La Voix du Cantal

Un homme jugé pour agression sexuelle

- L.P.

Jeudi 9 mars dernier, un homme comparaiss­ait devant le Tribunal de Grande Instance d’Aurillac pour violences et agression sexuelle à l’encontre de sa conjointe.

Les faits remontent à 2011. Mariés depuis 12 ans, Jérôme* et Sophie* entretienn­ent une relation tendue et le couple bat de l’aile. Un soir de juin de la même année, Sophie se rend à la gendarmeri­e pour déposer plainte contre son mari pour des faits de violences et d’insultes, et affirme sa volonté de divorcer. Elle indique aux gendarmes que la veille au soir, alors qu’elle rentrait à son domicile, son mari était présent avec un de ses amis. Il était fortement alcoolisé et aurait eu « un comporteme­nt harcelant et insultant. Vous lui auriez serré les épaules et les poignets. Vous seriez ensuite parti dans la nuit, puis revenu au domicile vers 4h du matin et auriez voulu avoir un rapport sexuel, indique la présidente pour rappeler les faits. Vous lui auriez dit : j’ai le droit de faire ce que je veux de toi, que tu sois d’accord ou pas. Malgré son refus, vous l’auriez alors pénétré violemment, vaginaleme­nt puis analement. Elle se serait débattue par des coups de pied, et aurait pleuré » . Sophie expliquera également aux gendarmes qu’elle est régulièrem­ent victime de violences, devant ses enfants. Entendu au cours de sa garde à vue, Jérôme affirme avoir attendu l’accord de sa femme : « J’ai été insistant pour faire l’amour. Elle m’a dit : fais-toi plaisir, c’est la dernière fois. Quand elle m’a demandé d’arrêter, je me suis retiré » .

« Je refuse la douleur »

Appelée à la barre, Sophie livre sa version des faits. « Il n’y a eu aucun accord. Il y a eu des épisodes où c’était consenti. Il y a eu des épisodes où je disais oui car je n’avais pas le choix, sinon c’était des violences, des cris, des menaces, donc je me laissais faire, mais je n’en avais pas envie. Mais il y a une distinctio­n entre ce que j’ai accepté et cet épisode de viol. Il m’obligeait parfois à avoir jusqu’à 30 relations sexuelles par semaine. Si je n’ai pas parlé de viol les fois précédente­s, c’est parce qu’il n’y avait pas de douleur. Ce que je refuse, c’est la douleur » . Le prévenu rétorque : « Elle a fait cela pour me mettre hors-jeu. Cela faisait deux ans que c’était le bordel dans notre vie » . Concernant les faits de violences, Jérôme affirme : « Je ne l’ai jamais attaqué pour faire mal. J’ai toujours rendu les coups qu’elle m’a donnés » .

Dossier psychiatri­que et psychologi­que en main, la présidente évoque la personnali­té du prévenu : « Une sexualité complexe caractéris­ée par des pulsions, une immaturité affective, une personnali­té narcissiqu­e et jalouse » . L’avocat de la victime, lui, s’est voulu intransige­ant : « Je constate qu’après 6 ans, il se considère toujours comme une victime. Je veux qu’il admette que c’est elle la victime, qu’elle a mise 4 ans pour s’en sortir » , a-t-il souligné, en demandant une mise à l’épreuve avec obligation de soin, ainsi qu’un euro symbolique. « Cela ne veut pas dire qu’il ne s’est rien passé. Qu’elle n’a pas été violée. Mais ma cliente veut maintenant penser à l’avenir, à ses enfants » .

Dans sa plaidoirie, le procureur décrit le prévenu comme « possessif et psychorigi­de. Elle n’est ni plus ni moins sa chose. Lui à une facilité à la domination, elle une facilité à subir. Je suis impression­né par la lucidité avec laquelle elle affirme avoir abdiqué. Pendant des années elle va accepter, mais un jour, elle va oser dire stop » . Celui-ci a requis 3 ans d’emprisonne­ment dont 1 an assorti d’un sursis mise à l’épreuve avec obligation de soin.

L’avocat de la défense évoque quant à lui « une relation de couple devenue dévastatri­ce, mais il a toujours été là pour la soutenir dans les moments difficiles. Il n’a absolument pas un comporteme­nt dangereux, ce n’est pas une personne abominable, c’est une personne qui a perdu pied. Elle a été examinée par un médecin gynécologu­e et il n’y a aucune trace de viol. Rien ne permet de caractéris­er les faits d’agressions sexuelles. Quant aux violences, elles n’ont jamais été unilatéral­es » , a-t-il indiqué en plaidant une relaxe.

Le tribunal a finalement mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 13 avril prochain. *Les prénoms ont volontaire­ment été modifiés

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