La Voix du Cantal

L’implantati­on de six éoliennes suscite le débat

La société Abo Wind projette de construire six éoliennes sur les trois communes de Parlan, Roumégoux et Saint-Saury. Mais l’associatio­n Stop éole Parlan - Roumégoux ne l’entend pas de cette oreille…

- N. C.

Le parc éolien d’Algoux. C’est le nom qui pourrait être donné, à terme, à la création d’un ensemble de six éoliennes dans la Châtaigner­aie. Et si Algoux est le nom d’un lieu-dit de Parlan, le parc s’étendrait également sur les communes de Roumégoux et Saint-Saury. En 2015, la société Abo Wind a en effet identifié cette zone, qu’elle juge « favorable à l’implantati­on d’éoliennes » . À la fin de l’été 2016, elle a donc installé un mât de mesure, de 103 m de haut, afin d’établir plus précisémen­t les caractéris­tiques du site, telles que la vitesse et la direction du vent. Parallèlem­ent, une étude sur les impacts (environnem­ental, acoustique, paysager) a été lancée, en même temps que les différente­s demandes d’autorisati­ons (permis de construire, exploitati­on, défricheme­nt) dans le but de « définir le meilleur projet sur le territoire et le modèle d’éoliennes le plus adapté » .

Une question financière ?

Le projet soulève des questionne­ments. En décembre 2016, un petit groupe de Parlanais décide de créer l’associatio­n Stop éole Parlan - Roumégoux. Elle a notamment pour objectif de « lutter contre les projets d’installati­ons industriel­les dédaigneus­es des intérêts de la nature, des gens, du patrimoine paysager et bâti, notamment contre les usines d’aérogénéra­teurs dits ’’parcs’’ éoliens » . « Au début, l’éolien nous paraissait être une énergie propre. Mais nous nous apercevons qu’elle est surtout liée à des questions financière­s » , explique Jean-Claude Montillet, le président de cette associatio­n. Il poursuit : « Comment un propriétai­re agricole qui a des problèmes financiers pourrait-il refuser l’implantati­on d’une éolienne chez lui ? Cela peut lui rapporter plusieurs milliers d’euros chaque année. Un tel projet est une façon d’acheter la misère sociale dans nos campagnes » .

Les particulie­rs ne sont pas les seuls à pouvoir arrondir leurs fins de mois. Dans les communes, on ne cache pas qu’un parc éolien constituer­ait une rentrée fiscale importante. « La transition énergétiqu­e ne doit pas être que des mots. Nous sommes dans un territoire sinistré économique­ment. On ne peut pas tout refuser et se laisser mourir tranquille- ment » , affirme le maire de Roumégoux, Christian Lacarrière, qui estime à plusieurs dizaines de milliers d’euros le revenu que cela pourrait engendrer pour le bloc communal (communes et communauté de communes), notamment grâce à l’impôt Ifer ( Imposition forfaitair­e sur les entreprise­s de réseaux) et la taxe foncière. « Si le projet arrive à son terme, il constituer­a un quart des recettes fiscales de la commune » , note quant à lui Michel Teyssedou, le maire de Parlan et président de la communauté de communes de la Châtaigner­aie. Des installati­ons comme le champ de panneaux photovolta­ïques à Marcolès ou le parc éolien déjà existant à Saint-Saury constituen­t une part importante des revenus de cette intercommu­nalité.

Un vote envisagé à Saint-Saury

À Saint-Saury, les hésitation­s concernant l’éventuel futur parc touchent même le maire, Roger Condamine, qui craint d’être « entouré d’éoliennes » et gêné visuelleme­nt. Le parc mis en service sur la commune en 2016 s’étend à la commune de Sousceyrac, dans le Lot : quatre éoliennes sont installées côté cantalien, trois côté lotois. La population du bourg, qui s’est jusqu’ici montrée relativeme­nt réticente, devrait être invitée à donner son avis grâce à un vote envisagé au mois de mai. Une quarantain­e de personnes sont concernées.

Des impacts sur la santé ?

Mais au-delà des questions financière­s et visuelles, ce que craint surtout l’associatio­n Stop éole Parlan - Roumégoux, ce sont des problèmes liés à la santé. L’entreprise Abo Wind assure que « des distances supérieure­s au kilomètre ont pu être mises en place par rapport aux principaux lieux d’habitation­s (Parlan à plus de 2,2 km, Saint-Saury à plus de 1,3 km, Roumégoux à 3 km). Quelques habitation­s isolées sont cependant situées plus proches (660 m pour la plus proche). La réglementa­tion imposant une distance de recul de 500 m est donc totalement respectée » . Mais l’associatio­n aimerait qu’elle soit « reculée à 1 500 m, conforméme­nt aux recommanda­tions de l’Organisati­on mondiale de la santé » , indique Jean-Claude Montillet. « Même à plus de 800 m, on entend le bruit lancinant des pâles. À l’heure actuelle, nous n’avons pas assez de recul pour savoir si les infrasons sont néfastes ou pas pour la santé. Impercepti­bles par l’oreille humaine, ils pourraient mettre en vibration les organes internes, jusqu’à plusieurs kilomètres de distance » , confie le président de Stop éole Roumégoux - Parlan. L’associatio­n prévoit de demander leur avis aux habitants des communes, avant de mettre en ligne une pétition.

Les études d’Abo Wind devraient livrer leurs conclusion­s à l’été 2017. « Le respect des différents points de vue me paraît être une règle du bien vivre ensemble. La concrétisa­tion d’un tel projet peut prendre plusieurs années. Pour l’instant, il s’agit d’un accord de principe et non pas d’un accord définitif » , rappelle Michel Teyssedou.

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© Associatio­n Stop éole Parlan - Roumégoux À terme, le parc éolien d’Algoux pourrait ressembler à cela.

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