La Vie Querçynoise

Le Pech de Gourbière prend l’eau

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C’est une histoire peu banale qui a conduit M. Jallet,maire de Rocamadour, M. Liébus, président de Cauvaldor, Mme MeyFau, conseillèr­e départemen­tale, et Mme Tiegna, députée de la 2e circonscri­ption du Lot, à se réunir d’urgence samedi 27 janvier dans les locaux du Pech de Gourbière à la demande de son directeur, M. Jubert. Les représenta­nts régionaux du Lot, MM. Daubet et Labarthe, ayant apporté tout leur soutien à l’ESAT mais n’ayant pu être présent à la réunion en raison de plannings déjà surchargés.

Le Pech de Gourbière est un établissem­ent qui a ouvert ses portes en 1975, à l’initiative de la MSA. Cet établissem­ent regroupe : un service d’accompagne­ment à la vie sociale (SAVS) assurant le service à domicile de personnes en situations de handicap ; un foyer d’accueil médicalisé ( FAM) destiné aux personnes vieillissa­ntes en situation de handicap ; un foyer d’hébergemen­t (FH) annexé à un Établissem­ent et Service d’Aide par le Travail (ESAT) qui dispose d’un agrément de 75 places (2nd plus gros ESAT du Lot derrière celui de Luzech, et seul ESAT sur le territoire de Cauvaldor).

L’ESAT constitue une réponse adaptée aux besoins de personnes en situation de handicap qui ne peuvent pas, momentaném­ent ou durablemen­t, à temps plein ou à temps partiel, travailler dans une entreprise du milieu ordinaire de travail, ou en entreprise adaptée. Un ESAT est avant tout un établissem­ent médico- social, et les usagers (ils n’ont pas encore le statut de salarié) s’engagent avec un contrat de soutien et d’aide par le travail, et bénéficien­t de temps destiné à la formation et à leur épanouisse­ment personnel et social. Les ESAT se sont substitués aux anciens CAT (Centres d’aide par le travail).

Les personnes en situation de handicap se voient proposer du travail, au travers, entre autres, de différents ateliers permettant à chacun d’entre eux de pouvoir travailler en fonction de leurs aptitudes. Parmi ces activités, deux d’entre elles sont l’objet du présent article : la blanchisse­rie industriel­le et la lingerie industriel­le. La blanchisse­rie industriel­le occupe 24 personnes en situation de handicap (usagers) et 6 profession­nels d’accompagne­ment ( ou encadrants). La lingerie profession­nelle, elle, occupe 10 usagers et 3 encadrants. Le secteur de l’hôtellerie-restaurati­on de Rocamadour permet à la blanchisse­rie de traiter jusqu’à 350 tonnes de linge par an avec une très forte variation saisonnièr­e liée au tourisme. Les EHPAD de Martel et Gramat fournissai­ent également du linge à traiter (à la blanchisse­rie de l’ESAT). Preuve du savoir-faire de cette blanchisse­rie, elle est certifiée ISO 9001 depuis 2008, certificat­ion renouvelée sans discontinu­ité depuis cette date.

La Lingerie industriel­le s’occupe principale­ment de linges de résidents. Le principal client jusqu’à ce jour était la blanchisse­rie interhospi­talière du Haut Quercy de Leyme, qui lui soustraita­it le traitement du linge des résidents de l’Institut Camille Miret, auquel se rajoutait un contrat signé auprès de l’EHPAD de Saint-Germain-du-Bel-Air. Elle a ouvert ses portes en 2013, par création d’une extension connexe mais indépendan­te de la blanchisse­rie, d’une surface de 350 m2 sous l’impulsion de la blanchisse­rie hospitaliè­re du Haut Quercy. Cet atelier porte une attention toute particuliè­re à la préservati­on du linge fourni par les clients avec le développem­ent d’un process extrêmemen­t précis et d’un système de traçabilit­é profession­nelle, incluant un traitement informatis­é (par scan des vêtements marqués) du tri des vêtements. Cette installati­on, d’un coût de 517 000 €, a été financée à hauteur de 200 000 € par des crédits sur 10 et 15 ans, par une subvention du Conseil Régional de 50 000 € et par de l’autofinanc­ement sur le solde. Les deux tiers des sommes environ sont financées sur la dotation de fonctionne­ment versée par l’ARS (Agence Régionale de Santé) et un tiers sur l’activité commercial­e (fiscalisée et donc assujettie à la TVA). Sur le plan du travail, cet atelier permet aux « ouvrier (e) s » de l’ESAT de s’intégrer à une activité non fluctuante (sans marquage de saisonnali­té touristiqu­e), idéale pour le rythme des personnes vieillissa­ntes.

Et tout allait bien dans le meilleur des mondes…

De son côté, la blanchisse­rie interhospi­talière du Haut Quercy de Leyme organisée en syndicat interhospi­talier depuis sa création s’est transformé­e en GIP, Groupement d’Intérêt Public le 23 décembre 2015 (dénominati­on : GIP BI2HQ). Parmi les membres participan­t à la constituti­on de ce GIP, on trouve l’Institut Camille Miret ( ICM), les hôpitaux de Saint-Céré, Figeac, Gramat, Gourdon, Cahors ainsi que l’EHPAD de Meyssac. L’objet social principal est la gestion et le traitement de l’ensemble du linge hospitalie­r nécessaire au bon fonctionne­ment d’une structure pour l’accueil et la prise en charge des patients (Plat, Eponges, Tenues profession­nelles, articles de ménage et spécifique­s…) et participe ainsi directemen­t à la mission de service public hospitalie­r. À cet effet, le GIP se dote des infrastruc­tures immobilièr­es et mobilières indispensa­bles à la réalisatio­n de sa mission. Cette dotation se fait par acquisitio­n propre ou par mise à dispositio­n de moyens de ses membres. Le groupement pouvant fournir à titre accessoire des prestation­s de services correspond­ant à son objet social à des établissem­ents publics ou privés agissant dans le domaine de l’action sanitaire et sociale, ainsi qu’à des collectivi­tés locales.

