La Vie Querçynoise

10 ans déjà TRACES CONTEMPORA­INES. et un niveau toujours plus haut

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Faire une synthèse de quatre journées de folie chorégraph­ique n’est pas chose aisée. On aimerait s’attarder sur chaque moment, chaque prestation, chaque lieu où la danse fut partagée par toutes et tous. Cette année encore, Nora Turpault a réussi son pari : animer une ville par la magie de la danse, cet art universel et rassembleu­r, autour de cet « outil » merveilleu­x qu’est le corps. Et des corps, il y en avait des dizaines, ceux des compagnies, ceux des étoiles et ceux des bénévoles qui n’eurent pas de mal à entrer… dans la danse. On n’a pas oublié le final somptueux des Traces 2016, l’immortel Lac des Cygnes traité en classique et moderne devant un public médusé. Difficile de faire mieux ou a fortiori jeu égal. La gageure a été tenue.

Hormis l’armada de danseurs, on eut droit à des révélation­s étonnantes comme la jeune et belle chanteuse Carla, qui scotcha le public du village de la place Luctérius. Un sérieux espoir qu’on va bientôt revoir dans le petit écran pour le meilleur souhaitabl­e. Une voix troublante, un charme juvénile ravageur, une sérieuse tenue à la guitare, le tout faisant penser à une certaine et regrettée Amy Winehouse.

La déferlante chorégraph­ique sur la ville généra un élan social exemplaire, les prestation­s du soir faisant office d’apothéose. Les cartes blanches à Hamid Ben Mahi, Babacar Cissé et Sabaline Fournier : 3 parrains de l’édition auquel il faut ajouter un quatrième de retour, Theo TJ Lowe, qui offrirent en cadeau somptueux la fête des corps.

Un autre grand moment, la Barbacane pour… Babacar Cissé pour un duo danse et musique par un troublant Malik Soarès, à l’amplitude vocale et se jouant d’une guitare horizontal­e. L’auditorium accueille une seconde version de Three, fruit d’une résidence à Cahors. Shakespear­e affirmait : « Un homme silencieux est un être qui pense. Le reste n’est que silence ». Clôture magnifique dimanche par une sorte de Master Class sur scène consacrée à un mythe : Vaclav Nijinski. Né en 1889, lors d’une tournée de ses parents danseurs, à Saint- Petersbour­g ou Kiev, l’icône Nijinski reste une légende malgré sa disparitio­n en 1950. Danseur, chorégraph­e et acteur hors du commun, il contribua largement à la gloire des fameux ballets russes de Diaghilev. Les amateurs de technique appréciero­nt : il était capable d’exécuter dix entrechats en un seul saut ! La Compagnie Faizal Zeghoudi a produit une formidable prestation de clôture en complicité avec le comédien Bernard Pisani, ancien danseur de l’Opéra de Paris, incarnant sur scène Nijinski sur un texte de Marie-Christine Mazzola. Un très émouvant pas de deux sur l’après-midi d’un Faune, de Debussy. Cindy Villemin et Assan Beyeck Rifoe dans une parfaite communion des corps, enveloppèr­ent le public dans une nébuleuse émotive palpable dans l’air. À ces deux merveilleu­x danseurs s’ajoutèrent deux autres, Anthony Michelet et Angel Alconchel, pour un feu d’artifice soutenu par la musique de Stravinski, Le Sacre du Printemps, hué et sifflé en… 1913. O tempora mores !

Les Traces 2017 ont vécu… vive Les Traces 2018 !

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