La Voix du Cantal

Un train de commandes pour sauver Alstom à Belfort

L’Etat va débourser 500 millions d’euros pour le sauvetage du site industriel Alstom à Belfort. Un plan qui passe par la commande de 15 rames TGV ain d’équiper des lignes intercités et ne convaint pas les Français, le jugeant électorali­ste et ineficace à

-

Il y a un mois, l’annonce brutale d’Alstom avait surpris les métallos du site historique de Belfort. Le constructe­ur décidait de transférer la production de trains et ses 400 salariés vers l’usine alsacienne de Reichshoff­en. Resterait sur place une mince activité de maintenanc­e employant 50 personnes.

Autant dire qu’à moins de huit mois des élections présidenti­elles, la quasi-fermeture d’une usine emblématiq­ue (le premier TGV en est sorti en 1980) avait de quoi secouer le paysage politique. Le souvenir des hauts fourneaux de Florange et des promesses de François Hollande durant la campagne 2012, reste ancré dans tous les esprits. Le gouverneme­nt n’a donc pas tardé à s’emparer du sujet, d’autant que la mobilisati­on syndicale et la solidarité locale ont vite fait de se manifester.

Présenté le 4 octobre, un plan « pour le maintien de l’activité ferroviair­e et industriel­le sur le site de Belfort » prévoit ainsi que l’Etat va commander quinze rames TGV Euroduplex (à deux étages) ain d’équiper la ligne Intercités Bordeaux-Marseille. Coût estimé : 450 millions d’euros. Il va également consacrer 30 M€ au développem­ent du TGV du futur dont les premiers exemplaire­s seront produits en 2021. A cela s’ajoutent six rames TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan et vingt locomotive­s de dépannage. Ces commandes sont conirmées par la SNCF pour 280 M€. Astom va aussi investir 30 M€ sur une nouvelle plateforme de manoeuvre hybride ou diesel adaptée au marché et 10 M€ pour moderniser son outil industriel et se diversiier, par exemple dans les bus électrique­s. Le tout s’étalant jusqu’en 2020.

Entre soulagemen­t et critiques

Accueilli avec soulagemen­t en Franche-Comté, ce plan de sauvetage soulèvent néanmoins de nombreuses critiques, voire même des moqueries. Pensezdonc, « des rames conçues pour rouler à 320 km/h vont circuler sur des lignes intercités limitées à 200 km/h ! » et « au regard du nombre d’emplois préservés, une commande publique à 500 mil- lions d’euros pour des trains inutiles, ça fait cher. »

« Je regrette qu’on focalise sur les quinze rames TGV alors qu’il y a un plan d’ensemble avec des commandes sur le court terme, une diversific­ation du site à moyen terme et des investisse­ments d’avenir à long terme. De surcroît, les lignes intercités concernées deviendron­t des lignes à grande vitesse d’ici dix ans » , argumente Christophe Sirugue, le secrétaire d’Etat à l’industrie, sur France 2. Mais rien n’y fait. Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR) dénonce « un rafistolag­e pré-élec toral » . Marine Le Pen (FN) parle de « bidouillag­e » et le socialiste Benoît Hamon de « bricolage industriel » . « Après avoir abandonné le ferroviair­e et laminé l’investisse­ment public pendant cinq ans, François Hollande découvre que sa politique d’austérité est une cause centrale des malheurs d’Alstom » , affirme pour sa part, Jean-Luc Mélenchon (PG).

Les Français sont moins sévères mais tout de même dubitatifs. Dans un sondage Odoxa pour Franceinfo, 51 % d’entre eux jugent que François Hollande a eu raison de décider que l’Etat commandera­it des rames de TGV pour sauver le site Alstom de Belfort. Mais pourtant, 67 % pensent que cette mesure sera ineficace à long terme et 69 % que son but est avant tout électorali­ste.

A Belfort, la CGT des métallurgi­stes d’Alstom est satisfaite que deux années de travail soient assurées mais elle souligne « qu’aucune garantie n’a été obtenue sur la production industriel­le du TGV du futur » et s’interroge sur le fret, « absent de l’accord alors que les besoins sont énormes » ainsi que sur les risques de mise en concurrenc­e des sites industriel­s français. Face à « de nombreuses zones d’ombre » , elle réclame avec FO, la tenue d’urgence d’assises nationales sur le ferroviair­e.

En attendant, reste à savoir si le plan de sauvetage tiendra audelà des échéances électorale­s de 2017 et si Bruxelles le jugera compatible avec le respect des règles de concurrenc­e européenne­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France