La Voix du Cantal

Le carême, temps de grâce

- Père Michel Malvezin

Voici que revient, comme tous les ans, le temps du carême, et que nous sommes à nouveau devant une alternativ­e : soit vivre le carême comme la routine d’un folklore qui se perpétue, soit le vivre comme un temps de grâce.

En effet, pour un croyant, il est possible qu’il se passe quelque chose pendant le temps du carême. Il suffit de s’y mettre. Eh bien, s’il s’agit que l’expérience croyante soit quelque chose de concret, il faut se souvenir d’un point important : c’est en tant que membres du corps du Christ que les chrétiens peuvent faire une expérience croyante. Cette recommanda­tion est donnée par un cantique que vous connaissez sûrement : « Devenez ce que vous recevez, devenez le corps du Christ ». Et pour cela, il faut sans doute se représente­r ce corps du Christ comme le faisaient les chrétiens du premier millénaire, avant que le discours ecclésial du deuxième millénaire prive le discours du ’corps du Christ’ de sa significat­ion concrète par le fait de rajouter le qualificat­if ’mystique’ à l’expression ’corps du Christ’ lorsqu’elle désigne l’Église.

Oui, en appartenan­t à l’Église, un chrétien est membre du corps du Christ. Et s’il a l’esprit de corps, il se préoccupe du bien du corps entier. Le Christ et la relation que nous avons à lui sont quelque chose de concret dans la mesure où nous nous en préoccupon­s, ce qui, dans l’Église, signifie que nous prenions nos responsabi­lités. Sans un tel souci concret pour le corps du Christ, ce dernier reste pour nous une réalité vague et fumeuse …

Ce n’est que lorsque le chrétien supporte le poids et la difficulté de son engagement ecclésial qu’il sait exactement ce que ce corps représente. C’est lorsqu’il essaie de participer à la constructi­on du Royaume annoncé par Jésus que le chrétien sait ce qu’est ce Royaume. C’est lorsqu’il expériment­e la fatigue d’un engagement ecclésial, voire son risque, que le chrétien a une idée de ce qu’est la passion du Christ.

C’est lorsqu’il accepte de vivre la mort et l’échec dans son engagement qu’il peut expériment­er la résurrecti­on que le Père nous donne à vivre. Oui, la relation au Christ s’expériment­e comme le fait d’être membre de son corps. Il est donc question de s’engager et de prendre ses responsabi­lités.

C’est un carême bon de cette façon-là que nous nous souhaitons.

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