Un employé chute de neuf mètres
Yannick*, responsable d’une petite entreprise de couverture du Cantal devait répondre aux questions du tribunal correctionnel d’Aurillac jeudi 8 septembre, pour blessures involontaires sur Julien*, un employé de son entreprise. Les faits sont survenus au mois de novembre 2012, dans un village cantalien. Julien travaille sur un chantier avec son collègue depuis le début de la matinée. Ils ont pour ordre de nettoyer le toit, la cheminée et une partie de la façade d’une maison partiellement recouverts de lierre. Disposant d’une échelle sur laquelle il s’appuie, Julien chute de 9 mètres de haut. Blessé, il est transporté par hélicoptère au centre hospitalier de Clermont-Ferrand.
Invalide à 91 %
Traumatisme crânien, coma, multiples fractures dont une ouverte... quatre ans après les faits, l’homme reconnu invalide à 91 % est encore très marqué par ce drame et a perdu l’usage d’une main. Si les faits se sont déroulés en 2012, Ju- lien, soutenu par sa compagne, a demandé à ce qu’une procédure soit ouverte deux ans après les faits, en 2014. Il reproche à son employeur de ne pas avoir respecté les mesures de sécurité et notamment la présence obligatoire d’un échafaudage ou d’une nacelle pour effectuer ces travaux. L’enquête est ouverte et les éléments (photos...) sont sortis des archives de la gendarmerie pour reconstituer le déroulement de l’accident. « Il était 13 h 15, nous venions de inir de manger avec mon collègue. Je lui ai demandé de me tenir l’échelle en bas pour inir de nettoyer en haut. L’échelle a basculé, je me suis accroché au chéneau après ça je ne me souviens de rien. Aujourd’hui, je suis handicapé de la main gauche, j’ai des troubles neurologiques et psychologiques. Je suis en arrêt depuis cet accident » , affirme Julien à la barre. Yannick, qui dirige l’entreprise, affirme avoir été sur place au moment des faits, à l’intérieur de
la maison. À la barre il affirme :
« Je reconnais qu’il manquait un échafaudage., mais c’était une bricole ce chantier, pour dépanner. Par contre dans le fourgon, il y avait tout ce qu’il fallait à disposition des ouvriers pour qu’ils soient en sécurité, des casques, des baudriers... Je leur ai demandé plusieurs fois de s’équiper, mais je ne suis pas toujours derrière eux, ils sont grands ». L’avocat de la victime qui précise que le montant du préjudice sera évalué et jugé ultérieurement devant le tribunal de la sécurité sociale a demandé 1000 euros. Dans ses réquisitions, le procureur de la République a considéré que la responsabilité était engagée, demandant 1500 euros. De son côté, l’avocat de Yannick qui a un casier judiciaire vierge, dénonce des « témoignages divergents et l’absence de témoins » , plaidant une relaxe. Le tribunal correctionnel d’Aurillac a mis cette décision en délibéré. Elle sera rendue le 6 octobre prochain. P. Delobelle * Les prénoms ont été volontairement modiiés