurs pas compliquer ultérieurement le processus industriel de tri. "Même si le plastique dont sont faits les bouchons est différent de celui des bouteilles, aujourd'hui leur recyclage ne pose pas de problème, car nous sommes capables de séparer ces différentes matières. Cette séparation ayant lieu après broyage, par flottation, l'introduction de bouchons solidaires n'aura pas d'impact sur le processus", explique Philippe Maillard,
UN IMPACT LIMITÉ SUR LE TAUX DE RECYCLAGE
Cependant, même si toute l'industrie des boissons adoptait le nouveau modèle, "les bouchons représentent une partie faible du tonnage global", observe le directeur de Suez. Améliorer réellement le recyclage du plastique demande donc d'aller bien au-delà de ce genre d'innovations ciblées, en intégrant "plusieurs démarches: recherche sur les matières par l'industrie du recyclage, utilisation de plastique recyclé par le producteur, mise en place par les politiques d'un prix du carbone, qui donnera une meilleure visibilité aux efforts accomplis", estime Philippe Maillard.