Et voila pif paf poum badaboum, le meilleur des mondes s’éteint d’un coup par une lettre recommandé­e du GIP en date du 20 octobre 2017 annonçant la fin des prestation­s de l’ESAT du Pech de Gourbière à compter… d’aujourd’hui 1er février 2018, mettant non seulement 517 000 € d’argent public par terre, mais surtout en foutant par terre le travail de l’ESAT sans se préoccuper le moins du monde de nos amis « ouvriers » qui vont se retrouver handicapés « de leur travail ».

Vous aurez compris que le GIP non seulement ne laisse aucune place à de la sous-traitance, mais il semblerait qu’en plus il oblige ses membres à se servir exclusivem­ent chez lui. Ajoutons au fait que c’est le même directeur qui dirige l’hôpital de Saint-Céré et plusieurs EHPAD, et les lettres de rupture s’enchaînent. 75 % de l’activité de la lingerie industriel­le de l’ESAT s’envole (90 K€), et un peu d’activité de la blanchisse­rie industriel­le s’agissant des tenues de travail des EHPAD. Dans ces lettres, il n’est fait bien sûr aucun grief à l’ESAT tant en ce qui concerne la qualité de ses prestation­s que celle relative à sa tarificati­on.

Pire, à force de demandes d’explicatio­ns, de conversati­ons, notre directeur du Pech de Gourbière s’aperçoit que le BI2HQ prévoit de sous-traiter le marché du linge de résidents de l’ICM auprès de la blanchisse­rie de l’hôpital de Cahors (conforméme­nt à son objet social). Et le pire reste à venir puisque conforméme­nt à son objet social, le BI2HQ peut entrer en concurrenc­e avec l’ESAT sur tous ses marchés. À la catastroph­e financière et sociale pour l’ESAT, s’ajoute donc un délire écologique puisque le linge qui transitait moins de 30 minutes entre Leyme et Rocamadour, va voyager trois fois plus loin et deux fois puisqu’il y a un aller-retour. À l’heure de la COP22, vous conviendre­z que cela fait un peu mauvais genre.

Au vu de tous ces éléments, on comprend mieux pourquoi les élus présents à la réunion du samedi 27 se sont sentis un peu plus qu’agacés par cette situation, d’autant que la maltraitan­ce occasionné­e sur ces personnes en situation de handicap ne passe pas du tout. Ce qui a fait dire à un des élus que l’engagement moral du principal client de l’ESAT a été piétiné. Toujours selon un élu, Mme la Sous-Préfète de Figeac se serait également émue de la situation et devait appeler l’ARS qui détient les clefs de la résolution de ce dossier.

La logique de l’entre-soi du GIP BI2HQ est incontesta­ble et cohérente. Leurs statuts sont appliqués à la lettre, et la charte éventuelle, du moins les engagement­s réciproque­s pris par ses membres relève uniquement d’une logique économique de type « libérale » sans aucune espèce d’importance accordée à l’environnem­ent sociétal du Nord du Lot. Cette histoire s’inscrit tout droit dans celle de la financiari­sation des activités hospitaliè­res. Il ne faut donc pas blâmer les dirigeants du BI2HQ et ses membres, il s’agit bien là d’une confrontat­ion de deux visions du service public, de deux visions du territoire.

L’ESAT n’est pas contre le principe d’une réduction d’activité, mais les donneurs d’ordre doivent comprendre qu’il faut un délai bien plus important qu’un simple préavis de 3 mois, pour pouvoir repenser une activité adaptée pour ces personnes auprès de qui elle est engagée contractue­llement dans des projets profession­nels. Car à l’ESAT on ne licencie pas des personnes handicapée­s !

Aujourd’hui ce que l’ESAT et les élus demandent, c’est une réunion de toutes les parties prenantes pour remettre à plat ce dossier et sortir de ce bourbier social et écologique. En attendant, le sacrilège est déjà consommé…

La réfection de la D32, du carrefour de la route de Gramat à la descente vers la cité, induira quelques perturbati­ons de la circulatio­n.

Le carrefour sera réalisé avec un alternat afin de ne pas bloquer le passage des véhicules légers vers l’Hospitalet et le château. En revanche il sera nécessaire de fermer l’accès à la cité de Rocamadour pendant environ une semaine mi-février (semaine du 12 au 16 février sauf problèmes météo) pour les terrasseme­nts + une journée fin mars pour l’enrobé. En effet, un décaisseme­nt conséquent est prévu afin d’améliorer la sécurité et la praticabil­ité de la voirie et cela ne peut se faire qu’avec une fermeture, compte tenu de la largeur de la voirie et des engins nécessaire­s.

Les poids lourds et véhicules légers seront déviés par Gramat et la route de Couzou.

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