Budget de l’Etat pour 2017 : responsable ou improbable ?
Réduction du déicit public, baisse d’impôts mais dépenses supplémentaires, le projet de budget de l’Etat pour 2017 paraît bien optimiste au regard du contexte économique. Malgré les critiques, le gouvernement l’assure sérieux et responsable. En voici les
C’est le dernier budget du quinquennat. A sept mois des Présidentielles, l’exercice est forcément examiné avec des lunettes électorales. Ainsi, il table sur une baisse du déicit public à 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017 – au lieu de 3,3 % en 2016 – et prévoit 7,4 milliards de dépenses supplémentaires. Il conirme aussi la baisse d’impôts, déjà annoncée, d’un milliard d’euros pour les ménages.
Pour beaucoup, ce geste envers les contribuables s’apparente à un cadeau iscal, à l’approche des élections. Cinq millions de foyers de la classe moyenne seront concernés par une réduction de 20 % des impôts sur le revenu. Ce sera le cas des célibataires dont les revenus seront inférieurs à 20 500 et des couples déclarant moins de 41 000 chaque demi-part supplémentaire ajoutant 3 700
à ce seuil. Les retraités auront droit à un crédit d’impôt de 50 % pour l’emploi d’un salarié à domicile, ce qui pourrait créer 30 000 emplois dans les services à la personne. En revanche, la redevance TV va augmenter de 2 passant à 139
Côté entreprises, le taux d’imposition sur les sociétés sera allégé, passant de 33 % à 28 % pour les PME réalisant moins de 75 000€ de bénéices, soit 5 milliards de moins dans les caisses de l’Etat. Le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) sera relevé à 7 % de la masse salariale au lieu de 6 %. Ce nouveau coup de pouce est maintenu malgré le récent rapport du comité de suivi concédant que « le CICE n’a pas eu d’effet observable sur l’investissement, la recherche et développement et les exportations » durant ses deux premières années de mise en oeuvre (2013 et 2014). Au mieux, il aurait permis de créer ou de sauver 100 000 emplois, alors que le Medef en promettait un million. Cela paraît peu pour une mesure économique phare à 43 milliards d’euros qui reste cependant à évaluer dans la durée.
Au total, les dépenses prévues pour 2017 s’élèvent à 381,7 milliards d’euros dont 50 mds pour l’enseignement, 48 mds pour les retraites des fonctionnaires d’Etat, 32,4 mds pour la Défense, 26,7 mds pour la recherche et l’enseignement supérieur, 18,1 mds pour l’aide au logement et aux zones rurales, 17,6 mds pour la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances. A noter que les intérêts de la dette s’élèvent à 41,8 milliards mais sont en baisse (en raison de taux d’emprunt très bas), comme les prélèvements au proit de l’Union européenne, à hauteur de 19 milliards.
11 700 postes seront créés dans l’Education nationale, 2 100 à la Justice et 1 746 à l’Intérieur, alors que 2 500 postes seront supprimés ailleurs (inances, environnement). La hausse des dépenses de l’Etat proitera aux priorités établies par le gouvernement : école, enseignement supérieur, sécurité et emploi.
Au chapitre « recettes » , 149,4 milliards d’€ sont attendus de la TVA, 73,4 mds des impôts sur le revenu, 29,4 mds de l’impôt sur les sociétés, 24,1 mds des autres catégories de recettes iscales, 16,2 mds de la taxe intérieure sur les produits énergétiques, etc.
69 milliards de déficit
En 2017, le déicit du budget de l’Etat serait ainsi de 69,3 milliards d’€. « Depuis 2013, les dépenses publiques rapportées au produit intérieur brut (PIB) baissent de manière continue. Elles devraient représenter 54,6 % du PIB en 2017 contre 55 % en 2016 » , précise le ministre de l’Economie et des Finances, Michel Sapin. « Cet effort de gestion sérieuse des inances publiques devra se poursuivre car c’est la condition de la crédibilité de la voix de la France et la garantie de notre souveraineté. » Christian Eckert, secrétaire d’Etat chargé du budget, renchérit : « Ce n’est pas parce que nous assumons des dépenses supplémentaires pour inancer nos priorités que ce budget n’en est pas moins un budget responsable. »
Les deux idèles de François Hollande se serrent les coudes face aux nombreuses critiques. « Un budget bidon » , fustige l’ex-Premier ministre, François Fillon. La droite soupçonne des « artiices budgétaires » , tandis qu’à gauche, le parti communiste moque « un optimisme béat et un exercice d’autojustiication del apolitique d’ austérité ». Mais c’est le Haut conseil des inances publiques, conduit par le président de la Cour des comptes, Didier Migaud (ex- PS) qui appuie là où ça fait le plus mal, en jugeant « improbable » le déicit budgétaire à 2,7 % et « surestimé » le taux de croissance de 1,5 %.
Alors, sérieuse ou démagogique, responsable ou improbable, la loi de inances 2017 restera peut-être dans l’histoire comme celle qui aura gravé dans le marbre le prélèvement des impôts à la source. L’Assemblée nationale en débattra à l’automne.