Une défense argumentée pour la valorisation des vestiges
À quelques jours du choix de la municipalité d’Aurillac quant au devenir architectural et la mise en valeur de longue haleine engagée du site archéologique de Saint-Géraud, les membres de l’association « Mise en valeur des vestiges de l’abbaye Saint-Géraud » ont évoqué leurs craintes sur le futur des éléments découverts depuis l’automne 2013, qui ont fait ressurgir l’histoire de la cité à proximité de l’abbatiale aurillacoise. Si les grandes lignes du scénario évolutif, retenu à la suite d’une réflexion collective, annoncent une mise en valeur du site avec des travaux dès la fin 2017 en parallèle de fouilles complémentaires, les membres de l’association ont rédigé un plaidoyer pour répondre aux objections contre la visibilité des vestiges : un argumentaire fourni de sept pages qu’ils ont envoyé au mois de novembre au ministère de la Culture et de la communication, à la Drac, à la Région, à l’architecte des bâtiments de France et à la mairie d’Aurillac. « Le projet définitif soumis le 12 avril devait servir de cahier des charges pour l’appel d’offres. Il a été présenté le 19 mai en réunion publique mais la question de la visibilité des vestiges a été éludée. Nous avons posé la question sur le devenir des vestiges et l’architecte des bâtiments de France ( ABF) nous a répondu qu’il ne fallait pas compter sur cette possibilité, qu’il n’y aurait pas de visibilité pour plusieurs raisons, avant de nous dire que c’était quelque chose qui ne se faisait plus » affirme JeanPierre Blaché, président de l’association qui précise ne pas avoir eu de réponse à la demande de rendez-vous faite au mois de novembre à l’ABF, mais en avoir obtenu un avec les représentants de la ville d’Aurillac, le 13 décembre dernier : « On observe que le maire est intéressé par ces vestiges, qu’il veut en faire quelque chose. Ce sont les seuls à nous avoir reçus. Et dès le départ, ils évoquent les techniciens, l’ABF et la remontée de la nappe phréatique. Au bout du compte, ils ont dit que les vestiges ne seraient probablement pas maintenus visibles, ils n’y sont pas opposés, mais il y a les arguments techniques des autorités. »
Intérêt patrimonial, esthétique, didactique… Lors de cette rencontre avec la presse, Denis Wénisch s’est exercé à synthétiser l’argumentaire rédigé à l’attention des décideurs : « Notre pratique du terrain nous permet d’affirmer l’intérêt de ces vestiges. Depuis trois ans, on a arpenté la ville, rencontré énormément de monde et il y a un intêret pour ces vestiges et ce n’est pas un engouement d’érudits locaux, mais celui d’Aurillacois moyens qui sont très intéressés. » se défend-il avant d’évoquer des chiffres : 300 adhérents à l’association ou 4 000 signatures sur leur pétition. « Les vestiges représentent un intérêt supérieur à ceux de certains sites en France qui ont été conservés. Nous ne demandons pas à ce que les 3 000 m2 du terrain soient aménagés avec les vestiges, ceux dont nous demandons le maintien à l’air libre, ce sont les trois bâtiments alignés, la salle capitulaire, la salle des colonnes, celle entre les deux, la mémoria et la galerie du cloître. Le reste est de mauvaise qualité et n’est pas d’un intérêt passionnant » avant d’aborder, exemples à l’appui, la possibilité d’ériger une structure qui soutiendrait un toit : « Quand on dit à l’air libre, on parle d’une toiture avec des piliers fins qui reposeraient sur des supports qui reposent eux-mêmes sur les vestiges, des réalisations semblables ont été faites sur d’autres sites. Ceci protégerait les vestiges, quant à la nappe phréatique, on n’est même pas sûr qu’il y ait des remontées, des études sont nécessaires. » Pour conclure, l’argument financier a été défendu : « Oui cela coûterait trop cher pour les moyens de la collectivité, mais on remarque que quand une collectivité veut absolument un aménagement, elle trouve les financements, la première chose à faire serait de chercher. On veut une mise en valeur et on a l’impression d’être seuls à défendre cette idée lors des comités de pilotage, et que tout le monde essaye de se débarrasser de ces vestiges qui les embêtent. » Si le temps passe, l’association estime ses requêtes crédibles et entend défendre son point de vue durant les années à venir : « On pense qu’il va y avoir une mauvaise volonté terrible des services de l’Etat et de l’ABF. Notre chance, c’est que les travaux devraient commencer fin 2017 début 2018 avec des fouilles programmées dès l’été. Il y a peut-être un espoir dans le fait que tout ça va être très long. Il doit y avoir deux PCR (projet collectif de recherche) menés par l’archéologue Nicolas Clément, durant trois ans sur les bâtiments conventuels qui doivent être fouillés et un second PCR qui porterait sur la maison de l’abbé. Nous avons au moins trois ans devant nous, tant que les fouilles se feront il n’y aura pas d’ensevelissements » concluent les représentants de l’association.