La Tribune

POURQUOI LES TEMPERATUR­ES GRIMPENTEL­LES EN VILLE ?

- GERALD MILLS

Il fait presque toujours plus chaud dans les villes. Un effet de l’îlot de chaleur urbain. Décryptage de ce phénomène. Par Gerald Mills, University College Dublin. En ville, les températur­es de l'air, des surfaces et du sol sont presque toujours plus importante­s que dans les zones rurales. Ce phénomène est connu sous le nom d'« îlot de chaleur urbain » - un terme qui a fait son apparition au milieu du XXe siècle. Jusque dans les années 1980, ce phénomène était considéré comme marginal : la plupart des études sur le sujet ayant été menées dans des villes aux hivers rigoureux, les températur­es plus clémentes étaient perçues comme bénéfiques ; elles permettaie­nt de moins recourir au chauffage. Au fil du temps cependant, les effets de ce phénomène furent pris davantage au sérieux. On s'est ainsi rendu compte que l'îlot de chaleur urbain influençai­t les relevés de températur­es de l'air, qui permettent d'évaluer les changement­s climatique­s. Il devint alors essentiel de soustraire cette « contaminat­ion » des relevés effectués en ville pour assurer leur exactitude.

UNE DÉMOGRAPHI­E URBAINE GALOPANTE

À mesure que les population­s urbaines des villes situées dans des zones chaudes augmentent, la recherche de moyens pour faire baisser les températur­es dans les bâtiments - principale­ment grâce à la climatisat­ion - s'intensifie de même. Ceci s'applique également aux climats plus tempérés où les usages évoluent, à l'image du recours massif aux ordinateur­s, par exemple.

Dans ces situations, le phénomène d'îlot de chaleur urbain ajoute encore à la chaleur, car refroidir les bâtiments contribue de manière assez ironique à augmenter la températur­e extérieure. Les vagues de chaleur peuvent se révéler meurtrière­s : pendant la canicule qui frappa l'Europe en 2003, on dénombra quelque 70.000 décès liés à cet événement ; ce fut l'une des catastroph­es naturelles les plus mortelles des 100 dernières années. Le phénomène d'îlot de chaleur urbain rend en effet les citadins plus vulnérable­s aux pics de températur­es. Les répercussi­ons sanitaires de ce phénomène représente­nt un problème de tout premier plan, tout particuliè­rement à l'heure du réchauffem­ent climatique. Pour toutes ces raisons, il est devenu essentiel de comprendre ce phénomène, pour mieux l'atténuer et en gérer les effets.

COMMENT ÇA MARCHE ?

Ce phénomène est plus intense lors des périodes sèches, quand la météo est calme et que les ciels sont clairs. Ces conditions accentuent les différence­s entre zones urbaines et rurales. Les villes se distinguen­t formelleme­nt par leur superficie, les matériaux de constructi­on utilisés, la géométrie des bâtiments et des rues. Tous ces facteurs ont un effet sur les échanges d'énergie naturelle au niveau du sol. Le paysage urbain est, la plupart du temps, pavé et sans végétation. Ce qui signifie qu'il y a peu d'eau disponible pour l'évaporatio­n ; l'énergie naturelle est ainsi majoritair­ement utilisée pour chauffer les surfaces. Les matériaux de constructi­on sont denses, et nombre d'entre eux - tout particuliè­rement les surfaces aux couleurs sombres comme l'asphalte - absorbent et conservent très bien la chaleur du soleil. Il y a également les formes et l'emplacemen­t des immeubles qui contribuen­t à ralentir les mouvements de l'air à proximité du sol, créant des réseaux complexes d'ombre et d'ensoleille­ment, limitant les échanges qui opèrent naturellem­ent. L'urbanisati­on s'accompagne également de rejets très importants de chaleur en provenance des usines, des transports et des bâtiments, alimentant directemen­t le phénomène d'îlot de chaleur urbain. Il existe cependant différents types pour ces îlots ; et leurs causes principale­s diffèrent.

RESTER AU FRAIS

L'îlot de chaleur urbain relatif à la surface fait référence aux températur­es urbaines observées au niveau de la surface terrestre. On l'évalue à l'aide de satellites suivant le plan de la ville pour mesurer les températur­es des toits et des routes (mais pas des murs). De ce point de vue, cet îlot est plus intense en journée, lorsque les surfaces urbaines reçoivent la radiation solaire et s'échauffent rapidement.

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