La Voix du Cantal

Assise... pour la paix

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L’initiative vient de Jean-Paul II. Inattendue, elle créa une belle surprise ! Le 27 octobre 1986, le pape invitait en effet des représenta­nts des grandes religion à se retrouver à Assise pour prier pour la paix. Cent trente responsabl­es religieux répondiren­t à son appel. La Guerre froide et le conflit qui déchirait alors le Liban les poussaient tous à s’engager dans une grande bataille pour la paix. Et sans chercher le moins du monde quelque accord que ce soit entre leurs doctrines respective­s. L’heure n’était pas au dialogue interrelig­ieux mais au sursaut commun contre l’horreur de la guerre. Pour des raisons essentiell­ement humaines. Les détracteur­s n’ont pourtant pas manqué. Sourds au discours on ne peut plus clair et respectueu­x des différence­s que JeanPaul II adressait à ses hôtes dès l’ouverture de la rencontre, ils taxaient la démarche de syncrétism­e religieux. Injuste procès d’intention contre des croyants mobilisés par la volonté commune de recourir pour la paix aux armes de la prière. Et son eficacité ne saute pas aux yeux ! Le rouleau compresseu­r des destructio­ns, des violences, des souffrance­s, poursuit en effet son oeuvre de mort… Impuissanc­e soulignée un jour par Staline qui demandait, ironique : « Le pape, combien de divisions ? » Le fait est pourtant là. Des hommes et des femmes se sont montrés capables de surmonter leurs légitimes différence­s pour manifester leur indignatio­n face aux guerres et réaliser une union sacrée dans une volonté de se mobiliser ensemble au service de la paix. Nous n’avons pas d’arme, mais nous avons la force de la prière proclamera le pape. En 1993, la deuxième rencontre se tenait pendant le conflit qui affligeait l’ex-Yougoslavi­e. Pour la troisième, en 2002, le traumatism­e de l’attentat des Twin Towers demeurait encore très vif. Pour ses 25 ans, en 2011, Assise vit se lever une fronde d’opposants suppliant Benoît XVI de fuir l'esprit d'Assise jugé à leur gré dangereuse­ment enclin à l’indifféren­tisme religieux. Non seulement le pape repoussa ces fausses accusation­s, mais il ouvrit la rencontre à des personnali­tés et à des penseurs non croyants, tous Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix.

450 représenta­nts de 9 religions différente­s

Et cette année, pour célébrer le 30e anniversai­re de l’événement, le pape François a accueilli 450 représenta­nts de 9 religions différente­s. Actualité oblige, une douzaine de réfugiés, venus de pays en guerre ont apporté leur témoignage. Le respect des différence­s s’est encore manifesté par la diversité des lieux de prières dédiés aux diverses religions. Mais tous se sont retrouvés pour la cérémonie de clôture et la signature d'un appel commun pour la paix. Ces rencontres d’Assise ne sont pas anecdotiqu­es. Leurs messages ne s’adressent pas seulement à des dignitaire­s de grandes religions mais aussi à tous les chrétiens et à tous les hommes de bonne volonté. Le souci de la paix doit en effet être porté par tous. Il mobilise au quotidien des artisans de paix plus que de grands entreprene­urs ! Des propos énergiques leur sont alors adressés, comme autant de jalons pour faire le chemin : « Le nom de Dieu ne peut justiier la violence »… « Seule la paix est sainte, pas la guerre ! » Et François de préciser que la paix veut dire « pardon » capable de guérir les blessures du passé. Paix veut dire « accueil ». Paix veut dire « collaborat­ion », un échange vivant avec l’autre. Paix veut dire enin « éducation »… à la culture de la rencontre. La prière devient alors l’âme de ces orientatio­ns de vie.

Michel Dagras dagras.michel@neuf.fr

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