La Voix du Cantal

LE COMMENTAIR­E

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Qui suis-je ? Simon ? Le pharisien, sympa, poli mais intransige­ant avec des limites bien précises à ne pas franchir, l’incitant à proférer un double jugement. La pécheresse ? Figure de l’acte de repentance qui me fait regarder mes propres manquement­s, mon péché, à la lumière de la grâce. Simon va d’abord juger la pécheresse : il l’enferme dans une identité -comme le fera la tradition chrétienne- pour en faire une femme de mauvaise vie ; il l’identiie à son statut social, la ige dans son péché et ne cherche pas à comprendre son geste. Il est outré donc il faut s’en séparer ! Dieu ne côtoie pas le péché. Ensuite, il juge Jésus : Il ne saurait être l’envoyé de Dieu s’Il se laisse toucher par cette femme, Simon se méprend complèteme­nt sur le pardon de Dieu. Et Jésus ? Comment réagit-il ? Son attitude est tout autre. Il refuse d’enfermer cette femme dans une déinition toute faite, Il ne l’identiie pas à son péché mais regarde son amour, sa dynamique de foi qui se manifeste par des gestes surprenant­s. Dans cette rencontre, aucune parole : elle, parle le langage du corps, des gestes, des pleurs ; Lui, l’accueille dans un silence respectueu­x, dans un regard miséricord­ieux. Jésus perçoit dans ses pleurs un inini désespoir et un immense amour, de celui qui caractéris­e les débiteurs de Dieu. L’intrusion de la femme pécheresse dans ce récit est un enseigneme­nt important sur cette dimension de la vie de foi. Comment l’entendons-nous ? La relation avec un Dieu de pardon dans une proximité et une communion plus intense avec le Père de miséricord­e permet un repentir dynamique parce qu’on entre dans le mouvement d’amour de Dieu. « Là où le péché abonde, la grâce surabonde » . Le récit de Luc s’achève par ces mots résumant toute la rencontre avec cette femme « ta foi t’a sauvée, va en paix » . La foi est l’élan de cette femme, ce cri de coniance jeté du fond de sa misère vers le Dieu de grâce et d’amour qui lui a ouvert un « à venir » , la possibilit­é d’une vie nouvelle là où tout semblait déinitivem­ent clos. Jésus révèle que la coniance placée en Dieu donne accès au salut. Faisons, nous aussi, cette expérience de confession dans l’horizon de la grâce : « Venez, vous aussi, vous tous » le Seigneur nous ouvrira ses mains en nous accueillan­t dans notre faiblesse. Amen. [Waltraut Clauss, église protestant­e unie de France]

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