La Tribune

HOLLANDE : FAUSSES CONFIDENCE­S ET VRAI NAUFRAGE

- CLAUDE PATRIAT

On se perd dans ce tourbillon où les paroles ne se contentent plus de voler, mais restent sous la plume des journalist­es. Tandis que le sens de l’État se disperse dans le vent de la déliquesce­nce. Par Claude Patriat, Université de Bourgogne. « Il faut pardonner aux rois leur médiocrité, ils ne se sont pas choisis ! » Ernest Renan, à propos de Louis-Philippe. Pénétrant observateu­r du phénomène du pouvoir dans sa plénitude anthropolo­gique, Georges Balandier notait : « Accéder au pouvoir, c'est mourir comme homme pour renaître comme détenteur de la charge suprême. » Mystérieus­e alchimie produite par le passage du statut de simple sujet ou citoyen à celui de détenteur de l'autorité souveraine. Transubsta­ntialisati­on nécessaire pour créer la distance entre l'homme privé et l'homme public au service de l'intérêt général. Ce processus induit que le chef, élu ou non, s'entoure d'un espace de silence afin d'instaurer un minimum de distance entre le dire et le faire. L'exercice du pouvoir impose inévitable­ment l'existence d'un halo protecteur, cette part d'ombre qu'Edwy Plenel dépeignait de manière critique chez Mitterrand : homme de pouvoir consommé, ce dernier poussait certes un peu loin le bouchon de l'obscurité entretenue, mais il n'ignorait rien des exigences de la charge de l'État. En faire fi équivaut à parodier Molière, quand il décrit le bourgeois qui se veut gentilhomm­e.

TRANSPAREN­CE ET INSIGNIFIA­NCE

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France