Radié de l’armée pour détention d’images pédopornographiques
Le 14 septembre 2017, celui que nous appellerons Antoine (le prénom a été volontairement changé), a comparu devant le tribunal correctionnel de Cahors. Il est poursuivi pour détention d’images de mineurs à caractère pornographique et pour usurpation de l’identité d’un tiers…
Âgé de 34 ans, Antoine était militaire dans l’armée de terre, mais il a fait l’objet d’une radiation, suite aux faits qui lui sont reprochés.
À la caserne, une jeune femme militaire trouve un téléphone portable en charge. Elle cherche à savoir à qui il appartient. Elle fait alors défiler quelques pages pour retrouver le numéro d’appel de son propriétaire. C’est alors qu’elle tombe sur des photos « souillées » d’elle-même et d’autres collègues…, ainsi que sur des photos pédopornographiques… Ainsi débute l’enquête.
Un jeu ? Histoire de braver l’interdit ?
Le président Vincent Ramette fait état de deux volets dans ce dossier. D’une part, sont retrouvées des milliers de photographies à caractère pédopornographique et d’autre part apparaissent des comptes Facebook dont certains sont des faux, à partir desquels transitaient ces photographies incriminées…
Aux enquêteurs, Antoine affirme qu’il agissait par jeu, histoire de braver l’interdit. Le président qualifie pour sa part ces actes « d’infamants » . Il demande au prévenu : « Pourquoi cette collection de photos ? »
Antoine explique qu’il répondait à des demandes d’inconnus avec qui il était en contact sur Facebook, par l’intermédiaire de faux comptes.
« Tout tourne autour de l’obsession qui vous habite ! » observe le président.
Antoine aurait ainsi évolué trois à quatre années dans cet environnement glauque.
Le président cherche à comprendre qu’est-ce qui a pu motiver le prévenu pour agir de la sorte.
- « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose de particulier dans votre vie ? » demande-t-il.
- « Non rien de particulier. Un jour un inconnu me sollicite via Facebook et j’ai accepté de répondre à sa demande, puis cela a été un engrenage… » répond Antoine.
Dans son rapport, l’expert psychiatre fait état au sujet d’Antoine, d’une personne « immature, inhibée… »
Antoine indique qu’il n’est pas un pédophile, « quelqu’un qui aimerait les enfants avec l’intention de commettre des actes sexuels ; ce n’est pas mon cas ! » assure-t-il.
Antoine est retourné vivre dans le Lot et il a retrouvé du travail. Sa vie semble avoir repris un cours « normal ».
Des questions sans réponses
Le président revient à la charge plusieurs fois, sous différentes formulations. Il demande à Antoine :
- « Pourquoi avoir répondu à ces sollicitations d’inconnus ? »
- « Depuis quatre mois, je cherche à comprendre avec un psychologue, mais je n’ai pas de réponse pour l’instant. J’ai honte de ce que j’ai fait » déclare le prévenu.
- « On n’a pas de réponse aux questions que tout le monde se pose ; pourquoi lorsqu’on est adulte on ne réagit pas devant ce type de photos ; ce n’est pas de vous envoyer en prison qui m’intéresse, mais de faire en sorte que vous ne recommenciez pas ! » s’exclame Frédéric Almendros, Procureur de la République. Le magistrat rappelle que c’est ce type de trafic de photographies qui fait perdurer les horreurs que subissent des enfants.
« En téléchargeant ces photos, vous avez concouru à des viols d’enfants ! » tonne le Pro- cureur. À l’encontre d’Antoine, M. Almendros requiert 6 mois de prison avec sursis et trois ans de mise à l’épreuve avec obligation de soins et interdiction d’exercer tout type d’activité qui puisse le mettre en contact avec des enfants.
« Il ne sait pas, il n’a pas d’explication pour tous ces torts et tous ces vices ; c’est un taiseux ! » scande maître François Faugères, avocat d’Antoine. L’ancien bâtonnier revient sur le parcours d’Antoine. Il évoque les méandres de sa naissance ; d’abord un père qu’il n’a pas connu, puis un père qui le reconnaît mais qui ne s’occupe pas de lui, sa mère qui décède et enfin un père très aimant qui l’accompagne et qui l’aide à se construire et à se relever…
Une peine pour aider à s’en sortir
À l’Armée tout s’est très bien passé et Antoine a participé à différentes missions le conduisant maintes fois à l’étranger. Quelqu’un d’irréprochable dans ses relations avec les autres et dans son travail. Maître Faugère pointe du doigt l’état dépressif dans lequel a évolué son client, avec risque d’autolyse. Il insiste sur l’importance de la prise en charge de cette fragilité et de cette pathologie. « Ce jeune homme a tout pour réussir ; il faut le sortir de cette défaillance et du contexte psychopathologique dans lequel il s’est enfoncé ! » plaide-t-il, en écho à l’injonction de soins requise par le Ministère public.
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné Antoine à une peine de huit mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant une durée de deux ans. Il lui est imposé une obligation de soins assortie d’une interdiction d’entrer en contact avec des mineurs. Antoine est désormais inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV).