L’exemple d'une chancellerie
Elle a pris une gile ! C’est ainsi que des médis ont qualifié le revers électoral qu’Angela Merkel a essuyé, par son parti interposé, lors d’élections régionales. Pourquoi cet échec politique présenté en termes d’affront ? A cause de sa politique sur l’immigration. Car elle fait désordre dans l’ensemble des positions européennes. Partout les frontières se verrouillent pour tenter de contenir une pression migratoire qui ne cesse de croître. Les conditions d’entrée dans l’espace communautaire et les facilités d’en être expulsé suivent des courbes inverses. Le nombre de secourus en mer, de naufragés sur les côtes, d’entassés aux frontières, augmente. Alors, alimentée par des d’attentats ignobles et imprévisibles, la peur étend ses tentacules dans les mentalités collectives. Elle engendre des agressivités, cultive les préjugés, donne droit à des sentiments de rejet nourris d’irrationnel … Bien malin ou prétentieux qui prétendrait détenir la solution miracle pour stopper la tragédie. Les cartes à tenir en main dans ce jeu dramatique empêchent de rêver. Elles comptent des atouts maîtres, d’une eficacité radicale pour juguler l’hémorragie migratoire à la source. Mais hélas injouables à court terme. Atout de l’établissement de la paix là où la guerre multiplie ses violences. Atout du développement sur place des richesses de pays du Sud en proie à la misère économique, et au pillage par les pays du Nord. Mais bois précieux, minerais rares, pétrole, intérêts géopolitiques … para- lysent les mains des grands décideurs qui détiennent ces cartes et les empêchent de les jouer. D’autres cartes proviennent des pays dits d’accueil. Jusqu’où peuvent-ils ne pas accueillir des étrangers, des immigrés, des demandeurs d’asile .. ? Opinions et même administrations ne suivent pas toujours les réponses du droit ! De petits pays comme le Liban ou la Grèce, font courageusement face à des lots migratoires qui dépassent l’entendement. Leurs recherches de solutions se réfèrent plus souvent à l’humanité qu’à la xénophobie. C’est cette carte que joue en Europe la Chancelière de l’Allemagne. Avec courage et détermination. L’opinion de son pays, ébranlée par des attentats voudrait la pousser à tempérer sa politique d’accueil. Sa réponse est aussi claire que ferme : Les djihadistes veulent remettre en cause notre disposition à accueillir des gens en détresse. Nous nous y opposons fermement… l’Allemagne ne peut renoncer à sa responsabilité humanitaire, mais au contraire doit l’assumer. Et à l’adresse de ceux qui sont prêts à baisser la garde à cause de la menace terroriste, elle rappelle tout net que la peur ne peut servir de fondement pour l’action politique. Angela se montre donc capable de risquer son avenir politique plutôt que de renier ses valeurs humanistes. Et sans verser dans l’utopie. Quand des immigrés se rendent coupables d’exactions, au nom du Droit et du respect des personnes, elle sévit sans faiblir. Angela Merkel, un exemple pour les dirigeants et les opinions des autres pays d’Europe ! Restent des cartes que nous tenons tous en main. Elles portent les couleurs de regards positifs sur les autres, d’élargissement des coeurs, de confiance et de partage de responsabilités, d’organisation solidaire, mais aussi du discernement lucide entre l’ivraie mêlée au bon grain. Alors, à notre tour de risquer des giles pour ramer à contre courant de tendances sécuritaires ! Préférerions-nous jeter un mouchoir d’insensibilité sur nos valeurs humaines et chrétiennes ?