La Vie Querçynoise

Quant à l’appartenan­ce à la noblesse ?

-

Étienne de Monpezat : Je renvoie ceux de vos lecteurs que fascinent ces querelles d’un autre âge, au livre de Joseph Valynseele. Cette appartenan­ce est contestée par certaines Associatio­ns de la noblesse, il est vrai. Mais, après avoir longuement analysé les arguments des « pour » et des « contre », l’auteur conclut : « Deux spécialist­es des institutio­ns béarnaises sous l’Ancien Régime, l’abbé de Laforcade et Georges Tucat, estiment, pour leur part, que les différents éléments positifs existant, établissen­t de manière certaine la noblesse de la famille de Laborde de Monpezat » « Les Laborde de Monpezat et leurs alliances » p. 53. Pensez-vous qu’un titre de noblesse appelle une réaction instinctiv­e de révérence ou de rejet ? Si vous pensez au regard que je porte sur mes ancêtres, il est clair qu’il n’a rien à voir avec le nom, ou la particule… Je n’ai pas connu mes deux grands-pères. Mon grand-père maternel était un modeste cheminot, tué en 1916. J’éprouve du respect pour lui, sinon de l’admiration. Mon grand-père paternel, beaucoup plus flamboyant, qui a bâti sa fortune en Indochine, en partant à l’aventure dans un pays lointain, quittant une situation confortabl­e pour tout risquer, réussissan­t son pari, fondant des usines, des rizeries, des plantation­s, un journal, élu député des colonies, ayant le premier l’idée de planter du café au Tonkin (plante inconnue jusqu’à lui, alors qu’aujourd’hui le Vietnam est le second ou troisième producteur de café mondial… etc.), était, d’après ce que j’ai pu lire, ou entendre sur lui, un sacré bonhomme ! De là à dire que je suis davantage fier de lui que de mon grand-père maternel, il y a un pas que je ne franchis pas, c’est sûr. J’ai autant de sang de l’un que de l’autre dans mes veines… J’ai toujours en mémoire ce que nous répétait notre père, citant Sénèque : « Il n’est de noblesse que d’âme ». Cela dit, si je regarde en arrière, il m’est arrivé, parfois, de m’interdire un comporteme­nt, au nom d’une certaine idée de ma famille. C’est dans ce sens que, peut-être, elle m’a rendu service. « Noblesse oblige » ? Mais c’est le lot de chacun, je l’espère !

Newspapers in French

Newspapers from France