Inquiétudes autour de l’hôpital
Services fragilisés, manque de médecins, l’hôpital de Mauriac est en proie à une dégradation de sa situation qui pourrait menacer le maillage territorial.
Présent dans l’établissement depuis 2002, Bernard Joyeux, chef du service des urgences et président de la Commission médicale d’établissement (CME), tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. Une prise de position devenue vitale, pour clamer l’incompréhension des décisions qui frappent jour après jour l’hôpital de Mauriac, après la fermeture successive du service maternité ( 2006) puis chirurgie ( 2008). « On constate une dégradation lente. Des départs à la retraite non remplacés, près de 10 médecins. De nouveaux praticiens sont arrivés de Roumanie. Pour certains tout s’est bien passé, pour d’autres, l’intégration a été très difficile » , souligne le docteur. Mais ce n’est pas tout : au total, l’équipe de soins cumule 10 000 heures supplémentaires non rémunérées, hors médecin : « C’est un chiffre hallucinant qui traduit bien le manque d’effectif de notre établissement » selon Bernard Joyeux. Des données qui vont d’ailleurs à l’encontre des recommandations de l’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux).
Une fragilité contagieuse
En sus des difficultés opérationnelles, l’hôpital se situe aujourd’hui « sur un territoire vieillissant qui va avoir besoin d’un suivi de santé important » . Les décisions prises qui brident l’activité sont vues dès lors comme un non-sens : « La politique de santé actuelle conduit à des baisses de crédit et à des conditions de travail de plus en plus dures. L’hôpital de Mauriac est pourtant un soutien, une nécessité. Des personnes viennent aux urgences car elles n’ont plus de médecins traitants » , souligne le président. Un service d’ailleurs menacé, avec des permanences de nuit en moins, voire supprimées (hors SMUR).
Pourtant, l’hôpital affiche une santé encourageante : « Nous connaissons une activité en progression constante qui est entièrement portée par une équipe courageuse » . Malgré tout, l’équipe en question « souffre » de « perpétuellement travailler plus pour que notre établissement gagne moins » selon Bernard Joyeux.
En cause, des subventions en baisse et des dotations moindres. Un jeu de passe-passe jugé mesquin par le praticien : « Nous faisons notre possible pour maintenir un service de qualité, mais nous avons des moyens de plus en plus faibles. De nouvelles baisses budgétaires vont être appliquées jusqu’en 2019. Nous faisons face à une pression sur les établissements de santé, sans recours au dialogue » , soupire le docteur.
Un dialogue vital et nécessaire
Le 28 mars, une lettre ouverte a été émise par Bernard Joyeux à l’intention de l’ensemble des personnalités politique et de santé du Cantal. Suite à cette missive, aucune nouvelle, ou quelques coups de fils : « Je ne m’attendais pas à une réponse immédiate. Mais négliger des établissements de santé, qui sont de véritables points d’accroche sur le territoire, me laisse sans voix. Un dialogue est nécessaire, notamment avec l’ARS. Pour le moment rien de concret et si cela persiste, de nouvelles mesures seront prises » assure le médecin. « Nous voulons simplement assurer le bon fonctionnement de l’hôpital, dans des conditions de travail supportables » .
Contactée par la rédaction, l’ARS n’a pour le moment pas communiqué son point de vue sur la situation.