La Vie Querçynoise

Retour sur la star : l’autocar décapotabl­e

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Ferdinand- Joseph Chassaing, né dans le Lot à Martel en 1892, a fait ses études à l’école primaire supérieure jusqu’en 3e en réussissan­t tous ses examens. Il aurait pu prétendre à une belle carrière, mais, dilemme familial ; en vertu de la tradition des « corporatio­ns » où l’on était-et-restait charron, il le devient chez son père de 1907 à 1913 et de 1919 à 1924.

C’est alors qu’à l’aube de la paix retrouvée, le désir de liberté s’empare de chacun, avec un impérieux besoin de déplacemen­t pour oublier, rebâtir, voyager, se distraire, comme le propose la profusion de nouveaux modèles d’automobile­s au salon de Paris en 1919. Une curiosité pour cette avancée technique qui touche également le jeune homme. Alors, en parallèle il prend des cours par correspond­ance avec l’école universell­e de Bruxelles. Féru de recherches, doué pour le dessin de maquettes et l’installati­on d’astuces techniques, il est engagé de 1924 à 1925 à la carrosseri­e Borie de Tulle.

Son expérience du métier de charron, son ingéniosit­é et ses compétence­s enrichies de cette nouvelle profession, vont lui permettre d’être à la fois charron, carrossier, peintre en lettres. Une passion de constructe­ur qui se révélera dans sa patience à réparer tous objets dans la précision de ses plans, dont celui du pont de Gluges enjambant la Dordogne, et dans l’exactitude de ses croquis. Et enfin, dans le plaisir partagé avec son gendre l’artiste François Gall, de peindre tous les recoins de sa ville, les alentours, les bâtisses et les jardins.

Pourtant, la « drôle de guerre » ne fut pas joyeuse ; incorporé au régiment de 1913- 1914, et en première ligne durant toute cette longue période du Chemin des Dames à Verdun, il fut enterré vivant lors d’un éclat d’obus. Sauvé par ses compagnons, il est resté sourd et blessé au genou. Fait prisonnier en 1918, il rejoint le 9er Régiment d’infanterie de Brive en 1924, puis la poudrerie nationale de Toulouse en 1939.

De son mariage avec sa voisine rue du Capitany, Anna Charazac qui dirige un atelier de couture, naît Eugénie-Jeanne en 1926. La vie de famille s’installe peu à peu. Il fait bâtir en 1925 l’atelier « Auto - Carrosseri­eFerdinand Chassaing » devant la Callopie route de Meyssac, employant ses 3 frères Emile, Roger, Maurice et bientôt une dizaine d’ouvriers. La réparation de voitures accidentée­s et de charrettes abîmées s’ouvre très rapidement sur celle des carrosseri­es, puis sur l’invention de peintures spéciales, la création de maquettes pour nouveaux modèles d’automobile­s et cars de voyageurs. Les carrosseri­es sont enchâssées sur des châssis-moteur. Le premier autocar décapotabl­e, de marque Berliet, fut exposé aux regards de tout le départemen­t en juin 1935 devant le grand café de Martel. Il faisait partie d’une commande passée à son atelier par la société de transports des autocars Rocamadour-Gorges du Tarn de Prosper Lalo à Gramat, en accord avec l’organisate­ur de voyages Arcoutel de Rocamadour. L’entreprise Lalo, fondée en 1934, fut reprise en 1946 par celle de Raymond Rongières de Rocamadour, assurant avec la SNCF, les excursions de six jours jusqu’à Aurillac. En 1947, souhaitant remplacer un Berliet détruit et faire restaurer le second véhicule en mauvais état, elle s’adresse à nouveau aux Chassaing, pour habiller des Berliet mode 35, modèles décapotabl­es selon les plans d’avant-guerre, sur de solides châssis Citroën nus, de type U23.

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