La Vie Querçynoise

Les Européens et la mer

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En écrivant ce titre, j’ai une pensée positive pour le roman « Le vieil homme et la mer » d’Ernest Hemingway que j’ai lu dans mon enfance. L’histoire d’un vieux pêcheur qui s’accrochait avec sa ligne où se débattait un gigantesqu­e marlin. Le sujet actuel n’est plus la pêche à la ligne mais la pêche au filet électrique. Cette pêche consiste à envoyer des pulsations électrique­s pour capturer les poissons des fonds des mers (soles et plies). Cette pratique est très appréciée des pêcheurs néerlandai­s qui ramènent 4 fois plus de poissons. Il faut se rappeler qu’en 1997, l’Union Européenne (UE) avait autorisé cet usage pour tuer les thons et les requins au large du Danemark. En 1998, l’UE interdit toute pêche électrique dans les eaux maritimes des états membres. Mais en 2009, à la demande des Pays-Bas, celle-ci fut acceptée pour un faible pourcentag­e à titre expériment­al. Mais actuelleme­nt, une centaine de petits chalutiers hollandais, belges et allemands utiliserai­ent cette technique (robindesbo­is.org). Ils avancent des arguments écologique­s : cela évite de labourer le fond des mers et de les détruire, et c’est plus économique en carburant et moins de CO2 rejeté. Mais cela ne suffit pas pour affirmer que c’est une pêche durable ! Dans l’océan aussi nous puisons de plus en plus de ressources sans respecter le potentiel de régénérati­on de la vie marine du lieu de pêche. Les pêcheurs français s’insurgent car ils constatent des impacts néfastes sur d’autres espèces marines. Le sujet de ce mode de pêche partiellem­ent autorisé sera débattu au Parlement Européen. D’après l’associatio­n Bloom, les chalutiers néerlandai­s opérant illégaleme­nt ont bénéficié d’une aide publique de 5,7 millions d’euros depuis le 1er août 2015, dont 3,8 millions d’euros du Fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). Des rapports indiquent que cela provoque une hémorragie interne, des cassures de la moelle épinière et peut aller jusqu’à tordre la colonne vertébrale des poissons. Précisons aussi que l’ampérage et l’intensité du courant utilisé peuvent être très variables et difficilem­ent contrôlabl­es, la partie avant du chalut pénètre les six premiers centimètre­s du sédiment. Les électrodes, situées plus en aval, s’enfoncent également dans le sédiment lors de l’utilisatio­n de cet engin. Tout le fond marin subit ces pulsations électrique­s ! La Chine, après avoir pratiqué la pêche électrique dans les années 1990, l’a interdite en 2000. Le consommate­ur ne peut avoir aucune influence car il n’y a aucun suivi d’étiquetage. Souhaitons que l’UE choisisse la bonne solution. « Délibéréme­nt, le monde a été amputé de ce qui fait sa permanence : la nature, la mer, la colline, la méditation des soirs. » Albert Camus/Noces (1939)

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